Qu’est-ce que le Patrimoine de Pays

Qu’est-ce que le patrimoine de pays ? par Laurent Delpire*

La notion de patrimoine

Le patrimoine est l’ensemble de tous les biens qui se transmettent de génération en génération. Au delà du domaine privé, il désigne depuis la Révolution un bien commun de la Nation, à la fois témoignage physique de son histoire et image de son identité.

C’est un bien reçu et à transmettre dont la propriété intéresse tout le groupe social, il est l’héritage commun.

Le patrimoine de pays se définit principalement par opposition d’une part au patrimoine urbain, « savant », industriel, citadin, d’autre au patrimoine protégé au titre des monuments historiques.

La notion de patrimoine s’est élargie au cours des siècles. Elle couvre aujourd’hui un ensemble de biens matériels et immatériels ( les langues locales, les savoir faire, les traditions, les contes et légendes) créés par l’homme (on parle alors de patrimoine culturel) ou naturels (les sites, la faune et la flore)

Un patrimoine des campagnes ?

Le patrimoine de pays est composé de tous les éléments constitutifs de l’Histoire et de l’identité des campagnes.

– Les paysages façonnés par l’homme au fil des siècles avec leur faune et leur flore liées à l’agriculture

– Les édifices et leur rapport à l’environnement (mode d’implantation des constructions, formes des villages, architectures des bâtiments, matériaux régionaux)

– Les édicules témoins des modes de vie et de pensée (fontaines, lavoirs, oratoires…)

– Les techniques, outils et savoirs-faires nécessaires à leur entretien (toitures, enduits…)

– Les traditions culturelles, religieuses, sociales et culinaires

– Les produits du terroir

– Les documents relatifs à ces différents aspects (archives, photos, cartes postales…)

– La mémoire orale

Le patrimoine rural est donc fortement lié au territoire et à l’environnement.

C’est souvent un patrimoine récent, rarement antérieur au 17e siècle, le plus souvent créé au 19e siècle, voire au début du 20e siècle en raison du fort développement des campagnes à cette époque (essor démographique, développements de l’agriculture, de l’artisanat et du commerce, amélioration du cadre de vie et des transports…)

Un patrimoine non protégé

Peu d’éléments du patrimoine rural sont protégés par la loi, la notion de monument historique ne s’étant élargie que récemment aux patrimoines ethnologique, industriel, technique et naturel.

Les objets et les immeubles sont protégés au titre des monuments historiques quand ils présentent un intérêt du point de vue de l’histoire, de l’histoire de l’art, de la science ou des techniques. Ils peuvent être classés quand ils présentent un intérêt national et inscrits quand cet intérêt est de niveau local.

Le fait de ne pas être protégé monument historique rend le patrimoine de pays encore plus fragile, le propriétaire n’étant pas tenu par la loi de le conserver et de l’entretenir.

Pourtant ce patrimoine intéresse tout le groupe social : habitants qui y trouvent une expression de leur identité propre, touristes qui apprécient ses spécificités et le comparent avec les autres régions.

Décret du 20 juillet 2005 – article 8 : le patrimoine rural non protégé est constitué par les édifices, publics ou privés, qui présentent un intérêt du point de vue de la mémoire attachée au cadre bâti des territoires ruraux ou de la préservation de savoir-faire, ou qui abritent des objets ou décors protégés monuments historiques situés dans des communes rurales ou des zones urbaines de faible densité.

Un patrimoine fragile !

De tous temps, les modes de vie ont dicté les modifications de notre environnement.

La notion de patrimoine n’existant alors pas dans le sens moderne où nous l’entendons, seul ce qui était utile ou qui correspondait au goût du moment était conservé, y compris dans les monuments qualifiés aujourd’hui d’historiques. Le bâtiment vétuste laissait place à une nouvelle construction, les tableaux, les boiseries et le mobilier démodés du château était souvent vendus, jetés ou abandonnés dans un grenier.

Le patrimoine rural à lui aussi évolué au fil du temps : les ruines de la chapelle ont fourni les matériaux pour la construction du lavoir, l’éolienne a remplacé la pompe à bras, certains murets ont été supprimés pour faciliter le travail des engins, le four à pain communal a disparu au profit de l’agrandissement de l’école.

Il est toutefois essentiel que les éléments les plus significatifs de ce patrimoine de proximité puissent être conservés sans hypothéquer pour autant les possibilités de développement des villages.

Avec l’évolution de plus en plus rapide des modes de vie et de l’uniformisation, l’urbanisation croissante mais aussi le dépeuplement de certaines régions, ce patrimoine est aujourd’hui menacé, la plupart des éléments ayant perdu leur utilité et leur sens.

Le vandalisme et la négligence n’épargnent pas le patrimoine rural.

Les enjeux de la sauvegarde du patrimoine de pays

– Préserver le cadre de vie

Le patrimoine de pays fait appel aux matériaux locaux et à leurs techniques de mise en œuvre traditionnelles. Les formes architecturales sont adaptées au climat local et aux modes de vie, en harmonie avec le paysage (couleur des pierres et des enduits, volumétrie, intégration). Il est important de respecter des caractéristiques locales lors de travaux.

– Conserver la mémoire

Le patrimoine de pays témoigne d’une histoire locale, des savoir-faire, des techniques, des modes de vie et de pensée et de leurs évolutions. Il aide les jeunes générations à percevoir les mutations de la société, tout comme les nouveaux habitants.

– Construire une identité

Le petit patrimoine fait la particularité des campagnes. Si les grandes familles de bâtiments se retrouvent partout (chapelles, lavoirs, croix, pigeonniers…) formes et matériaux varient selon les régions.

Une mise en valeur peut renforcer la cohésion sociale (souscriptions populaires, chantiers de bénévoles, opérations nettoyage, animations festives…).

– Contribuer au développement du territoire

Dimension touristique, attractivité par la restauration du patrimoine, la mise en valeur des sites et des bourgs.

Pour en finir avec quelques idées fausses

– Un patrimoine construit sans architecte ?

Si les constructions en pierre sèche ou en schiste ont pu être bâties par leurs utilisateurs, de nombreux autres édifices dont des lavoirs, des fontaines et des chapelles ont été conçus par des architectes.

– Faut-il supprimer les enduits et rendre la pierre apparente ?

Tout le monde est sensible au charme de la pierre apparente. