Témoignage : Louis Mahé Solidarité 44

Témoignages d’aînés

 Louis Mahé (Origine de Solidarité 44) (décédé février 2020)

Je suis né à Vay à Malicorne, le 15 juin 1929, mes parents ont ensuite été fermiers à Cran sur la commune de La Grigonnais.

Je suis resté à la ferme jusqu’à l’âge de 18 ans, puis je suis allé chez mon oncle à la cidrerie de Nozay. Je livrais le cidre, beaucoup sur St Nazaire, Nantes aussi et la côte. Ensuite en revenant du régiment j’ai été embauché dans le petit moulin de la ville de Blain.

La minoterie Luce de La Grigonnais est venue me trouver pour remplacer un gars qui travaillait la nuit, atteint par la tuberculose. Ensuite j’ai été chauffeur, je livrais les balles de farine, des sacs de 100 kilos qu’il fallait grimper dans les étages, sur Nantes, St Nazaire, Pontchâteau et la côte.

J’ai fait cela pendant 10 ans et après le mariage de la fille de Monsieur Luce, son gendre a développé l’aliment du bétail. Jusqu’en 1980, j’ai été représentant. L’affaire a ensuite été reprise par le groupe Atlalait pour lequel j’ai été responsable du secteur alimentation du bétail dont je connaissais toute la filière et les processus de fabrication.

J’ai démissionné après 30 ans de boîte à Beautrais quand la laiterie d’Héric a vendu l’affaire à Besnier dont je n’approuvait pas les méthodes de direction des cadres.

Le fils d’un ami de Vallet avait repris une entreprise de fabrication d’aliments de bétail qui avait déposé le bilan et je l’ai assisté dans la direction de l’entreprise, pendant 9 ans. J’avais apporté avec moi mon ancienne  clientèle et l’entreprise est passée de 5 à 20 salariés, ils sont maintenant 70 et fournissent en petits sacs de 20 kilos d’aliments pour bétail de nombreuses enseignes de la grande distribution dans la région.

Un peu avant ma retraite j’ai été sollicité par Paul Cadorel qui envisageait de monter l’association « Solidarité 44 ». Elle a été montée en 1989. Joseph Chevalier était parti au Nicaragua et il sollicitait les agriculteurs de notre région pour leur envoyer du matériel à traction animale.

J’ai été vice président pendant 15 ans de l’association.

J’étais chargé plus particulièrement de toutes les choses matérielles. L’association s’occupait de repérer le matériel à traction animale dans les fermes de Loire-Atlantique pour à terme l’envoyer au Nicaragua.

On a commencé à aller dans les fermes avec un ancien forgeron pour regarder le matériel, le réparer avant son expédition. En repérant le matériel, on s’est aperçu qu’il y avait de la ferraille à récupérer dans les fermes. On a pris contact avec le père Christian Barbazanges. Depuis on a collecté des milliers de tonnes de ferraille, elle nous était donnée et nous la vendions pour financer le transport et l’expédition du matériel au Nicaragua.

Pour l’expédition, les premières années, on achetait de vieilles caisses de camion dans lesquelles on mettait tout la matériel. La société Allaire était chargée de transporter cela à Zeebruges en Belgique où il y avait un bateau bananier du Nicaragua qui repartait à vide après sa livraison. Cela a duré trois ans, et après, on a pris des containers sur Cheviré.

Au Nicaragua, Joseph Chevalier était sur place, il connaissait les gens et parlait espagnol, il a servi de correspondant local.. La UNAD faisait des réunions avec les agriculteurs intéressés et le matériel était estimé un petit prix. L’argent récolté servait à payer des cours agricoles localement.

Cela a duré pendant 27 ou 28 ans, depuis il n’ y a plus de matériel ancien dans les fermes, c’est plutôt de l’argent qu’on envoie, notamment grâce aux Fêtes de la Solidarité qu’on organise depuis 30 ans à Gruellau.

 Cela a permis de financer les expéditions puis les prêts pour développer localement l’agriculture ou suite à l’ouragan Minch  la construction d’une centaine de maisons, réalisées par les habitants eux-mêmes et dont le titre de propriété revenait aux femmes avec interdiction de vendre pendant cinq ans.

Les gens de Solidarité 44 sont également à l’origine de la construction du Hangar proche de l’étang de Gruellau, qui a permis d’accueillir sur place le public nombreux, venu assister aux différente fêtes de la Solidarité.

Témoignage recueilli par PEPITES44 en Décembre 2019