Randonnée Guénouvry Chapelles et Moulins

Randonnée des chapelles et moulins de Guénouvry : Commentaires et Photographies de Jean Bourgeon

Départ : place de l’église de Guénouvry

En 1846, Guénouvry est érigé en paroisse. L’histoire tourmentée de l’église, construite en 1847, vous est contée sur des panneaux situés sous le porche. Vous pouvez aussi retrouver l’histoire de l’église et de la paroisse sur le site de la mairie de Guémené-Penfao à l’onglet « Histoire- et Patrimoine-Livrets ».

Jusqu’à la chapelle Sainte-Anne de Lieu-Saint, l’itinéraire suit celui emprunté, jusque dans les années 1950, par la procession du pèlerinage à Sainte-Anne qui se déroulait le 26 juillet (Fête de Sainte-Anne) ou le dimanche le plus proche.

Suivant la route, vous laissez sur votre droite la statue de sainte Anne installée ici au début du 20e siècle et que la tempête du 15 octobre 1987 jeta à terre, la brisant. Une autre statue l’a remplacée. Le socle en schiste est remarquable.

Km : 0.6 Après le virage à gauche, dans une clairière, se dresse un calvaire érigé le 23 août 1893 en souvenir d’une mission (2 semaines avec messe quotidienne, confession, communion…).

Le 18 janvier 1913, pour marquer la fin d’une autre mission, on remplaça l’ancienne croix par une nouvelle.

Le 25 décembre 1953, en clôture d’une mission de 3 semaines, la statue du Christ descendue de la croix pour restauration y fut replacée en présence d’une grande partie de la population.

Prêchés par des prêtres spécialisés (Montfortains, Franciscains, missionnaires de l’Immaculé Conception…) missions et jubilés revenaient environ tous les 5 ans. Alors que le catholicisme était confronté aux transformations politiques, économiques, sociales et culturelles du 19e siècle, les missions cherchaient à imposer une religion intransigeante à la fois sur le plan de la doctrine et de la morale.

Ce calvaire (la croix actuelle date de septembre 2021) témoigne de ces grandes émotions religieuses qu’étaient les missions temps de renouveau spirituel mais aussi fête où les villageois ordinairement dispersés par les obligations du quotidien se retrouvaient plusieurs jours durant dans un grand bain de dévotions et d’exaltations.

Km : 1 Au carrefour, sur votre droite, la croix des Quatre routes a été offerte par une famille du bourg en 1877.

En fonte avec feuillages, elle est fixée sur un palis de schiste planté dans une table aussi de schiste posée sur un socle de grès.

Le calvaire utilise les matériaux locaux : le grès qui se trouve sous vos pieds et le schiste que vous allez trouver dans une centaine de mètres.

Partis de Guénouvry (altitude 45 m.) vous voilà, à ce carrefour (70 m.), sur un étroit plateau qui était, jusqu’en 1850, les « Landes de Lieu-Saint ».

A cette époque, les landes occupaient la moitié de la surface de la commune de Guémené-Penfao soit 51% (les terres labourables : 22% ; les bois : 7% seulement).

Tous les bois qui, autour de vous, dessinent des sourcils au front des collines, n’existaient pas.

Les landes étaient des communs où chacun pouvait faire paître son bétail, ramasser du bois ou de la litière pour l’étable. Leur partage, à partir de 1850, jettera les paysans pauvres dans la misère ou les forcera à l’exode vers les villes.

KM : 2.5 La chapelle Sainte-Anne de Lieu-Saint. Pour tout savoir sur la chapelle et son pèlerinage, un gros livre posé sur un pupitre est à votre disposition à l’ouest de la chapelle près du panneau indiquant les chemins de randonnée. Retrouvez l’’histoire de la chapelle sur le site de la mairie de Guémené-Penfao à l’onglet « Histoire- et Patrimoine-Livrets ».

Aujourd’hui, lors du pèlerinage à Sainte-Anne, les fidèles font le tour du site en descendant jusqu’à la grotte de Lourdes, inaugurée en 1920 avec une statue de la Vierge-Marie remplacée en 1938 par une statue de sainte Anne.

