PEPITES44 2021 Région de Nozay
Vitraux de la région de Nozay
Contexte de reconstruction des églises (XIXe)
Après le Concordat signé le 15 juillet 1801, l’Eglise catholique est affectataire de la plupart des édifices religieux et des objets cultuels du Diocèse de Nantes.
Le Concordat fournit le cadre juridique indispensable pour sortir le patrimoine bâti de la ruine après la Révolution, en plaçant le culte sous la dépendance du pouvoir civil.
La pression du sentiment religieux dans la France du XIXe siècle donne à l’Eglise les moyens de sa Renaissance en faisant du culte catholique, quasi exclusif dans le Diocèse de Nantes, un service public.
La force du sentiment religieux dans la population, conjuguée à l’état déplorable du parc produit un mouvement inexorable de transformation lourde et de reconstruction des monuments religieux pendant tout le siècle.
Ce mouvement mobilise des ressources publiques énormes prouvant la puissance de l’Eglise dans la politique des régimes successifs.
Cette conjoncture défavorable à la conservation des monuments aboutit à une « véritable table rase ».
Le clergé, peu sensible à la conservation archéologique et désireux de renouveler les édifices, décors et mobiliers dans l’espoir de régénérer la foi par un art neuf est suivi par les fidèles.
Le monument doit s’adapter aux besoins contemporains du culte, le reconstruire est un acte de foi dans l’avenir.
L’invention du modèle gothique idéal, aux voûtes hautes et lumineuses a condamné les sanctuaires anciens bas et sombres à être détruits.
Les églises de la région de Nozay (XIXe s.)
Dans la région de Nozay, au XIXe siècle toutes les églises sont reconstruites. Les premières de la région s’élèvent dès les années 1850 : La Chevallerais (1853), Saffré (1857-1874), La Grigonnais (1859-1876).
D’autres suivent dans les années 1860 : Abbaretz (1860-1866), Nozay (1865-1873), Jans (1868) puis dans les années 1870 : Marsac/Don (1874-1931), Treffieux (1876).
Les dernières verront le jour à la fin des années 1880 : Puceul (1885-1887) et Vay (1888-1890). Elles seront équipés de vitraux tout au long de la fin du XIXe siècle et même au XXe siècle, après la seconde Guerre mondiale.
Le Vitrail en France au XIXe siècle
Après le développement de l’art du vitrail tout au long du Moyen-âge, au XVIIe siècle, un goût nouveau pour la clarté et une campagne d’illumination des édifices conduit le clergé à commander des vitreries le plus souvent blanches.
Peu à peu le vitrail entre en sommeil, les verriers ne fabriquent plus de verres de couleur, la production devient inexistante et les procédés de fabrication sont oubliés.
Dans les premières années du XIXe siècle, au moment du renouveau de la foi catholique et de la redécouverte du Moyen-âge par les Romantiques, le goût du vitrail renaît.
Des procédés de fabrication traditionnels sont redécouverts, de nouvelles qualités de verres sont mises au point industriellement.
A la suite de précurseurs, l’industrie du verre prend son essor en France et de nombreux ateliers d’artistes verriers voient le jour à Paris et dans les grandes villes de Province.
Vitraux des églises de l’Ouest Nozéen
Ces deux vitraux appartiennent respectivement aux églises Saint-Victor de La Grigonnais et Saint-Martin de Puceul.
Le Premier à gauche est une représentation de l’archange Saint-Michel terrassant le démon. Il figure dans le chœur de l’église Saint-Victor au côté d’autres représentations de saints.
Le second, à droite, figure le saccage de l’église de La Chevallerais, située à la Révolution dans la commune de Puceul, par des Républicains en représailles de l’accueil de réfractaires au service officiel du clergé.
Au second plan, un des Républicains confie la statue de Notre Dame à une jeune fille pour la soustraire aux flammes.
Cette statue est toujours dans l’église de La Chevallerais.
La Chevallerais
Cette planche (Vitraux de l’église de La Chevallerais) représente cinq des seize vitraux de l’église de La Chevallerais.
Deux représentent les portraits en pied de personnages religieux sans autre attribut. On y distingue, notamment, Joseph avec l’enfant Jésus et Sainte Anne avec la vierge adolescente.
