Villa de Nort Site Gallo-romain

Photo extraite de la publication  disponible à l’office de tourisme

« La Villa gallo-romaine de Nort-sur-Erdre »  Juin 2009

Restitution hypothétique de la villa © Aquarelle de Lionel DUIGOU

Résumé du rapport extrait de http://dolia.inrap.fr/flora/ark:/12345/0110082

Le site gallo-romain de La Motte Saint-Georges à Nort sur Erdre (Loire-Atlantique) a permis la mise au jour d’un plan complet de la pars urbana d’une grande villa antique.

Surplombant la vallée de l’Erdre, la villa dispose d’une grande cour centrale fermée sur quatre côtés par les pièces d’habitations. Au sud, une double galerie complète un plan qui s’apparente à ceux des villas méditerranéennes et plus précisément italiennes.

Au-delà, la villa est ceinturée par un mur au sud et d’importants fossés, qui deviendront des murs, à l’ouest et à l’est qui la séparent de la pars rustica.

Un petit ensemble thermal et deux porches successifs complètent ce dispositif.

Le site, qui a fonctionné du Ier au IIIe siècle, comprend également une voirie au sud-est, des enclos et des bâtiments sur poteaux ainsi que divers vestiges excavés qui constituent une partie de la pars rustica, ainsi qu’une grande cour d’accès au sud.

Il faut préciser que peu de structures excavées ont été découvertes malgré l’importance et l’extension du site et que l’on observe certaines absences comme celle de puits par exemple.

Une réactivation du site est observable au Ve siècle après J.-C., générant probablement l’aspect que prendra le paysage agricole du Moyen Age puis de l’époque moderne

Cette phase tardive qui pourrait avoir profité de la présence de certaines ruines se caractérise par un enclos intégrant spatialement le porche du IIe siècle et une petite partie du mur de clôture sud.

Après, le site est abandonné puis retourne progressivement aux activités agricoles que confirme la présence de plusieurs parcelles d’époque au moins moderne recouvrant le site antique et du haut Moyen Age.

Globalement, le site est très arasé et a livré très peu de mobilier archéologique.

La datation, notamment en ce qui concerne le site tardif du Ve siècle, a pu cependant être bien précisée mais l’on doit ajouter que l’évolution architecturale de la villa elle-même a été rendue compliquée voire impossible à estimer du fait de son arasement conséquent et de l’absence de recoupements entre les murs.

Il n’en demeure pas moins que c’est la première villa fouillée dont le plan est complet dans l’ouest de la France, ce qui en fait à ce titre un site déjà remarquable. De plus, le fait qu’il s’agisse d’une architecture de type « méditerranéen » est rare en Gaule occidentale.

Enfin, il n’est pas si fréquent de pouvoir confirmer une activité tardive dans et autour des ruines d’une villa antique, surtout lorsqu’elle n’est ni religieuse, ni funéraire, ce qui est le cas ici, avec notamment la présence de tessons de D.S.P., ce qui est rarissime en milieu rural.

5 – SYNTHESE GENERALE (Extraits tirés du rapport http://dolia.inrap.fr/flora/ark:/12345/0110082

5-1 introduction : aspects remarquables et carences du site

Le site de Nort est remarquable à plus d’un titre. Il a en effet livré le plan complet d’une villa gallo-romaine, y compris ses bains indépendants, ainsi qu’une partie de son avant-cour et de la pars rustica.

Le plan est de plus original car il est d’inspiration méridionale et diffère en cela de la plupart des plans de villas reconnus dans l’Ouest de la Gaule et même, plus généralement, dans les parties septentrionales de l’empire romain.

Mais le site est aussi remarquable par son très fort arasement, la pauvreté des structures fossoyées, notamment les fosses, et surtout l’indigence du mobilier archéologique. [..]

Mais il est clair qu’une fois désertée, la villa a été consciencieusement démontée et l’ensemble de ses infrastructures emportées, des clous de charpente jusqu’aux éventuels moellons de petit appareil.

5-2 Le phasage général […]

5-2-2 Les Ier et IIe-IIIe siècles (phases 1 et 2) et l’abandon, un schéma assez classique

En l’absence de niveaux d’occupation et de recoupements entre les différents murs ou plutôt les fondations de ces derniers, on ne peut guère être très précis concernant l’évolution architecturale de la villa dont il nous reste finalement le plan général à son apogée, probablement situé vers la deuxième moitié du IIe siècle si l’on se réfère aux dates apportées par l’étude céramologique. […]

En l’état, il est envisageable que la villa ait été construite d’un seul tenant dès le Ier siècle (après la période julio-claudienne), ce qui pourrait expliquer sa parfaite symétrie d’ailleurs.

