Visite Manoirs du Nozéen Janvier 2024

Quelques éléments sur les Manoirs visités les 6 et 13 Janvier 2024 dans le cadre de la venue de Jean-Claude Meuret, archéologue et historien, pour une conférence sur l’origine du Manoir en Bretagne, Maine et Anjou.

Un Livret « Traces du bâti ancien au Pays du schiste » présente des exemples de manoirs du nord de la Loire-Atlantique en une quarantaine de pages richement illustrées. Voir https://revue.pepites44.com/2024/01/01/au-pays-du-schiste-traces-du-bati-ancien/

Manoir de la Bellière (Puceul) (Contact Steven Riche)

le manoir de La Bellière (XVIème siècle) a été remanié au XVIIe siècle avec l’ajout de lucarnes et de nouvelles ouvertures en tuffeau.

Au XVe s. le sieur BLANCHET, est seigneur de la Bellière et du Pasrobert, paroisse de Puceul, et de divers lieux des paroisses de St Herblain, Nozay, Haute Goulaine, Orvault, Derval.

Il faudrait s’attacher à reconstruire le réseau de parenté de la famille Blanchet. Pour le moment, il est difficile de voir tous leurs liens éventuels, mais leurs alliances dans le monde des finances bretonnes semblent militer pour l’appartenance à une même famille : Olivier, monnoyeur à Nozay en 1428, père de Jean, châtelain et receveur de Nozay et commissaire pour la réformation des fouages en 1429 : Pierre, procureur de Nantes en 1469; Jean, procureur-général du duc en 1482.

Monnayeur

Blanchet

D’autres familles sont plus difficiles à cerner, comme les Blanchet. Le premier doit être Olivier, monnayeur résidant à Nozay en 1428. Il pourrait être le père de Raoullet, monnayeur à Nantes, accusé « d’empirance » en 1466. Il est renvoyé définitivement mais son fils Henry ne l’est que pour sept ans, et reprend du métier puisqu’on le retrouve monnayeur en 1472.

L’acquisition de la noblesse permet au monnayeur de progresser dans l’échelle sociale. Les exemptions fiscales les font figurer à côté des nobles dans les réformations de feux, en particulier dans l’évêché de Rennes en 1426-1427 ainsi qu’en 1513. Par ailleurs, la fortune et la faveur du prince les placent en bonne position pour acquérir le précieux sésame, la lettre d’anoblissement, pour des terres ou pour eux-mêmes, comme c’est le cas en 1421 pour Jehan Le Duc, monnayeur de Vannes.

La Monnaie des Ducs de Bretagne

L’atelier monétaire médiéval bénéficie d’un encadrement très structuré, et d’une abondante main-d’œuvre, au moins à Nantes et Rennes. Officiers et monnayeurs exercent sous la direction du maître particulier.

[…] L’organisation en est très simple : le maître gère l’atelier et assure le contact entre les clients et son administration de tutelle, le garde, assisté du contregarde, surveille le travail et les hommes, le tailleur de fers grave les coins monétaires, l’essayeur vérifie l’aloi du métal, ouvriers et monnayeurs assurent la préparation des flans et la frappe.

[…] Le monnayeur dispose un flan lisse entre deux coins, donne un grand coup de marteau et la pièce commence sa carrière. Le graveur de coins occupe une place de choix dans cette genèse. C’est lui qui sculpte en creux les fers et c’est avant tout le résultat de son art que l’on admire.

L’atelier reçoit le métal sous les formes les plus variées : vaisselle, lingot, monnaies, etc. Les opérations de transformation en numéraire commencent par la fonte. L’alliage est ensuite essayé, ce qui permet de connaître son titre, et éventuellement de le corriger en y ajoutant du métal précieux ou au contraire du cuivre, lors de l’affinage.

