A l’écoute de l’engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) Bretagne Vivante : Antenne de Châteaubriant
Depuis quelques années, en juin ou juillet, l’antenne Bretagne Vivante de Châteaubriant organise une soirée à la rencontre de l’engoulevent, avec la participation de Pierre Monnier ornithologue aguerri, bénévole dans l’association.
Le 28 juin 2024, plus d’une vingtaine de personnes originaires des environs, ou de plus loin, sont venues à la rencontre de l’engoulevent.
La visite a commencé par une présentation du site de l’étang de la Forge sur Moisdon-la-Rivière et Grand-Auverné.
Un sentier de randonnée est ouvert au public hors période de chasse.
Il a été initié grâce à la participation de l’association de pêche locale La Brème du Don, l’antenne locale de Bretagne Vivante et l’association « Les Amis de Forge Neuve », avec les 2 communes de Moisdon-la-Rivière et Grand Auverné, et la Communauté de Communes.
Plusieurs bâtiments encore visibles témoignent de l’activité de Forge passée du site. Dans l’ancienne Halle au charbon, un grand bâtiment recouvert d’une immense et magnifique charpente, une exposition évoque l’activité de la Forge neuve, à partir du XVIIe siècle et l’histoire des forges dans la région de Châteaubriant.
Les seigneurs de Châteaubriant, et notamment le Prince de Condé, avaient trouvé dans l’utilisation du minerai de fer local pour fabriquer de la fonte, une manière de rentabiliser les forêts qu’ils détenaient en approvisionnant les forges en charbon de bois.
La fonte était produite dans le haut-fourneau et affinée dans la forge hydraulique pour donner du fer.
L’eau de l’étang était alors utilisée comme force hydraulique pour actionner notamment les soufflets chargés de transformer la fonte en fer.
Le groupe s’est ensuite dirigé vers le plateau du Landonnais, un site de landes sèches où affleure le schiste qui offre des milieux propices à l’observation de l’engoulevent.
Celui-ci recherche des milieux ouverts, tout en profitant des pins environnants pour s’y percher en hauteur et lancer son chant particulier.
Cet oiseau migrateur arrive d’Afrique subsaharienne en avril-mai, d’environ la taille du merle, avec une silhouette de coucou gris, il a plutôt un vol souple de rapace nocturne, nous pouvons observer ses longs planés chassant à vue papillons de nuit et autres insectes dans cette nuit chaude du mois de juin.
La femelle pond ses œufs à même le sol ; son plumage couleur feuille morte lui assure un camouflage très efficace ; Mâles et femelles se relaient pour couver et nourrir les petits. Ils repartiront tous en fin d’été.
Avant 23h, nous entendons le chant du mâle caractéristique comme un ronronnement continu (de mobylette !) ; il se distingue bien de celui de la chouette hulotte.
Espèce protégée, il est surtout menacé par la disparition de son habitat (landes, pinèdes ouvertes) et la diminution du nombre d’insectes causée par l’usage des pesticides.
Connaissez-vous l’Engoulevent d’Europe ?
L’oiseau du crépuscule
L’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) se reconnaît –si on le voir tapis dans les feuilles mortes dont il prend la couleur – par une queue longue et des ailes pointues aux bords externes très sombres, et une grosse tête surmontée d’un bec minuscule capable de s’ouvrir très largement pour capturer les insectes en vol.
Sa robe un mimétisme parfait lorsqu’il se repose au sol ou sur une branche la journée, il garde mi-clos ses grands yeux profondément noirs.
Un chant mécanique
Le ronronnement qu’il émet dès la tombée du jour, ressemblant à une sorte de crécelle très roulée, rapide et continu, reste la manifestation la plus sûre de sa présence.
C’est le mâle qui chante au crépuscule en période de reproduction et son chant peut porter sur 1 km !
Menaces et statut
Avec une stratégie de survie basée sur le mimétisme, en se camouflant au sol et en ne s’enfuyant qu’au dernier moment, l’engoulevent est très sensible au dérangement par les promeneurs et les animaux domestiques.
La menace principale reste néanmoins la modification de son habitat par la modification des pratiques sylvicoles et la fermeture des milieux, ainsi que par la diminution importante d’insectes par l’usage excessif des pesticides. Il est aussi souvent victime des collisions avec les véhicules.
Malgré les menaces qui pèsent sur l’Engoulevent d’Europe, il reste malgré tout commun et classé en Préoccupation mineure (LC) par l’UICN. Cependant, l’engoulevent d’Europe est protégé par la Convention de Berne et figure dans la liste des espèces d’intérêt communautaire de la Directive Oiseaux . Il bénéficie à ce titre d’une protection stricte.
Il niche dans toute la France continentale bien que nettement moins présent dans le tiers nord-ouest et nord-est. Sa population était estimée entre 50 000 et 100 000 couples dans les années 2000.
En Bretagne, l’espèce est restée longtemps méconnue, les résultats de l’atlas 2004-2008 ont mis en évidence une distribution surtout méridionale centrée sur le Morbihan. En effet, le littoral morbihannais, et de manière générale l’ensemble de ce département, semble regrouper l’essentiel de la population bretonne (GOB, 2012). Par ailleurs, plusieurs suivis réalisés sur plus de dix ans, mettent en évidence une certaine stabilité de l’espèce sur plusieurs sites bretons (GOB, 2012). On retrouve l’engoulevent nicheur dans les grandes landes, dans les coupes forestières, mais aussi dans de petites landes, dans des bois de pins clairsemés, entourés de cultures et de prairies de fauche.