Témoignage d’aînée (Portrait photo de Samuel Baron)
Jeannine, innovatrice dans le domaine social
Je suis née le 15 juin 1931 entre les deux guerres.
J’ai été scolarisée à l’école de Puceul, école publique d’abord, puis l’école privée lorsqu’elle a été construite, tenue par des religieuses de la Salle de Vihiers du Maine-et-Loire. J’ai passé mes certificats d’études, dans le privé et dans le publique, c’était pendant la guerre de 1939-45
Selon le désir de mes parents, je suis restée à la ferme. Ce n’était pas mon souhait, j’aurais voulu continuer mes études.
Mon père ne voyait pas d’autre solution que ce qu’il avait vu lui-même : la terre. Quand il s’est marié, il est venu à Puceul, habiter avec ma mère. Elle était cultivatrice. Ils ont repris de la terre, ils étaient fermiers et propriétaires. . Camille, mon frère, n’a pas repris la terre, il n’aimait pas cela. Je suis restée chez mes parents jusqu’à mon mariage.
Les travaux de le ferme étaient durs. C’était physique et je n’étais pas faite pour cela,
Je me suis marié avec Louis qui n’était pas cultivateur. Il venait d’une famille nombreuse et il n’y a pas eu de place pour lui à la ferme de ses parents. Il a travaillé dans un petit moulin de Blain puis à la minoterie Luce à la Grigonnais.
J’ai travaillé vingt ans à la CUMA de Puceul, j’étais leur première secrétaire. On est venu me demander, ce n’était pas comme maintenant. C’était une CUMA toute neuve qui venait de démarrer petitement et ensuite elle a beaucoup grossi, avec sept ou huit ouvriers. Cette première expérience m’a bien plu, j’assurais le secrétariat de la CUMA, la facturation et la comptabilité, Je n’avais jamais eu d’enseignement, j’ai appris sur le tas. C’était intéressant. C’est moi qui assurais la paie des salariés. Mais j’ai du arrêter car je ne pouvais plus physiquement.
J’ai également été 12 ans au Conseil Municipal de Puceul (2 mandats sous Prosper S.)
C’est là qu’il y a une histoire qui se raconte : « Va donc faire la soupe à ton mari! » écrit sur un bulletin de vote en face de mon nom.
Le Conseil, lui n’était pas du tout contre les femmes, au contraire l’équipe était venue me demander pour en faire partie. Pour moi, c’était une femme qui a écrit cela sur le bulletin de vote. Toute la liste du bulletin était invalide. J’étais la première femme conseillère municipale dans le secteur, alors que maintenant il faut la parité homme-femme. La personne qui avait écrit cela sur le bulletin serait bien étonnée de l ’évolution actuelle.
Dès le mandat suivant, on était deux femmes dans le conseil et le rôle attribué aux femmes était notamment dans le secteur de l’aide sociale.
J’ai fait deux mandats et j’ai arrêté pour ne pas toujours faire la même chose.
Mais cela m’a permis, grâce aux contacts établis hors des conseils de découvrir un besoin réel de soins à domicile pour les personnes âgées, service qui n’existait pas encore. Cela a conditionné tout le reste.
Il n’y avait plus de bonnes sœurs pour faire les soins à domicile.
Il fallait créer quelque chose pour les remplacer. Il a fallu qu’on crée une association : l’ASSIRNO. Elle a démarré le 1er octobre 1977 et elle existe toujours, elle est maintenant à la Maison de Santé de Nozay.
Les sœurs de Saint Gildas avaient prêté une somme d’argent pour qu’on démarre, afin de faire l’avance sur les charges trimestrielles de l’URSAFF pour le personnel.
Il y a eu une période probatoire parce qu’il y avait des salaires réguliers à assurer, mais des fluctuations dans les services à rendre suivant l’état de santé des personnes à soigner. Quelquefois il y avait des épidémies de grippe puis des périodes calmes.
J’ai été plus de 10 ans dans cette association.
Quand Mitterrand a été élu en 1981, un décret a permis de créer le service de soin à domicile pour les personnes âgées. C’était un autre système de financement, cela fonctionnait comme un hôpital sans murs.
On avait un budget à établir pour toute l’année à répartir par douzième. Ce service de soin à domicile pour personne âgées fonctionne toujours, il est rattaché maintenant à la Maison de Santé
On a commencé avec le canton de Blain avec lequel on s’est associé pour créer un seul service sur les cantons de Nozay et Blain.
J’ai assuré la présidence de l’ASSIRNO pendant une dizaine d’ années et j’avais 70 ans quand j’ai arrêté de m’occuper de la dernière association.