Opérations de fabrication de la monnaie :

  • L’ouvrier amène le lingot de métal à l’épaisseur voulue pour les flans ;
  • Il coupe ensuite le lingot en carrés 3 à 4 grains plus fort que le poids du flan, puis il bat et recuit les carreaux ;
  • Il ajuste le poids des carreaux en coupant les pointes ;
  • Il arrondit et rabat les pointes ;
  • Il ajuste les flans à la forme de la monnaie avant de les rebattre, de les recuire et enfin de les blanchir ;
  • Le monnayeur peut alors de deux ou trois coups de marteaux frapper les monnaies.

Pour la frappe, le monnayeur se sert de deux coins d’acier trempé pour imprimer la marque qui fait du flan une monnaie. Le trousseau mesure entre 15 et 25 centimètres. Les coups du marteau l’écrasent en partie. Le type de l’avers y est gravé en creux. La pile, de la même taille que le trousseau n’a pas la même forme. Elle présente un talon qui est engagé dans un billot de bois, le cépeau, ou un tonneau, pour lui donner plus d’assise. Le monnayeur pose le flan sur la pile, puis le recouvre du trousseau. Quelques coups de marteau et le flan devient monnaie. Les monnaies sont ensuite pesées, ainsi que les déchets de métal pour s’assurer que le poids final correspond au poids initial. L’État fait mettre en boîte une partie de la production monétaire.

La tourelle carrée, vestige du manoir primitif.

Manoirs du Coudray et des Grées (Nozay)

Manoir du Coudray Coisbrac (Nozay) (Contact Annie Février)

Le manoir du Coudray est un ancien manoir du XVe, la plus ancienne mention du manoir se situant en 1426, lors des actes de réformation de la noblesse, propriété de Dom Jean Gicquel prêtre, mais inhabité.

Il appartient ensuite à BOUTIN, seigneur de la Cour, seigneur de Chambalan, paroisse de Doulon, …, seigneur de Lériais, seigneur du Coudray, paroisse de Nozay.

Vient ensuite DU FRESCHE, seigneur dudit lieu et de Launay-Pinel, paroisse de Renac, …, seigneur du Perret, de Toulan, et du Coudray, paroisse de Nozay, seigneur du Foix-des-bois, paroisse de Derval, …

Le manoir est presque entièrement démoli et reconstruit vers 1830. Seuls quelques éléments subsistent, comme la tourelle cylindrique du XVIe, terminée par un colombier, portant une lucarne en chien assis sur le toit, et contenant un escalier hélicoïdal en schiste aux contre-marches ajourées pour y glisser plus facilement le pied.

Dans l’ancienne cuisine, accolé au pignon nord, existe dans l’angle nord-est une tourelle découronnée contenant un escalier hélicoïdal en schiste.

Manoir des Grées (Nozay) (Monsieur et Madame Bourdel)

Le Manoir des Grées est de plan rectangulaire, probablement restauré au XVIe. Il présente des additions du XVIIIe au nord, avec sur cette façade une remarquable tourelle en avant corps du logis. Les baies du manoir, disposées symétriquement, sont chanfreinées sur les chambranles, et les linteaux accoladés. Sur certaines ouvertures, on observe les traces d’anciennes traverses.

Joseph Chapron en 1901, dans son inventaire archéologique, indique « Curieuse tourelle quadrangulaire, sur la façade nord dont deux côtés sont parallèles, perpendiculaires au mur de la façade, les deux autres forment un éperon se rejoignant à angle droit. »

Cette tourelle a un escalier hélicoïdal fort large, avec des meurtrières disposant de sièges.

Manoir de la Bottinière (Saffré) (Sabine Morlon Daniel Samson)

Autour des seigneurs de Saffré, les d’Avaugour, gravitent de nombreuses familles mi-bourgeoises, mi-nobles, attachées au service de la seigneurie ou à la province de Bretagne.

Ils sont conseillers, procureurs fiscaux ou sénéchaux. Par faveur de leur suzerain, ils obtiennent le droit d’élever des gentilhommières, bien souvent à tourelle.

En dehors de Mont-Noël dans le bourg, Grémil, Le Houssaye et la Bottinière sont alors construites.

À la Bottinière, le côté sud, avec ses tourelles, ses décrochements, ses ouvertures disparates, sans aucun soucis d’équlibre et de symétrie, conserve un aspect féodal,

contrairement à la façade Ouest, très symétrique.

