Georges Saffré nous rappelle dans cet article quelques faits marquants concernant l’attaque du Maquis de Saffré, le 28 juin 1944, afin d’honorer la mémoire des quatre membres de la famille Saffré, tous anciens du Maquis de Saffré.
En octobre 2019 s’est éteint M. Pierre GAULTIER à l’âge de 94 ans. Président des « FFI LONDRES ET SAFFRE », il était l’un des derniers témoins de l’attaque du « Maquis de Saffré » du 28 juin 1944 dont il colportait inlassablement la mémoire. J’ai eu l’honneur de faire sur le tard la connaissance de ce personnage à l’immense envergure lors d’une réunion de familles de maquisards à Saffré, où nous convia Madame Jocelyne POULAIN, maire de ladite commune et je me souviens avec émotion de cet ancien maquisard nonagénaire debout devant une nombreuse assemblée, narrant d’une voix nette et précise les évènements tragiques de cette terrible journée.
Il ne m’appartient pas ici d’en relater l’historique. D’aucuns et en particulier Monsieur Etienne GASCHE dont les ouvrages font référence en la matière l’ont fait admirablement. Qu’il me soit cependant permis de rappeler qu’au soir de l’attaque par 1500 soldats allemands et miliciens français, 13 maquisards sont tués au combat ou achevés, 35 autres sont faits prisonniers et emmenés au château de la Bouvardière en Saint-Herblain où un tribunal militaire allemand et en langue allemande en condamna 27 à la peine de mort. Ils seront fusillés le soir même (29 juin) alors que 2 autres seront assassinés (13 juillet) à la prison Lafayette à Nantes et enfin, 6 d’entre eux seront déportés avec 28 personnes arrêtées dans les communes des alentours pour connivence avec le Maquis. 20 d’entre elles décèdent en déportation.
J’ai assisté à cette réunion pour honorer au cours d’une brève allocution la mémoire de 4 membres de la famille SAFFRE, tous anciens du Maquis.
Fernand SAFFRE, (1922 + 1988) passait toutes ses nuits au Maquis et regagnait la ferme familiale de Mortier en Nort-sur-Erdre au petit matin pour s’y occuper des travaux. Sa tombe est décorée de la palme de la Résistance.
Pierre SAFFRE, (1888 + 1958), hongreur à la Croix-Rouillard en Nort-sur-Erdre ravitaillait le Maquis en muscadet notamment, avec le camion de Monsieur LEBEC, conduit par Monsieur LIENARD.
Roland SAFFRE, (1925 + 2006), ébéniste, ancien combattant volontaire de la Résistance, resta terré dans un fossé pendant toute la durée de l’attaque, n’étant pas armé, en réchappera miraculeusement le lendemain matin. Secrétaire de l’Association des Maquisards de Loire-Atlantique, et porte-drapeau, il y consacra toute sa vie. Le certificat attestant de sa présence dans les effectifs du « Maquis de la Maison Rouge », signé par son chef de groupe, Claude GONORD et par le chef du personnel au Ministère de l’Intérieur est en ma possession. Il fut inhumé avec sa médaille de la Résistance.
Jean-Joseph-Félix POUTY, (1923 + 1944) descendant par les femmes de la famille Saffré de Nort-sur-Erdre, où il résidait au village de l’Isle, était étudiant en deuxième année de Droit à Angers. Réfractaire au STO puis résistant FFI, il rejoint le Maquis en juin 1944. Fait prisonnier à la suite de l’attaque, il est fusillé à la Bouvardière à 23 heures 23 avec ses camarades Henri MOREAU, Joseph RETIERE et Paul TIGER en chantant la Marseillaise. Il lui sera refusé d’écrire une dernière lettre à sa famille. Monsieur PERRAUD-CHARMANTIER dans son ouvrage : « Un épisode héroïque de la Libération en Bretagne, le drame du Maquis de Saffré », décrit en ces mots les funérailles de Jean POUTY qui furent célébrées en même temps que celles de Joseph BABONNEAU :
« A Nort-sur-Erdre, l’école Saint-Michel, qui fut accueillante à leurs petits pas de six ans, reçut ses anciens élèves Babonneau et Pouty ; tout Nort défila devant la chapelle ardente ; la ville pavoisa ; Mgr. Trochu, prélat de Sa Sainteté, ancien élève de Saint-Michel, célébra la messe solennelle des morts. Les deux cercueils furent portés au cimetière par des jeunes gens, vêtus de deuil : pantalon noir, chemise blanche et cravate noire ; le docteur Tardiveau, médecin du Maquis lut le discours préparé par M. Mérand, maire, empêché par un deuil ».
Je vous propose en guise de conclusion cet article du journal « Le Phare » du 30 juin 1944 publié en caractère gras :
« 27 MAQUISARDS DE SAFFRE SONT EXECUTES »
Un camp du « Maquis » existait près de Saffré. Une vigoureuse action fut menée contre lui et trente jeunes Français qui, refusant d’obéir aux instructions strictes du Maréchal, n’écoutant que les ordres de la « dissidence », donc des Anglo-Américains, furent arrêtés au cours des combats, puis condamnés à mort comme francs-tireurs par un tribunal de guerre. Vingt-sept ont été immédiatement passés par les armes. Puisse cette leçon servir aux jeunes qui se laissent trop facilement écarter de leur devoir ».