Métallurgie du fer Région de Nozay

Architecture et Patrimoine

Le Fer et son exploitation dans la région de Nozay 

Exploitation des Cuirasses latéritiques (Abbaretz-Nozay)

Notes tirées de la Carte Géologique au 1/50 000 de Nozay

Notice explicative par F. TRAUTMANN 1988 BRGM

Formations des Cuirasses latéritiques

À l’ère tertiaire, la région de Nozay est restée émergée pendant les transgressions secondaires, mais elle été, durant la même période, le siège d’actions latéritiques qui se sont prolongées pendant tout le Paléogène avec formation de cuirasses silico-ferrugineuses.

La région comporte des altérites ferruginisées para-autochtones du substrat supposées paléocènes : faciès « minières ».

C’est un agglomérat à ciment d’oxyde ferrique brun (cuirasse ferrugineuse) souvent à haute teneur en fer (entre 42 et 56 %) dont les éléments sont anguleux ou roulés, hétérométriques, constitués d’éléments de nature différente (quartz filonien, grès, grains de sable émoussés-luisants, fragments de croutes siliceuses et ferrigineuses issus de cuirasses antérieures).

Il convient de distinguer le faciès cuirassé du faciès « roussard » qui résulte d’une concentration par lessivage des oxydes de fer à la base des sables pliocènes, constituant ainsi un véritable alios.

Les facjès latéritiques témoignent par contre d’une pédogenèse issue de conditions paléoclimatiques différentes (climat tropical, alternances de saisons sèches et humides) ayant entraîné une intense altération des roches du substratum puis une concentration du fer en surface par remontée capillaire des eaux. Ces phénomènes se sont étalés pendant une longue période allant du Crétacé à l’Eocène.

Ces cuirasses sont en fait des vestiges de sols ferrallitiques (sols rouges très riches en oxydes de fer et en oxydes d’alumine se formant sous couvert forestier et en climat tropical ou équatorial) dont les horizons superficiels ont été déblayés par l’érosion, ne laissant subsister que les horizons de départ kaoliniques et les horizons d’accumulation. 

Exploitation du fer dans la région de Nozay

Le fer sous toutes ses formes a été exploité depuis au moins l’époque gallo-romaine dans la région de Nozay et d’Abbaretz jusqu’au début du XXème siècle.

On peut citer, parmi les minières les plus importantes, celles du Houx-en Abbaretz, où le minerai atteignait une épaisseur de 4,50 mètres et dont la couche massive inférieure titrait 45 % de fer et 14 % de silice (L. Puzenat, 1939).

On trouve des traces d’exploitation à la Herminière et au Paradel en Abbaretz, à Nozay, où subsiste une « rue de la Ferrière », dans le parc du Château de la Touche, au Petit Tertre, à la Brianderie (56 % Fe, 5,5 % Si02 ), à la Tardivière, à la Ville-Foucré.

Les minières du Maire dont le minerai titrait 45,5 % de fer et 15 % de silice alimentaient les forges de Trignac.

Dans la forêt de l’Arche, de nombreux trous montrent du minerai de cuirasse qui titre 46 % de fer et 20 % de silice; ces exploitations ont alimenté jusque vers 1863 le four de laJahotière-en-Abbaretz.

Toutes les exploitations sont actuellement remblayées ou envahies par la végétation (minières de Launay, du Tertre, du Maire en Nozay, du Houx en Abbaretz et il faut avoir recours aux observations de L. Davy (1911) pour identifier ces faciès comme étant issus de profils latéritiques cuirassés.

En effet, toutes les coupes décrites par cet auteur mentionnent l’existence d’un niveau kaolinique à la base du profil, reposant sur un substratum diversifié.

De nombreux amas de scories, témoins du traitement sur place ou à proximité du minerai, accompagnent les gisements des rninières.

Quelques rares vestiges archéologiques trouvés associés aux scories attestent que l’exploitation du fer existait déjà chez les Gaulois et sans doute avant; mais c’est incontestablement au Moyen-Age qu’elle fut le plus développée (L. Davy, 1911).

http://ficheinfoterre.brgm.fr/Notices/0420N.pdf

Eléments de Chronologie de la Métallurgie du Fer locale

Au lieu-dit les Châtelliers, et sur le coteau près du ruisseau du Pas-Sicard, plusieurs structures en terre, avec fossés, scories et cendres, ont été mises en relation par Léon Maître (« Les villes disparues des Namnètes » 1893 p 268-269) avec l’exploitation du Minerai de fer.*

Dès la fin du XIXe siècle, donc, l’historien Léon Maître et l’ingénieur des mines Louis Davy furent les premiers à s’intéresser à la longue histoire de la métallurgie du fer en Bretagne.