Au XIXe siècle, son propriétaire, M. Gauthier, alors Maire de Saffré, refusa le passage de la ligne de chemin de fer, de Nantes à Châ-teaubriant, sur ses terres, et la Halte de Saffré fut placée sur la commune de Joué-sur-Erdre.

A gauche, la partie la plus ancienne du manoir est un pavillon de forme carrée possédant encore une cheminée ancienne avec manteau de schiste.

Manoir de Limarault Abbaretz (Tugdual Martin)

Jean de Saint-Gilles, seigneur de Beaulieu, en Guérande, possède, en 1427, « le lieu et domaine de Limarault ». Aliette de Saint-Gilles épousant Guillaume de la Muce (seigneur du dit lieu en Ligné), lui apporte, vers 1435, la terre de Limarault dont hérite leur fils Jean de la Muce, sire de la Muce, en 1446.

Durant les XVIème et XVIIème siècles, la seigneurie et la terre de Limarault demeurent entre les mains des sires de la Muce, seigneurs du Ponthus. Cette terre passe ensuite dans la famille Gouyon ou Goyon par le mariage en 1678 de Henriette de la Muce avec Claude Charles Gouyon, baron de Marcé. Il est probable que les héritiers de Coutances vendirent Limarault, car en 1784 et 1788 Pierre Richard de la Pervanchère prend le titre de seigneur de Limarault.

Une de ses filles se maria avec Louis Amaury de Coutances. La terre de Limarault revint ainsi aux mains de la famille de Coutances qui la conserve au moins jusqu’à la rédaction de la monographie de Corson, date à laquel-le elle appartenait à Mme Marguerite de Coutances.

Devenu depuis longtemps la demeure des fermiers, au début du XXe s, l’ancien manoir de Limarault conserve peu de traces de son passé féodal, sauf ce conduit externe de cheminée modifié pour l’ajout d’une ancienne baie de schiste..

Manoir du Maire (Nozay) (Contact Fabrice Paillard)

Le Manoir du Maire est avéré en 1529, il est habité alors par noble Marie du Fresche dame du Merre, veuve de Jean Bredin depuis 1527, châtelain de Nozay, gérant la châtellenie de Nozay pour les seigneurs de Rieux.

Des meurtrières et divers éléments de système défensif caractérisent ce manoir. Ces éléments témoignent d’une époque de troubles (la fin du XVIe siècle est compliquée dans cette région) ou de la fonction dévolue à ce manoir détenu par le châtelain de Nozay.

A l’image de certaines demeures fortifiées, Le Manoir du Maire possède un assommoir au dessus de la porte d’entrée

Le Plan est rectangulaire, avec un rez-de-chaussée divisé en deux par un corridor aboutissant à l’escalier droit en schiste, contenu dans un pavillon trapu, sur plan carré et éclairé de baies en schiste et meurtrières.

L’intérêt du manoir du Maire à Nozay réside dans sa richesse architecturale : porte en schiste à linteaux accoladés, porte extérieure ouvrant sur un corridor portant à son linteau un écu effacé par le temps (sur lequel reste visible un animal),

une lucarne en schiste à fronton, des baies en schiste avec chambranles, chanfreins et meneaux croisés frustes en pierre de Nozay.

Au pignon Ouest, latrines sur triple encorbellement avec bouches à feu complétant le dispositif défensif.

Châteaux de la Herbretais et de la Riallais (Marsac/Don)

Château de la Herbretais (Marsac/Don) (Contact Hervé de Trogoff)

La Herbretais est dérivée de Haye de Bretais, famille mentionnée en 1581 et Haye signifie propriété clôturée.

Madame de Fréminville, née Guérif de Launay, propriétaire de la Herbretais en 1988, était la descendante d’une même famille qui possède ce domaine depuis plusieurs siècles.

Un ancêtre habitait déjà le Château « de la Haye de Bretais » en 1581, Guillaume de Chesaubenat, seigneur de Chesaubenat, de la Herbretais était secrétaire du Duc de Mercoeur.