Mais à l’époque, elle ne dispose que d’une galerie de façade qui sera transformée en péristyle à ouverture au sud dans un second temps […]

Photo extraite de la publication  disponible à l’office de tourisme
« La Villa gallo-romaine de Nort-sur-Erdre »  Juin 2009
Figure 23 page36 Restitution hypothétique de la villa du Ier siècle                                © Aquarelle de Lionel DUIGOU
 

L’adjonction des bains et du second porche sont les rares restructurations observées mais elles demeurent finalement discrètes car elles s’associent au mur d’enceinte sud qui n’est pas détruit et est même agrandi en remplaçant le fossé marquant originellement la limite orientale de la villa.. [..]

Pour résumer, il faut bien reconnaître que l’évolution architecturale de la villa est peu étudiable mais que ce phénomène est peut-être dû au fait qu’elle ait été édifiée rapidement et peu réaménagée ou restructurée, ce que semble confirmer l’état de ses fondations.

Le IIe siècle correspond cependant à son apogée, fait régulier en Armorique romaine (Coulon, 1990, p.115).

En ce qui concerne son abandon, les choses apparaissent un peu plus claires. Aucune destruction violente n’a été observée.

Au contraire, l’abondance des tranchées de récupération alliée à une singulière absence d’éléments architecturaux indique un « démontage », ou plutôt une mise en carrière de la villa, probablement rapide mais relativement organisée. […]

5-2-3 Le Ve siècle (phase 3), une vraie originalité

La villa est donc abandonnée au plus tard dans la première moitié du IIIe siècle et scrupuleusement démontée, jusqu’à la récupération des moellons ou blocs de fondations dans certaines parties du site, l’aile ouest et la tour nord-ouest surtout.

Aucun élément structurel ou stratigraphique n’atteste d’une quelconque activité après cette date et jusqu’à la deuxième moitié du Ve siècle au moins. […]

Pendant un siècle et demi au moins, plus personne n’occupe les lieux. On ne sait si durant cette période des constructions subsistent ou pas, où si des ruines parsèment le paysage. […]

Après une période antique finalement assez pauvre en rendu de mobilier archéologique, il est remarquable d’avoir eu l’opportunité de reconnaître un probable habitat de la fin du Ve siècle, certes modeste. […]

5-2-4 De l’époque médiévale au XIXe siècle (phases 5 et 6), une présence a priori banale mais bien singulière

Il n’y a pas réellement de vestiges tangibles des périodes historiques les plus récentes car le secteur de La Motte Saint-Georges est agricole depuis le haut Moyen Age.

En effet, aucun signe d’une occupation humaine n’est attesté après le Ve siècle dans ces parages autrement que par la présence d’un parcellaire tardif133. […]

Quelle que soit la conclusion concernant ces périodes, on observe un abandon complet du site en tant qu’habitat après le Ve siècle. […]

Les différents plans et photographies qui suivent sont extraites du document pdf joint au rapport de fouilles de la Motte St Georges http://dolia.inrap.fr/flora/ark:/12345/0110082

5-3- La pars urbana de la villa

5-3-1 Etude architecturale

L’assemblage architectural de la villa

Un assemblage n’est pas très compliqué à établir d’autant qu’il n’y a pas de recoupements notables ou de rupture architecturale venant perturber un ensemble géométriquement harmonieux et probablement conçu de cette manière, où à peu de choses près, dès l’origine.

La galerie centrale ordonne manifestement l’ensemble avec deux modules symétriques au nord-ouest et au nord-est (modules B et C) et un corps de bâtiment central (module A) non relié physiquement aux autres (mais on peut imaginer une toiture couvrant les espaces laissés ouverts permettant un passage des uns aux autres à l’abri).

Les modules B et C disposent en outre d’excroissances au sud, formant des pièces supplémentaires, notamment à l’est où l’on peut même y voir un nouvel ensemble (module F).

Ce dernier ajoute une note dissymétrique que l’on retrouve aussi avec les parties septentrionales des modules D et E, différentes l’une de l’autre.

La Motte St Georges (Nort-sur-Erdre) FIG. 15 du rapport
Degré d’étude des fondations et modules de la villa
DAO : SANZ PASCUAL Fabien (INRAP) Février 2007
 

Ces ailes forment apparemment des corps autonomes, particulièrement à l’ouest où un véritable espace ouvert existe entre les modules C et D.

Enfin, la galerie extérieure sud qui forme aussi l’entrée principale permet d’équilibrer un ensemble qui aurait semblé bien massif au nord et trop aéré au sud.

De plus, son rôle d’apparat et une volonté esthétique ne font guère de doute avant de pénétrer dans la zone d’agrément que constitue l’atrium de près de 800 m2 !

L’harmonie générale est aussi assurée par la disposition symétrique de l’ensemble thermal et du porche monumental installés aux angles sud-ouest et sud-est de l’enceinte, cette disposition succédant elle-même à un aménagement tout aussi équilibré mais nettement plus simple que formait le porche primitif, axé lui sur l’entrée et le module A de la villa.

5-3-2 Répartition des espaces : hypothèses de restitution

La villa

Restituer objectivement et avec certitude la fonction de chacune des pièces de la villa de Nort serait une gageure et pourrait même relever d’un manque de sérieux certain.

En effet, il n’y a strictement aucun élément stratigraphique sur la partie bâtie (à l’exception peut-être, mais à un niveau très modeste, de la cave) et presque aucun indice architectural visible qui puissent aider à reconnaître la fonction de telle ou telle pièce et même de tel ou tel corps de bâtiment.

Cependant, la villa de Nort s’inscrit dans un plan stéréotypé bien connu en Italie et plus généralement sur les pourtours de la Méditerranée et obéit donc à des règles architecturales mais aussi fonctionnelles et ostentatoires répétitives.

La Motte St Georges (Nort-sur-Erdre) FIG. 53 du rapport
Propositions concernant la dévolution des pièces de la villa
DAO : SANZ PASCUAL Fabien (INRAP) Février 2007
 

Il n’y a donc aucun doute sur le fait que toutes les pièces de la villa ouvrent sur la galerie de type péristyle qui sert de dénominateur commun comme dans n’importe quelle domus ou villa dont les seuils ou entrées seraient encore visibles.

Il n’y a toujours pas de souci d’interprétation concernant certaines ouvertures (galerie sud, porches) qui trouvent leurs pendants à peu près partout en Gaule et même probablement dans tout l‘empire romain.

Quant aux thermes, malgré leur arasement conséquent, la chaîne opératoire et le mode de fonctionnement semblent très clairs.

En ce qui concerne la pars urbana stricto sensu, la demeure du dominus, elle répond aussi à certaines certitudes.

Dans la symétrie sud-nord qui conduit de la grande cour d’accès au premier porche puis à la cour centrale à galerie, on trouve in fine et surplombant la vallée de l’Erdre un corps d’habitation important dont le rez-de-chaussée encore visible correspond très certainement aux pièces d’accueil par le biais d’un vestibulium et d’un oecus, pièces d’accueil closes. […]

La tour nord-est recouvre la cave, manifestement un lieu de stockage de vivres secs ou vivants (huîtres) avec un accès probable du côté de la galerie nord mais aussi, certainement, depuis l’extérieur du côté ouest de la tour.

Il est difficile de ne pas penser que les cuisines et celliers n’aient pas été installés à proximité, ne serait-ce que pour des raisons de praticité.

Il est donc plausible que le rez-de-chaussée de cette tour ait été destiné à ces fonctions.

Logiquement, selon les plans les plus classiques (Pompéi, Herculanum…), le triclinium est souvent proche de ces lieux de servitude.

Or, à Nort, l’aile orientale offre une pièce dont la partie orientale est ouverte sur l’extérieur et la toiture supportée par trois colonnes, ouvrant à l’ouest sur la galerie et séparée de la tour nord-est par une autre pièce close.

La Motte St Georges (Nort-sur-Erdre) FIG. 53 du rapport
Propositions concernant la dévolution des pièces de la villa
DAO : SANZ PASCUAL Fabien (INRAP) Février 2007
 

Il est très tentant d’envisager l’existence d’un triclinium ouvert à l’est et séparé de la tour (servitudes et stockage culinaires) par une « salle à manger d’hiver », donc close, une diaeta.

Quant à la tour nord-ouest, deux hypothèses sont permises, soit encore une fois un lieu de stockage (interprétation fréquente, Ferrette, 2008, p.202), soit des appartements privés : cette dernière hypothèse est séduisante car cette tour est édifiée à l’emplacement le plus paysager du site, en surplomb direct de la vallée de l’Erdre, et bénéficie donc de la vue la plus belle.