Un vitrail est constitué de grisailles avec des entrelacs et des figures géométriques. Cinq autres grisailles du même genre figurent dans l’église et notamment une paire de vitraux dans chacune des deux chapelles latérales.
Dans la nef, cinq épisodes de la vie religieuse ou d’événements locaux sont représentés comme les deux vitraux figurant ici : La vierge ND de bonnes nouvelles confiée à une enfant par un patriote lors de la Révolution et l’atelier de Nazareth.
Une partie des vitraux a été réalisée en 1928 et 1938.
La Grigonnais 1
Cette planche (Vitraux de l’église de La Grigonnais 1) représente cinq portraits de saints présents dans le chœur de l’église.
Les saints sont représentés en pied avec parfois leurs attributs, avec dans le cadre du bas un épisode marquant dans l’histoire évoqué en leur honneur.
Dans les attributs des saints on peut citer la lance pour l’archange Saint Michel, l’aigle pour Saint Jean l’évangéliste et les clés pour Saint Pierre.
Figurent également un roi : Saint Louis, roi de France entre 1226 et 1270, canonisé en 1297 et un ermite local : Saint Victor de Campbon, choisi comme Saint protecteur de la nouvelle paroisse de La Grigonnais dont l’église est construite entre1859 et 1862.
La Grigonnais 2
Dans cette planche (Vitraux de l’église de La Grigonnais 2) figurent neuf des 42 scènes de l’ancien testament déclinées dans six verrières de la nef de l’église Saint Victor.
On peut y voir notamment : Abraham renonçant au sacrifice de son fils; Moïse recevant les Tables la Loi portant les Dix Commandements; l’Arche d’Alliance, coffret contenant les Tables de la Loi porté pour franchir le Jourdain; Jonas rejeté par une baleine sur le rivage; Isaïe prédisant la venue du prophète sept siècles auparavant…
Dans les chapelles latérales sont également présentes deux doubles verrières sur la vie de la Vierge et de Jésus et des épisodes historiques sur le thème du Sacré-Cœur comme le vœu de Louis XVI de consacrer son royaume au Sacré-Cœur…
Marsac/Don 1
Dans cette planche (Vitraux de l’église de Marsac/Don 1) figurent quatorze des seize saints et personnages de l’histoire religieuse présentés en pied avec ou non les armoiries.
Sont représentés : Joseph et l’enfant jésus, Sainte Anne et la vierge adolescente, Saint Martin, St jean l’évangéliste avec l’aigle, Sainte Marie et l’enfant Jésus, Saint Isidore, Le Sacré-Cœur de Jésus, St Michel terrassant le démon, Sainte Monique et Saint Augustin, Saint Sébastien transpercé par les flèches, l’évêque St Martin de Tours, Jeanne d’Arc.
Quatre des quatorze vitraux sont signés Henri Uzureau et datés de 1899 sous le pontificat de Léon XIII
Marsac/Don 2
Dans cette planche (Vitraux de l’église de Vay 2) sont représentés quatre des sept vitraux illustrant à chaque fois trois scènes de la vie de saints ou de personnages illustres de l’histoire religieuse.
Ainsi figurent les représentations de Saint Louis, roi de France, Saint-Martin évêque de Tours, Saint Donatien et Saint Rogatien, et de Joseph de Nazareth uni à Marie.
Saint-Louis est représenté, enfant avec sa mère Blanche de Castille, rendant la justice et sacré Roi de France.
St Martin de Tours s’adresse au peuple païen et œuvre à l’édification de l’église.
St Donatien et Saint Rogatien sont appelés à renoncer aux idoles, emprisonnés et suppliciés.
Joseph est représenté dans son union avec Marie, participant à l’éducation de Jésus et sur son lit de mort.
Puceul 1
Dans cette planche (Vitraux de l’église de Puceul 1) figurent les scènes présentes dans la verrière rosace nord de l’église St Martin de Puceul.
Neuf scènes historiques ou de la vie locale sont accompagnées de trois épisodes de l’histoire.