Louis Davy montra l’extrême importance des restes archéologiques de la région (Tas de scories, anciennes minières et même vestiges de fourneaux).

Léon Maître datait de l’époque gallo-romaine des ateliers sidérurgiques fortifiés qu’il avait découvert dans les forêts castelbriantaises.

Cependant ici comme ailleurs la métallurgie antérieure au XVe siècle reste très mal connue.

Bien que les repérages archéologiques donnent quelques précisions sur la simplicité des techniques minières et son intime relation avec le milieu forestier, la fréquente proximité des sites de fondage et de l’eau pour le lavage des minerais, ils n’offrent aucune perspective historique puisqu’en l’état actuel des recherches archéologiques et paléo-métallurgiques, il est très difficile de dater les vestiges.

Ces repérages archéologiques montrent simplement la densité des vestiges et l’importance des déchets et donc de toute l’activité antique et médiévale.

Mais ces historiens et archéologues du XIXe siècle ont eu tendance à privilégier l’étude de la période gallo-romaine et à en surestimer par conséquent l’importance.

Il est vrai que la métallurgie bretonne remonte à une époque très reculée et semble-t-il sûrement au cours de la Tène (à partir du début du Ve siècle avant notre ère).

Aux dires de Strabon et de César, la région située à l’ouest de la Vilaine, dans le pays des Vénètes, possédait la principale industrie métallurgique de la région.

Mais il devait y avoir d’autre lieux d’exploitation et les alentours d’Abbaretz et de Nozay paraissent avoir connu simultanément une industrie du fer et une industrie de l’étain. Cependant l’exploitation fut intensifiée pendant la période gallo-romaine.

De nombreux sites ont en effet livré des objets de cette période (monnaies, bronzes, céramiques et débris de briques à rebords …) par exemple autour de Blain, Saffré, Sion-les-Mines, Abbaretz et Moisdon-la-Rivière, Lusanger et St Aubin-des-Châteaux.

Les anciennes mentions de vestiges de fours attribués à l’époque gallo-romaine sont également nombreuses.

Léon Maître a en outre avancé l’hypothèse que beaucoup de ces ateliers étaient sommairement fortifiés, c’est-à-dire installés sur un retranchement en terre de forme rectangulaire pouvant avoir plus de 100 m de longueur et protégés par un fossé et un talus.

Il a même supposé qu’une majorité de micro-toponymes « Châtellier » répétés 28 fois dans son dictionnaire des lieux habités de Loire-Inférieure s’expliquaient par l’existence d’un ancien atelier fortifié de ce genre.

Nombreux sont les exemples trouvés d’association entre le toponyme et la présence de vestiges métallurgiques dans les vallées de L’Isac, de la Chère et du Don.

Cependant rien n’indique que les Châtelliers, s’ils ont effectivement été des ateliers fortifiés n’aient pas été utilisés après le Ve siècle.

C’est ainsi que plusieurs sites ont pu être datés de l ‘époque médiévale, grâce à la présence de poteries à œil de perdrix, par exemple par Davy, à Treffieux et Derval dans le bois du fond des bois.

C’est bien entendu dans les zones où les richesses minières sont les plus importantes et les plus accessibles que les vestiges d’anciennes exploitations sont les plus nombreux. Une grand partie des vestiges sont localisés en forêt.

Etant déjà consommatrice de bois, l’ancienne métallurgie était localisée à proximité immédiate de la zone d’approvisionnement. De plus, en milieu forestier, la bonne conservation des vestiges archéologiques est l’un des avantages les plus importants du fait de la non exploitation du sol.

Les géologues du début du XXe siècle ont montré dans cette région ferrifère aux alentours de Châteaubriant la présence de larges dépôts (formés par remaniements mécaniques et chimiques) qui ont donné naissance aux gisements de minières dont le plus important est celui de Rougé.

A l’ouest de la zone, ils subsistent sous forme de fer carbonaté (FeCO3), alors qu’à l’est le minerai s’est transformé en oligiste (Fe2O3) et magnétite (Fe3O4).

*Michel Provost « La Loire-Atlantique » commune de Puceul p 139

Le reste du texte est extrait de notes tirées des cahiers de l’inventaire du Ministère de la culture : Inventaire Général des Monuments et Richesses artistiques de France, Pays de la Loire, Département de Loire-Atlantique, Tome 3, 1984, « Les Forges du Pays de Châteaubriant »

Exploitation du Fer à Abbaretz

Mines à ciel ouvert (disparues) Voie ferrée Nantes-Châteaubriant

Auteur : Caudal Gaëlle Date d’enquête : 2011 Commanditaire : Région Pays de la Loire.