Vers le sud-est, les pièces de l’aile orientale peuvent être des cubiculae (chambres) mais aussi des entrepôts, des pièces de stockage voire même des espaces voués à certaines activités artisanales ou religieuses.

En l’absence de données stratigraphiques ou matérielles, tout est évidemment permis…et c’est seulement en comparaison de sites plus « complets » qu’on peut proposer ces hypothèses.

La tour nord-ouest est plus problématique mais sa situation privilégiée en surplomb de la vallée et son écart relatif du reste de la villa en feraient subjectivement la partie la plus intime et peut-être la plus agréable : y reconnaîtra-t-on les appartements les plus privés, ceux du dominus et de ses proches ?

L’aile sud-ouest intègre une construction très autonome, simplement reliée au reste de la villa par la galerie ouest mais directement associée à la galerie sud ouvrant elle-même sur la sortie puis le poche et la grande cour d’accès : à Châtillon, en Ille-et-Vilaine, on y a reconnu le logis du vilicus, donc de l’intendant de la villa141.

L’hypothèse est sensiblement la même en ce qui concerne certains domaines du Nord de la Gaule (Agache, 1981, p.22-23).

En ce qui concerne Nort, il est vrai que ce corps, tout en étant autonome, est protégé et facilement accessible depuis l’habitation du propriétaire, proche de l’entrée principale et même voisin de l’ensemble thermal : c’est donc une vraie possibilité d’y reconnaître les appartements du vilicus, avec un étage, une terrasse associée et peut-être même un jardin privatif.

Naturellement, la grande cour d’accès et l’avant-cour sont paysagères.

A l’est, la séparation entre ces deux entités et la pars rustica est évidente : même à Nort, site très arasé, le fait est visible grâce aux fosses et fossés encore présents, ultime empreinte de cette séparation que devaient mieux marquer à l’époque la présence de haies.

La cour centrale bordée d’une galerie sur quatre côtés avec son ouverture au sud est naturellement un jardin orthonormé avec au centre un bassin ou une statue : la relique M.37143, ininterprétable en l’état, en est le seul témoignage. Il n’est pas très difficile non plus d’imaginer des espaces paysagers au nord de l’atrium ou des pièces d’accueil, entre l’aile orientale, dont le triclinium, et la pars rustica et peut-être même aussi entre la tour d’angle nord-ouest et le corps sud-ouest (appartements du vilicus ?) qui dispose probablement d’une terrasse (M.33) ouvrant vers ces hypothétiques jardins (privatifs ?)144.

5-6- La villa de Nort sur Erdre, un exemplaire très méditerranéen

5-6-1 Une organisation remarquable

L’ensemble constitué par la villa et son environnement immédiat constitue un modèle de l’organisation romaine du paysage, certainement façonné à l’occasion de l’implantation du fundus primitif.

La villa est localisée sur un plateau dominant la vallée de l’Erdre, dans une situation paysagère volontairement choisie avec la proximité d’un axe important permettant des échanges rapides en direction d’Angers et du carrefour routier que constitue l’agglomération secondaire de Blain.

La Motte St Georges (Nort-sur-Erdre) FIG. 60 du rapport
Les jardins et l’environnement paysager : hypothèses
DAO : SANZ PASCUAL Fabien (INRAP) Février 2007
 

Une voie secondaire accède à la villa, ou plus précisément à ses abords (pars rustica) , symétriquement installée au travers d’un paysage modelé, avec ses champs, ses prés, ses enclos…et tout ce qui constitue la pars rustica puis le domaine foncier proprement dit qui pouvait couvrir des dizaines d’hectares.

La pars urbana domine la vallée au nord et s’ouvre très probablement vers le sud sur une grande esplanade rectangulaire qu’on perçoit sur le terrain par la présence d’un vide important entre l’enceinte méridionale et la limite du décapage archéologique.

Cette « avant-cour » participe à la symétrie de l’ensemble et de plus sa dimension ostentatoire ne fait guère de doute.

Si l’on ignore la configuration paysagère à l’ouest du site qui est d’ailleurs une zone assez pentue, on observe à l’est des aménagements isométriques formés par des enclos rectangulaires disposés du nord au sud et de part et d’autre de la voie d’accès153.

On demeure donc toujours dans un plan très normalisé qui correspond certainement à une partie de la pars rustica que le décapage trop réduit n’a pas permis une fois encore de mieux appréhender.