On peut ainsi distinguer notamment :
Le sacre de Charlemagne par le pape, le sacre d’un roi à Reims, Pierre l’Ermite prêchant la croisade tandis qu’Urbain II bénit X, Conversion d’Henri IV (Paris vaut bien une messe), Vœu de Louis XIII, Mort de Saint Louis, Lamoricière dans une bataille avec les zouaves pontificaux, le baptême de Clovis.
Puceul 2
Dans cette planche (Vitraux de l’église de Puceul 2) figurent les scènes présentes dans la verrière rosace sud de l’église St Martin de Puceul.
Neuf scènes historiques régionales sont accompagnées de trois épisodes de l’histoire de France.
On y distingue des épisodes plus locaux comme une messe interdite pendant la Révolution la découverte d’une statue de la Vierge sans doute les funérailles de La Moricière.
Puceul 3
Cette planche (Vitraux de l’église de Puceul 3) présente un des six vitraux retraçant les épisodes marquants de la vie de St Martin, patron de la paroisse et neuf scènes tirées de trois vitraux présentant des événements de la vie locale.
Ainsi sont illustrés :
Une procession à la Chevallerais, Incendie de l’église à la Révolution par des patriotes, Reconstruction de l’église.
La Chevallerais : Accident de chasse d’un chevalier, Vœu pour la guérison du chevalier, Construction de la Chapelle dédiée.
Apparition de Sainte Marie à un bucheron, découverte d’une statue de Notre Dame, Construction d’un oratoire par ce bucheron en l’honneur de Notre Dame.
Ces vitraux sont signés Paris-Réby 1897
Vay 1
Cette planche (Vitraux de l’église de Vay 1) présente les deux séries de six vitraux placées sous les verrières rosaces Est et Ouest de l’église St Pierre de Vay.
Recommandations pour la pratique du culte adressées aux paroissiens et aux membre du clergé, les six premières sont un guide du bon paroissien avec ses vertus : Patience, Travail, Prière, Pénitence, Education chrétienne …
Les six autres sont constituées d’actes de la vie religieuse : Prière pour les défunts, Chapelet, Aumône, Messe de communion … Ces vitraux sortent du schéma classique de présentation des saints et de leur vie pour s’attacher à illustrer les tâches du clergé, l’administration des sacrements et la prédication, sans oublier les œuvres de charité.
Vay 2
Cette planche (Vitraux de l’église de Vay 2) représente la verrière rosace de la façade sud de l’église St Pierre avec le jugement dernier. Au centre de la rosace du jugement dernier, le christ juge est entouré de personnages de l’ancien et du nouveau testament.
Au total l’église de Vay comporte 32 verrières dont trois grande rosaces sur les façade Sud, Est et Ouest…
Dix verrières situées principalement dans le chœur évoquent des saints ou des personnages religieux représentés en pied avec une scène de leur action ou abordant leur culte, trois verrières sont consacrée à l’ancien testament, douze sont dédiés à la vie de Jésus ou à la Vierge, quatre au baptême ou à la bonne mort et trois verrières rosaces présentent notamment le jugement dernier et le livre de la vie.
Vay 3
Cette planche (Vitraux de l’église de Vay 3) représente une partie des vitraux (dix au total) consacrés aux saints ou personnages religieux représentés en pied avec, en bas du vitrail, une scène de leur vie les présentant dans leur action ou bien évoquant leur culte …
Elle montre également une des deux paires de verrières représentant une scène marquante de l’histoire, ici la bataille de Lépante surmontée de la présentation de Jésus.
Une grisaille composée d’entrelacs dans les tons bleus encadre une présentation du Sacré-Cœur. Avec une autre, elle est signée Meuret-Vrait indiquant l’implication de la fille d’Antoine Meuret dans la fabrication de ces vitraux.
Vitraux de la région de Nozay
Les ateliers de Peintres Verriers Nantais
A Nantes dans les années 1845-50, François Eugène Denis (1828-1878) et René Echappé (1821-1874) s’intéressent à cet art renaissant. Les ateliers de ces deux artistes sont très vite florissants et œuvreront pendant près de trente ans.
Après la mort d’Eugène Denis, sa veuve continue l’activité avec ses contremaîtres Gérard et Uzureau.