HISTORIQUE Commentaire historique :

La commune d’Abbaretz possède dans son sous-sol un gisement de minerai de fer formant une lentille de 30 à 50 mètres de large sur 5 à 6 kilomètres de long.

Plusieurs sites d’extraction ont été identifiés : La Jahotière, Les Nonneries, Le Houx, La Placière, La Duchetais, La Lirais, La Chevrolière.

L’exploitation s’est faite par tranches depuis le début du XIXe siècle jusqu’en 1931 avec deux phases importantes entre 1913 et 1922 et 1928 et 1930.

Plusieurs sociétés ont exploité les sites : Mines de fer de l’Anjou et des forges de Saint-Nazaire (1882, Le Houx) ; Honorat Borie (1911, Les Placières) ; Mines de fer de Segré (1913, Le Houx, La Duchetais, Les Placières) ; Compagnie minière armoricaine devenue les mines de fer de Bretagne (1913, Les Nonneries) ; Société métallurgique de Basse-Loire (1920, Le Houx, Les Placières) ; Château-Rouge (1927, Le Houx, Les Nonneries, La Duchetais).

En 1912, 118 ouvriers extraient 27 282 tonnes de minerai. Le minerai de fer est expédié jusqu’à Nantes, Chantenay et Saint-Nazaire dans les usines de Trignac par des camions ou par le train via une voie Decauville reliant les gares d’Abbaretz et d’Issé.

L’abandon des minières s’explique par le taux en silice peu stable pouvant parfois dépasser les 20 à 25% et le coût de transport trop important. :

La minière de la Jahotière : Exploitée de 1826 à 1863, la minière approvisionne directement les forges de la Jahotière pour la production de fonte. La mine et la forge ferment leurs portes en 1863 ne pouvant faire face à la concurrence anglaise.

Les minières des Nonneries : En 1927, la société d’exploitation minière du Château Rouge exploite quatre chantiers aux Nonneries. En 1928, 75 ouvriers dont une trentaine « étrangers au pays » extraient 25 à 35 tonnes de minerai par jour. Entre les chantiers et le déversoir situé sur le bord de la route d’Abbaretz à la Meilleraye, la traction est assurée par des chevaux. Le minerai est ensuite acheminé par une locomotive jusqu’à la gare. En 1929, il n’y a plus que 13 ouvriers pour une production de 16 à 20 tonnes par jour.

La minière du Houx : En 1920, 40 ouvriers travaillent en moyenne sur le site. La production journalière est de 35 tonnes exportée par une voie étroite de 5 kilomètres jusqu’à la gare d’Issé. En 1929, l’évacuation se fait par des camions jusqu’à la minière des Nonneries puis par voie decauville jusqu’à la gare d’Abbaretz.

La minière des Placières est composée de deux sites d’extraction. Le transport jusqu’à la gare d’Abbaretz se fait par charrettes ou camions automobiles. Une dizaine d’ouvriers y travaille en 1920 pour une production journalière de 10 tonnes.

La minière de la Duchetais présente un seul chantier de forme semi-circulaire avec un front de taille de 60 mètres sur une hauteur de 3 à 4 mètres. En 1929, elle occupe 20 ouvriers avec une production est de 50 à 60 tonnes par jour. L’année suivante, seulement 4 ouvriers produisent 10 tonnes par jour. Le minerai est évacué par la voie qui relie les Nonneries à la gare d’Abbaretz.

Datation des campagnes principales de construction : 1ère moitié 20e siècle;20e siècle;19e siècle Auteur Historique : auteur inconnu

DESCRIPTION ARCHITECTURALE Commentaire descriptif :

Le gisement est exploité en minière à ciel ouvert à l’aide d’explosifs. Dans le chantier n° 1 du site des Nonneries, le front de taille a 40 mètres de développement et 4 à 5 mètres de hauteur. Le minerai est attaqué par gradin. Dans la partie supérieure, le minerai se présente sous la forme de rognons puis sous forme de gros blocs compacts. Le minerai contient 45 à 46 % de fer pour 13 à 15 % de silice. Il ne reste plus de vestiges de cette activité.

DOCUMENTATION Documents d’archives :

AD Loire-Atlantique. Série S ; 8 S 39. Mines de fer : Abbaretz / Issé.

Bibliographie :

DAVY, Louis. Les minerais de fer de l’Anjou et du Sud-est de la Bretagne. In Bulletin et comptes-rendus mensuels de la société de l’industrie minérale, janvier 1911.

DAVY, Louis. Etude des scories de forges anciennes. In Bulletin et compte-rendu mensuels de la société de l’industrie minérale, avril 1913.