La présence relativement nombreuse de trous de poteaux à l’intérieur de l’enclos situé au nord de la voie révèle la présence de constructions légères faites à base de matériaux d’origine organique mais, malheureusement, aucun plan d’un de ces bâtiments n’a pu être dressé.

C’est une des déceptions de ce site où l’accumulation de creusements diversifiés dans certains secteurs accompagne un arasement considérable des structures nous privant ainsi d’éléments de compréhension importants concernant l’environnement immédiat de la partie construite en dur.

5-6-2 Typologie Un cas d’école

Elle possède donc un plan que l’on peut qualifier de typologiquement fidèle aux stéréotypes romains de la domus puis de la villa italienne, eux-mêmes issus du megaron grec, c’est-à-dire une cour centrale à péristyle sur laquelle s’ouvrent les pièces de vie. […]

La villa de Nort obéit parfaitement à ce plan avec ses bâtiments d’habitation et ses ailes construites ceinturant une cour à galerie qu’on pourrait presque qualifier de péristyle car courant sur quasiment l’intégralité des quatre côtés de la cour. […]

A Nort, de surcroît, les deux tours d’angle comme d’ailleurs la disposition des porches et des thermes ajoutent leur touche à cette géométrie rigoureuse, presque maniaque.

L’architecte de la villa (ou son propriétaire initial) a manifestement souhaité reproduire à Nort une villa spécifiquement « romaine », d’ailleurs bâtie ex-nihilo, et n’a aucunement retenu des particularités locales ou régionales, comme cela peut se voir ailleurs, avec par exemple la présence d’un fanum.

La Motte St Georges (Nort-sur-Erdre) FIG. 46 du rapport
Hypothèses de restitution du site au Ier siècle
DAO : SANZ PASCUAL Fabien (INRAP) Février 2007
 

Des aspects ostentatoires

Cette volonté s’accompagne manifestement de signes ostentatoires que l’on reconnaît au travers de la disposition des bains, non seulement visibles de l’extérieur mais « partagés » par son propriétaire, ainsi que par la présence d’un porche monumental, probablement une tour porche d’ailleurs, et bien sûr des deux tours d’angle.

Ces dernières, plus hautes que les constructions voisines, se voyaient non seulement de l’entrée et même sans doute de l’extérieur de l’enceinte mais aussi depuis la vallée de l’Erdre qu’elles dominaient nettement.

Elles participent en outre à une parfaite symétrie de l’ensemble.

Enfin, la cour centrale à galerie participe aussi à ce décorum (Ferdière, 1988-1, p.187) puisqu’elle aussi visible de l’extérieur de la pars urbana grâce à l’important passage qui y est ouvert au sud.

Ces aspects sont caractéristiques des grands domaines fonciers gallo-romains quel que soit le plan que présente la villa d’ailleurs, car, pour les plus précoces, ils sont le signe de la civilisation conquérante et, pour après, un témoignage de l’enrichissement des provinces, notamment au IIe siècle, période pendant laquelle nombre de villas sont à leur apogée : c’est aussi le cas pour la villa de Nort.

Une villa paysagère et idyllique ?

La villa de Nort peut donc réellement être qualifiée de « villa romaine » au sens le plus littéral du terme, tant par son architecture très méditerranéenne (Delétang, 1981, p.46-47), que par la volonté de son propriétaire ou concepteur de démontrer la valeur de la civilisation dont elle est issue. […]

CONCLUSION

La fouille de la villa de La Motte SaintGeorges à Nort-sur-Erdre est importante et exemplaire à plusieurs titres. D’abord, il est extrêmement rare d’avoir l’opportunité de dresser un plan complet d’une telle villa, tout au moins de la pars urbana, dans le cadre d’une fouille programmée ou préventive.

Patrick Galliou écrit même que leur « taille a généralement rendu toute fouille exhaustive impossible » (Galliou, 2005, p.135), ce qui est vérifié.

Il est tout aussi remarquable que son plan nous soit parvenu complet et de plus il s’agit d’un type peu rencontré en Gaule d’une villa d’inspiration méditerranéenne (habitation organisée autour d’une cour centrale dotée d’une galerie)181.

L’étendue du décapage archéologique a permis en outre la reconnaissance d’une partie de la pars rustica et la voirie d’accès.

Malheureusement, on doit aussi insister sur l’état très arasé des vestiges, l’absence totale de niveaux d’occupation ou de destruction (à l’exception de la cave) et le peu d’informations issues des bâtiments eux-mêmes, notamment en ce qui concerne un éventuel phasage et donc de l’évolution architecturale de la villa.