René Echappé se fait aider par Armand Réby (arrivé à Nantes vers 1850) et lorsqu’il réduit son activité dans le début des années 1860, celui-ci créée son propre atelier.
À son décès en 1874, l’atelier est repris par Emile Paris. Sous le nom Paris-Reby cet atelier sera actif jusqu’à la fin du siècle et Emile Paris créera encore des vitraux début XXe s.
Henri Ely, d’origine allemande crée son propre atelier vers 1865 après être venu travailler chez Eugène Denis.
En 1883, il retourne travailler en Allemagne laissant ses fils contacter la clientèle.
Dans ce contexte Antoine Meuret crée son propre atelier vers 1874, car l’entretien et le décor des baies dans les églises existantes et la mise en place des verrières dans les constructions nouvelles offrent des possibilités d’activité à de nombreux artistes.
Il Travaillait auparavant avec Armand Réby; mais, au décès de celui-ci en 1874, son gendre, Emile Paris, jeune peintre talentueux prenant la direction de l’atelier (Paris-Reby), il décide de créer son propre atelier avec Félix Lemoine.
En 1876, Charles Jean Vrait épouse Marie Isabelle Meuret, ils sont tous les deux impliqués dans l’activité de l’atelier.
L’inspiration des vitraux : Antoine Meuret
L’exemple d’Antoine Meuret permet de donner les caractéristiques spécifiques de ses verrières avec la forme des ferrures et celles des médaillons soigneusement adaptées aux dimensions de la baie et au dessin du carton.
Ces choix s’harmonisent avec l’architecture de l’église et la forme de la baie : en plein cintre, polylobée ou en anse de panier. Les remplissages des rinceaux expérimentent les symétries axiales, ou plus subtilement certaines dissymétries dans les entrelacs aux couleurs toujours intenses, son rouge brique caractéristique, le bleu, le vert.
Nouveauté dans la composition du vitrail, dans les dernières réalisations de l’atelier, l’artiste introduit plusieurs thèmes iconographiques sur une même baie.
Les verrières représentent alors moins souvent la vie des saints mais deviennent, à plusieurs reprises des recommandations pour la pratique du culte par les clercs et les fidèles.
À Vay, par exemple, les vitraux illustrent les tâches du clergé, c’est-à-dire l’administration des sacrements et la prédication, sans oublier les œuvres de charité. Ils décrivent également nommément les œuvres de bonne vie pour les fidèles : prière, travail, messe, récitation du chapelet, aumône, prière pour les morts.
Face à l’évolution des matériaux et des couleurs de verre, si le rouge brique, les bleus, les verts intenses, sont toujours disponibles, apparaissent des nuances plus acides.
Enfin, de plus en plus, pour réduire les coûts, le travail de découpe et de sertissage est réduit. La réalisation fait moins appel à l’ouvrier et plus à la peinture de l’artiste.
Vitraux de la région de Nozay
Bibliographie
Contexte de reconstruction des églises (XIXe)
Notes de la Préface de « Les églises du diocèse de Nantes au XIXe siècle » Stéphane Haugommard 2015
Les églises de la région de Nozay (XIXe s.)
Sources : Editions Flohic 1999 Loire –Atlantique Histoire et Géographie de La Loire-Inférieure 1895
Le Vitrail en France au XIXe siècle
Notes de « Le Vitrail en Sarthe au XIXe siècle » « Antoine Meuret : Peintre verrier au diocèse de Nantes »
Les ateliers de Peintres Verriers Nantais
L’inspiration des vitraux : Antoine Meuret
Notes d’un article de Thérèse Bost « Antoine Meuret : Peintre verrier au diocèse de Nantes »
La Chevallerais : Notes personnelles uniquement.
Puceul : Courriel de M. Guilloizeau du centre de documentation du patrimoine du Conseil Régional des Pays de la Loire.
La Grigonnais : Notes d’un document de Robert Verger sur l’église de La Grigonnais (Journées du Patrimoine 2005).
Vay : Extraits des ouvrages des éditions Flohic de 1999 sur le Patrimoine des communes de Loire-Atlantique (commune de Vay) et de Culture et Traditions sur l’église de Vay dans le cadre du bicentenaire en 1989.
Marsac/Don : Notes personnelles uniquement.