Faites de même et remontez à la chapelle par un petit chemin (à l’est) raide et caillouteux.

Aux premiers temps du pèlerinage, les fidèles descendaient de la chapelle à la fontaine Saint-Méen, située au bas de la colline, remontaient et faisaient trois fois le tour de la chapelle avant d’y pénétrer.

Vous allez vous contenter de descendre sans remonter.

Pour cela, près du petit édifice qui sert de « Toilettes », un sentier s’engage dans la végétation sur la gauche. Suivez-le, toujours en descendant. Vous débouchez sur la route, devant un calvaire représenté sur la carte par une croix.

Km : 3 Au pied de cette croix datant de 1872, se trouve ce qu’il reste de la fontaine Saint-Méen où les pèlerins venaient faire des ablutions pour se guérir ou se protéger de la gale et autres maladies de la peau.

En suivant la route vers le nord, vous arrivez bientôt au bord du Don.

A l’entrée du village des Rivières la première maison, à droite, a conservé son toit à coyaux, ces petites pièces de bois qui relevaient les dernières rangées d’ardoises et permettaient d’évacuer l’eau de pluie loin du mur.

Km : 4 Cette maison appartient à un ensemble de constructions qui formaient autrefois le moulin des Piles. Il avait la particularité d’avoir 2 vannes barrant la rivière et donc 2 roues hydrauliques, et d’être un moulin à foulon (pour traiter la laine ou le cuir).

En 1859-1860, les bâtiments industriels ont été démolis puis reconstruits en moulin à farine. Depuis d’autres aménagements visibles depuis la route, ont eu lieu. L’ancien moulin à eau a cessé de moudre pour devenir lieu de résidence.

Le gros village des Rivières (5e agglomération de la commune à la veille de la guerre de 1914-18) était peuplé presque exclusivement (hors les meuniers) d’agriculteurs exploitant les terres riches et bien égouttées du pied de la colline et celles, plus mouillées, du fond de la vallée pourvoyeuses de foin (denrée rare autrefois) pour le bétail.

Après un virage à gauche (Km : 5), la route, puis un chemin raviné, remontent vers le plateau schisteux et les anciennes landes. En suivant, à droite, la lisière d’un bois, qui n’existait pas il y a cent ans, vous arrivez à Tréguely.

Km : 6.5 Le village de Tréguely offre de très beaux points de vue sur la vallée du Don et la commune voisine de Conquereuil.

Il possède aussi d’anciennes maisons dignes d’intérêt :

un ancien four et sa boulangerie restaurés, au centre du village ;

à l’angle de la route, sur la gauche, une ancienne maison restaurée possède un beau parement de pierres.

A la sortie du village, après un dernier coup d’œil sur le paysage aux vastes horizons,

vous pénétrez (Km : 7.5) dans les anciennes landes devenues forêt.

Quittant la route vous prenez un chemin, à droite, pour y pénétrer.

Trois cents mètres plus loin (étoile sur la carte) se dressait, jusqu’en 1875, le moulin à vent du Pavillon qui possédait aussi une serre.

C’était le jumeau du moulin à eau de Juzet.

Avant la Révolution, les moulins étaient réservés aux seigneurs qui les faisaient exploiter par des meuniers. Pour éviter les pénuries de farine, le même meunier exploitait un moulin à eau et un moulin à vent en espérant, quand la rivière était paresseuse, qu’un vent gaillard ferait tourner les ailes.

La famille de Poulpiquet du Halgouët, propriétaire des moulins de Juzet et du Pavillon va acquérir d’autres moulins des environs au cours du 19e siècle, moderniser celui de Juzet et abandonner le moulin du Pavillon qui sera démoli en 1875.

Le chemin passe près de l’ancienne ferme du Tenou, à l’abandon, avant de déboucher sur la route qui conduit à Juzet.

Poussez jusqu’au pied du château reconstruit en 1854-57 par Eugène de Poulpiquet du Halgouët dans le style « troubadour » en vogue à l’époque après que Walter Scott avec « Ivanhoé » (1819) et Victor Hugo avec « Notre-Dame-de-Paris » (1831) eurent remis le Moyen-âge à l’honneur. L’architecte en est Jacques Mellet (Vitré 1807 – Rennes 1876).

