Lieu-Saint. Le nom désigne la fonction. Ici, depuis la nuit des temps, on implore le ciel et les forces telluriques pour protéger récoltes et troupeaux, pour purifier l’âme et le corps. Ici, des sanctuaires se sont succédé : gaulois, romains, chrétiens.
L’actuelle chapelle Sainte-Anne a été construite en 1848-1849 par le curé de la nouvelle paroisse de Guénouvry, en la commune de Guémené-Penfao, l’abbé Merlaud, soucieux de relancer le pèlerinage qui s’y déroulait tous les 26 juillet. Il y voyait l’occasion de réveiller la piété populaire mais aussi de remplir les caisses de la fabrique paroissiale car, au pèlerinage, étaient associées une fête foraine et des réunions familiales qui attiraient la foule.
La nouvelle construction remplaçait une « chapelle de forme très antique » selon un visiteur de 1838. Forme dont la description donnée, rappelle la chapelle Sainte-Agathe de la commune voisine de Langon (Ille-et-Vilaine) bâtie sur un édifice gallo-romain dédié à Vénus et associé à une fontaine. La chapelle Sainte-Anne est aussi associée à une fontaine, dédiée à saint Méen, guérissant de la gale et autres maladies de peau. Lors des pèlerinages la procession montait de la fontaine à la chapelle dont elle effectuait trois fois le tour avant d’y pénétrer selon une tradition remontant à l’époque gauloise.
Sur cet oppidum dominant la vallée du Don traversée d’une voie gallo-romaine, un sanctuaire romain, succédant peut-être à un autre plus ancien, serait à l’origine de ce Lieu-Saint.
Sainte Anne n’occupe les lieux que depuis la fin du 18e siècle. Un siècle plus tôt, parti d’Auray, son culte s’était répandu dans la région et les pèlerins affluaient vers son nouveau sanctuaire dans l’espoir de miracles. Le clergé local, préférant contrôler les dévotions de ses paroissiens au bercail plutôt que dans la bergerie du voisin, consacra la chapelle de Lieu-Saint à sainte Anne. Elle y remplaça sa mère, la Vierge Marie, elle-même succédant à une antique divinité. Sous l’Empire, on fit l’acquisition d’une statue de sainte Anne, que l’on installa sur l’autel à la place de celle de la Vierge, datée du 14e siècle, qui alla rejoindre sur les bas-côtés celle de saint-Méen (du 15e siècle), de saint Michel et quelques autres.
La chapelle Sainte-Anne était aussi la chapelle de la frairie de Lieu-Saint constituée de 12 villages. On y célébrait, comme dans les autres chapelles frairiennes de la paroisse, mariages, sépultures et quelques messes. Le vaste cimetière de la frairie s’étendait à ses pieds.
Aux 19e et 20e siècles, la chapelle Sainte-Anne fut un des hauts lieux de la vie religieuse locale. Lors des jubilés et missions, chargés de réveiller la foi des chrétiens à grands coups de sermons, confessions, messes et autres oraisons, on processionnait vers Lieu-Saint pour implorer l’intercession de la grand-mère du Christ. Chaque année, poussée par le vent printanier, la procession des Rogations gravissait la colline vers le petit sanctuaire au chant des « Ora pro nobis ». Mais c’est surtout l’été venu, dans la chaleur de juillet, que la chapelle était à l’honneur. On y venait de toutes les paroisses voisines et même au-delà pour le traditionnel pèlerinage à Sainte-Anne de Lieu-Saint. On y vient toujours, en rangs moins serrés, le dimanche le plus proche de la Sainte-Anne, assister à l’office religieux, seule survivance de l’ancien pèlerinage. Jean Bourgeon pour PEPITES44.
Pour en savoir plus sur l’histoire de la chapelle et de son pèlerinage il suffit d’ouvrir le lien suivant : http://www.mairie-guemene-penfao.fr/patrimoine/