Il est plausible aussi que l’édifice principal ait peu changé, en passant d’une villa simple à galerie de façade à une villa à cour centrale et galerie.

Le dernier point, un des plus intéressant sans doute, concerne la réactivation précaire du site en tant qu’habitat au très haut Moyen Age, phénomène là aussi rarement perçu du fait de l’absence de décapages exhaustifs sur de tels sites que l’on peut aussi associer à la ténuité récurrente des vestiges de cette période.

C’est d’autant plus intéressant que ce site daté du Ve siècle, aussi peu documenté soit-il, n’est ni religieux, ni funéraire.

Or, il semble générer le paysage médiéval puis moderne, ce qui apparaît très singulier.

Pour tout ce qu’elle a donc apporté, cette fouille est importante et on peut souhaiter que le plan qui en est issu devienne référent dans le long corpus des villas romaines, mais aussi de ce qui a pu leur succéder, fouillées en France ces dernières années.

FICHE SIGNALETIQUE Région : PAYS DE LA LOIRE

Département : LOIRE-ATLANTIQUE (44)

Commune : NORT SUR ERDRE I.N.S.E.E. : 44 110

Lieu-dit : LA MOTTE SAINT-GEORGES (n° de site : 44 110 0004 EA)

Propriétaire des terrains : SELA (Société d’Equipement de Loire-Atlantique)

Désignation n° 2005-233 (fouille du 15 octobre 2005 au 31 janvier 2006)

Organisme de rattachement : INRAP

Motif de l’intervention : extension d’un lotissement

Maîtrise d’ouvrage : SELA (Société d’Equipement de Loire-Atlantique), 18 rue Scribe, 44000 NANTES

Superficie fouillée : 18 000 m2

Superficie estimée du site : environ 3 hectares

Commentaire : la fouille a permis d’étudier l’intégralité du plan d’une grande villa gallo-romaine et de ses bains adjacents ayant fonctionné du Ier au IIIe siècle. Une partie de la pars rustica a également été fouillée. Une réoccupation partielle du site au Ve siècle a été observée avant un retour aux activités agricoles au Moyen Age.

Lieu de dépôt du mobilier : Service Régional de l’Archéologie des Pays de la Loire, Nantes. Lieu de dépôt du fonds documentaire : idem

Références bibliographiques du D.F.S.

Année : 2007 (INRAP, 4 rue du Tertre, 44 700 CARQUEFOU)

Collaborateurs : Christophe Devals, Catherine Dupont, Sylvie Leray, Frédéric Mélec, Lionel Pirault, Fabien Sanz-Pascual

Titre : NORT SUR ERDRE – La Motte Saint-Georges

Sous-titre : une grande villa antique près de Nantes

Document Pdf extrait de http://dolia.inrap.fr/flora/ark:/12345/0110082

Précision à propos du vocabulaire utilisé dans le rapport

A la lecture de nombreux articles ou ouvrages, même parmi les plus récents, il s’est avéré qu’il n’existait pas vraiment un vocabulaire vernaculaire concernant les « villas romaines » prises au sens le plus large du terme.

Chaque auteur possède sa propre interprétation sémantique de l’une ou l’autre partie du domaine et de la partie habitée proprement dite.

Afin de simplification car il revient constamment dans le texte, le terme de villa a été utilisé de manière générale pour évoquer la partie construite en dur du site (soit la pars urbana) mais aussi pour mieux se différencier de la pars rustica.

Le mot villa est transcrit en français, donc avec un « s » au pluriel, toujours dans un souci de clarté et pour éviter un style trop ampoulé ou lettré.

Le mot fundus est parfois reproduit mais toujours pour les mêmes raisons et aussi pour éviter des répétitions, le terme de domaine a été souvent préféré.

Bains ou thermes ont été utilisés indifféremment mais il a été le plus souvent conservé la dénomination latine des aménagements intérieurs (frigidarium, etc.).

C’est le cas aussi pour certaines interprétations concernant les bâtiments d’habitation, comme atrium, triclinium, etc. mais ces mots n’interviennent que très ponctuellement.

La cour centrale peut parfois être qualifiée de cour à péristyle mais il a été préféré généralement le terme de galerie car, à Nort, la galerie est ouverte au sud, donc n’est pas un péristyle au sens purement étymologique.

A par contre été exclu le terme de portique, peu adapté nous semble-t-il à ce type d’édifice mais que l’on rencontre parfois dans certaines publications concernant des villas semblables.

http://dolia.inrap.fr/flora/ark:/12345/0110082