Km : 8.5 L’ancien moulin à eau de Juzet (ou moulin du Tenou) fut démoli en 1878. On reconstruisit l’année suivante celui qui se baigne les pieds dans le Don aujourd’hui.

Son propriétaire, de Poulpiquet du Halgouët, lui adjoignit, en 1886, une annexe en bois abritant une machine à vapeur pour pallier le manque d’eau de la rivière.

L’annexe a disparu et le moulin est devenu crêperie.

Revenant sur vos pas, franchissez le pont construit en 1976 à la place d’un gué, où l’on faisait aussi rouir le lin autrefois.

Vous passez devant une ruine (à gauche) qui fut la maison-magasin hébergeant le meunier, sa famille, ses deux ouvriers et les deux rouliers qui transportaient blé, farine… et suivez la route qui contourne une vaste prairie cernée de collines, que l’on prendrait presque pour des montagnes, et qui a pour nom : la Vallée. Sa notoriété est telle, que l’on a donné son nom à un village, un moulin, un étang.

Sur l’étroite route qui monte vers le village de Mézillac, vous croisez bien des ruines dont celles, sur votre droite (Km : 10), juste en-dessous du déversoir de l’étang de la Vallée, d’un moulin.

Il était situé, avant la Révolution, 300 mètres plus haut sur le ruisseau (il en reste la chaussée signalée par une étoile sur la carte).

La famille de Bruc, propriétaire, l’a descendu à cet endroit où la vallée se resserre juste après un évasement du relief propice à accueillir un étang. Il était jumelé avec le moulin à vent de Ligançon.

Les déboires de la famille de Bruc dans les années 1880 ont provoqué la vente des deux moulins à la famille de Poulpiquet du Halgouët.

Le moulin de Ligançon fut démoli en 1888. Le moulin de la Vallée continua à fonctionner jusque dans les années 1920.

Puis il fut en partie démoli, ainsi que d’autres bâtiments alentour dans les années 1940.

Les versants qui descendent vers la route où vous cheminez étaient jusqu’en 1850 recouverts de landes. Le partage de celles-ci profita surtout au propriétaire du château de Bruc qui en fit une extension de son parc.

Km : 11 Le village de Mézillac a gardé l’organisation qu’il avait sur le cadastre de 1835 à l’exception des bâtiments contemporains de deux exploitations agricoles et de quelques autres constructions.

Les bâtiments sont alignés de chaque côté de la rue et forment des « barres », c’est-à-dire des constructions jointives, abritant plusieurs familles. Chacune d’entre elles dispose d’une pièce ou deux en bas avec le grenier au-dessus qui ouvre par une lucarne ; on y accède par une échelle.

La barre de couleur claire (1ere barre sur le plan) située au centre du village comportait, en 1835, 5 pièces en bas : un logement, une étable, un logement, un logement, une étable.

Cette barre a perdu ses lucarnes de grenier et a été entièrement reconfigurée.

A l’extrémité ouest du village, près du carrefour, une autre barre (2e barre sur le plan) comportait 6 pièces en bas avec greniers au-dessus. Les lucarnes sont toujours là. Ces 6 pièces étaient des logements. Les étables étaient installées dans des bâtiments situés de l’autre côté de la rue dont certains ont disparu.

Cette barre aux 6 lucarnes témoigne de l’évolution de l’habitat. Au centre, la partie en pierres apparentes est assez proche de l’architecture traditionnelle. Les murs sont en moellons (pierres non taillées) de schiste et de grès, agglomérés avec un mortier maigre composé de chaux, de sable, d’argile. Le parement extérieur est réalisé à l’aide d’empilements soignés de moellons tandis que le cœur du mur est rempli de cailloux, éclats de pierre, mortier maigre.

Les murs étaient protégés par un enduit lisse composé de chaux et de sable. Les façades principales étaient recouvertes d’un badigeon de chaux blanche pour compléter la protection contre la pluie assurée par le toit à coyaux.

