Oui, Oui, vous êtes bien à Nozay, album photographique de José Teffo

Oui, Oui, vous êtes bien à Nozay! 100 pages dans un album insolite sur le Patrimoine de la ville de Nozay et ses proches environs, photographié par José Teffo à paraître fin 2023!

Comment commencer cet album sur Nozay? Tant il y a à dire, à écrire, à photographier…

Petite cité trouée par ses carrières de pierre bleue (qui n’ont fait sa fortune qu’à la fin du 19e, début du 20e siècle).

Elle dépendait des seigneurs de Châteaubriant, Brient le Boeuf, Laval puis Rieux, lesquels en ont fait un haut lieu de la chasse dans les garennes de La Ville-au-Chef, avec ses environs parsemés de gentilhommières pour le repos des nobliaux locaux appréciant gibier et vénerie.

Petite ville partagée entre deux bourgs, le plus ancien à l’Est, spirituel, avec son église romane des 13e et 14e (où, sous un badigeon, il a été découvert des peintures murales du 16e), plusieurs fois agrandie par suite de l’accroissement de sa population, sa cure et son cimetière.

L’autre plus commerçant, sur la route reliant les deux capitales bretonnes Nantes et Rennes, dans un axe Nord/Sud. Là, échoppes, riches maisons, aumônerie, hôtel (du Grand Monarque), relais de poste.

Même si l’alignement des maisons bordant les rues principales était déjà effectif au début du 19e, la traversée du bourg devait être difficile puisqu’en 1850 il fut décidé de revoir ce dernier, et de raser l’ancienne mairie (où est l’actuelle), un très grand bâtiment empiétant largement sur les deux côtés de la rue, la partie traversante formant des halles.

Elles appartenaient au prince de Condé seigneur de Nozay à cette époque, qui y avait installé un péage (il y en aurait eu deux autres). Cette construction servait aussi de prison.

Si la pierre bleue a été utilisée pour les murs de celle-ci et des nouvelles façades, plus un seul tailleur cette année-là pour mettre en œuvre les entourages des portes et des fenêtres. Alors les élus locaux firent appel aux négociants nantais pour la livraison de tuffeau (devenu tendance), pour habiller la ville, à commencer par la mairie-halle.

Il suffit d’un œil attentif pour s’apercevoir que les pierres taillées du Moyen-âge sont présentes partout dans le centre-ville: Restes d’anciennes ouvertures, souvent bouchées avec des linteaux présentant souvent des sculptures d’accolades.

Vous les trouverez partout, et parfois où on s’attend le moins à les voir…

Des palis, c’est bien simple, il y en a partout.

Des dizaines de milliers; Des petits et rustiques pour délimiter champs et chemins, dès le Moyen-âge. Ensuite de plus en plus équarris pour délimiter les beaux jardins et de plus en plus hauts pour tenir les charpentes des hangars.

A croire que leur taille était devenue quasi-industrielle, (et pourtant il n’était utilisé que le marteau-taillant à deux largeurs de tranchant : tranchant étroit pour dégrossir, large pour la finition).

Dans les villages à l’Est de la commune, Il est des constructions, qui au premier coup d’œil affichent leur ancienneté.

Des petits manoirs comportant, entre autres, une toiture pointue (souvent ronde), pour abriter un escalier à vis (une demi-douzaine).

Il en est de même dans le centre-ville (peut-être autant) pour abriter ces mêmes escaliers, souvent bien cachés dans des cours intérieures, et d’autres plus contemporains, tout aussi agréables à l’œil.

Quelques exemples de ces escaliers pour accéder aux étages et d’autres pour descendre à la cave.

Commandes de propriétaires qui en avaient les moyens..

Entre les deux, des perrons et des entrées, simples ou sophistiqués aux pierres parfaitement taillées.

Chapeau ! les ouvriers qui les ont réalisés…  

Autant de pompes, autant de puits. L’eau ne manque pas dans le centre-ville traversé par deux grands ruisseaux (dont celui des Rochettes d’Ouest en Est).

La plus célèbre est celle de la Beurrerie (œuvre d’Aimé Maurice). Une demi-douzaine encore (dont une toujours en service route de Marsac).

Quant aux puits, si vous en mettez un par lieu-dit, au nombre de plus de cent-vingt…Certains font plus de quinze mètres de profondeur, entièrement maçonnés de pierres, la plupart délaissés car ils n’ont plus à assurer leur fonction.

Des lavoirs aussi, une bonne demi-douzaine. Du plus petit (route de la Ferrière) au plus grand (derrière l’église) il ne reste plus que celui du Vieux-bourg.

Collection de « timbres» (ou timbres de collection) !

Pourquoi ce nom local pour un récipient ?

Inexplicable (et inexpliqué) à ce jour.

Encore une des nombreuses utilisations de la pierre bleue.

Il suffisait de commander cinq palis bien équarris au maître-carrier, et au forgeron une demi-douzaine de barres de fer (dont il filetait les bouts pour recevoir un écrou carré-de sa fabrication aussi, ce qui devait augmenter la facture finale) pour maintenir solidement côtés et fond, étanchés par un joint de ciment (qui existait déjà fin 19e).

De toutes tailles (jusqu’à quatre mètres de long), de tous gabarits, des longs, des courts, des hauts, des trapus selon l’usage.

Et deux sortes: Droits sur leur largeur ou coniques, les premiers pour une utilisation en intérieur (réception des pommes broyées pour faire du cidre), et les seconds à l’extérieur, plutôt comme abreuvoirs. Par cette forme, ils ne craignaient pas le gel.

Plus de soixante-dix selon un très récent recensement. Majoritairement à l’est de la commune, entre cent litres et deux-milles, et entre cinq cents kilos et quatre tonnes…utilisés maintenant comme «jardinières». Un seul encore en eau.

Une dizaine pour décorer la ville, une douzaine au vieux-bourg (collection privée), et presqu’autant à la Touche de Boissaie (village jadis fabricant).

Et si les piliers d’une réussite passaient par une entrée «chic» !

Après avoir embelli les balcons nantais, les maîtres-ferronniers ont proposé dans les campagnes, grilles et portails pour les riches demeures de la fin du 19e, simples ou ouvragés.

Même contexte pour les piliers les supportant, et une manne pour les patrons-carriers, car tout de pierres taillées et coiffés d’un «chapeau» plus ou moins sophistiqué selon l’image que le propriétaire des lieux voulait en donner..

Et aux possibilités infinies par les mixages des matériaux (de tuffeau d’abord, puis pierre bleue, associée à la brique blanche à la fin).

Depuis la chrétienté des hommes ont bâti de somptueuses et immenses maisons pour recevoir le Bon Dieu.

D’autres en construisant la leur, ont aménagé un abri pour les « Bonnes Vierges ».

Protection réciproque ??

Nozay n’a pas failli à cette Tradition.