Il avait épousé, le 24 septembre 1581, Judith Fresche. Celle-ci était décédée en 1588.

Un accord de succession avait été établi entre Guillaume de Chesaubenat, écuyer, et la tante de la défunte : Perrine Fresche, dame de La Johellay (La Jollais actuellement) et de la Provôté.

1660-1670 M. Mouraud, seigneur du Dévon était propriétaire

1727 Gilles Guillaume Mouraud du Dévon.

Avant la Révolution : Victor Mouraud de Callac. Mademoiselle de Callac, héritière de la Herbretais, se marie avec M. Fruneau qui, pendant la Révolution, au péril de sa vie, l’avait fait sortir de la pri-son du Bouffay à Nantes. De leur union naquit une fille qui se maria à Monsieur Guérrif de Launay.

Le Château de la Herbretais est la plus importante et la plus belle des maisons anciennes de Marsac.

Il est de la fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle, dans ses parties les plus anciennes, remanié aux XVIIe et à la fin XIXe siècle avec des lucarnes d’un style plus proche de l’Est de la France, région d’origine de la propriétaire des lieux.

Sa cour d’honneur est close sur trois côtés au nord. Sa façade a conservé sa physionomie primitive et est particulièrement remarquable. Le Parc au devant des deux tourelles s’étend majestueux jusqu’au Don. L’une des tourelles, surélevée, date du manoir originel, l’autre a été ajouté plus tardivement.

Une vieille charmille y conduisait ainsi qu’une avenue de Châtaigniers et de Chênes dont l’un a une très belle circonférence.

Armoiries : D’Argent à trois feuilles de houx de sinople. Elles figurent sur plusieurs écussons, notamment sur certains vitraux de l’église de Marsac.

Manoir de la Riallais (Marsac/Don) (contact Claire Bardoul)

La Riallais présente un château construit au début du XXe siècle, vers 1910, de style baroque. Il a été édifié à proximité d’un ancien manoir daté de 1425.

On ne se rend plus compte de l’importance de l’ancien manoir, une partie notable ayant été démolie au moment de la construction du château actuel.

Une croix énigmatique surmonte la porte d’entrée du manoir au linteau accoladé.

Emerand Bardoul époux de Paule Leroux a construit en 1910, sur des terres appartenant à la famille de sa mère la famille Henry.

Le Château de la Riallais a été bâti à partir de 1910 par Emerand Pierre Marie Bardoul (1863-1934) fils de Julien Bardoul (1817-1888) et d’Amélie Henry (1828-1910), époux de Paule Marie Louise Leroux (1868-1954). Emerand Bardoul, licencié en droit, était avocat au barreau de Saint-Nazaire, maire de Marsac (1900), conseiller général (1918), Chevalier de la légion d’honneur (1930).

Blason inspiré des Chomart : seigneurs de la Riallais au XVe siècle : D’or à la bande de gueules chargé de deux gantelets d’argent, chacun surmonté d’une molette du même.

Il a entrepris cette construction sur la propriété de sa famille maternelle, la famille Henry . L’ancienne demeure (1425) fut alors amputée de sa partie ouest, comme on peut le constater en observant le cadastre ancien.

L’architecte qui a réalisé les plans du château et suivi la construction jusqu’à son achèvement en 1914, est Joseph Henri Nau (1871-1966), le petit-fils de Théodore Jacques Nau (1805-1865), architecte diocésain, qui a construit à Nantes, le grand séminaire, aujourd’hui, le lycée Eugène Livet.

Après ses études à Paris, Joseph Henri Nau a exercé sa profession à Nantes ( architecte des hôpitaux civils). Il a collaboré avec le très célèbre architecte d’origine nantaise, Georges Lafont (1847-1924), notamment à des chantiers de villas à La Baule ( Nam ky, Fauvette)

Des entreprises nantaises ont assuré la construction simultanée de l’habitation et des dépendances (garage, sellerie, chenil, poulailler).

L’habitation comporte quatre niveaux : des caves semi-enterrées, un rez-de-chaussée, un premier étage et un second étage partiellement sous les combles ( côté sud).