Aujourd’hui cet enduit a en grande partie disparu.

Les linteaux des portes et fenêtres sont en bois. La toiture traditionnelle à coyaux a disparu.

Les logements voisins ont subi des transformations plus ou moins importantes : ouvertures de fenêtres à la fin du 19e siècle (souvent les logements n’avaient que la porte comme ouverture) ; entourage de briques (début du 20e siècle) ; enduit de ciment sur la façade….

Au carrefour, à la sortie du village, vous pouvez relier la chapelle Saint-Georges par une petite route goudronnée ou par un chemin de terre qui lui est parallèle (200 m plus bas) ou encore opter pour la variante passant par le château de Bruc.

Km : 12 La chapelle Saint-Georges : ce petit sanctuaire classé à l’Inventaire des Monuments Historiques vous conte son histoire dans un gros livre situé dans l’angle sud-est de l’ancien cimetière entourant la chapelle.

Des travaux importants de restauration vont bientôt être entrepris par la municipalité de Guémené-Penfao pour rendre à la chapelle son lustre d’antan et au clocher sa flèche d’autrefois.

Retrouvez l’’histoire de la chapelle sur le site de la mairie de Guémené-Penfao à l’onglet « Histoire- et Patrimoine-Livrets ».

Km : 13 Le Verger était avant la guerre de 1914-18, la troisième agglomération de la commune après les bourgs de Guémené et de Beslé.

Situé sur un mamelon, sa population essentiellement agricole mettait en labour les terres riches et bien drainées qui en constituent les flancs et laissaient en prairie pour le foin les zones humides bordant le ruisseau de Mézillac. Ici les maisons n’étaient pas alignées le long d’une rue mais formaient des noyaux constitués de logements et de bâtiments agricoles entourés de jardins.

Aujourd’hui, l’habitat est plus dense qu’au 19e siècle, mais en vous promenant dans le village vous retrouverez les constructions en barres sur deux niveaux déjà rencontrées dans les villages précédents.

Descendez vers Guénouvry, lové au fond de son vallon, parmi un paysage de campagne ouverte. Si les bois ont poussé sur les collines et les anciennes landes, soulignant l’horizon d’un trait sombre, l’ancien bocage à larges mailles des champs qui vous entourent a disparu avec le remembrement à la fin des années 1960.

En entrant à Guénouvry (Km : 14.5) vous passez devant la croix de la Aulmet (à droite). Feuillagée, en fonte, montée sur un palis, elle a été érigée en 1892. Les noms des donateurs sont gravés sur la pierre bleue. Votre chemin de croix (je ne vous les ai pas toutes signalées), de chapelles, de moulins s’achève.

Pour vous reposer, désaltérer et passer un moment convivial rendez-vous chez Dédée au « Café-Alimentation des Sportifs », le dernier petit commerce en activité à Guénouvry. Écoutez la vous conter Guénouvry.

Jean Bourgeon

Retrouvez l’histoire de la Chapelle Ste Anne de Lessaint sur :

http://www.mairie-guemene-penfao.fr/medias/2022/02/La-chapelle-Sainte-Anne-de-Lieu-Saint-et-son-pelerinage-Jean-Bourgeon.pdf

Retrouvez l’histoire de Guénouvry et son église sur :

http://www.mairie-guemene-penfao.fr/medias/2022/02/La-paroisse-de-Guenouvry-et-son-eglise-Jean-Bourgeon.pdf

Sélection de Photos de la Randonnée de Mars 2023 organisée par Treillières au fil du temps, et animée par Jean Bourgeon.

Photographies : copyright Loïg Bonnet

Départ de la Randonnée près de l’église de Guénouvry
Le Groupe de randonneurs au bas du Calvaire de Mission
A l’intérieur de la Chapelle de Lessaint
La Chapelle de Lessaint
En bas de la Grotte de la Vierge à Lessaint
Le Château de Juzet
Présentation de la fête du 23 Avril à la Chapelle St Georges de Guénouvry.
L’intérieur de la Chapelle St Georges
La chapelle St Georges
Arrivée au bourg de Guénouvry

Photographies : copyright Loïg Bonnet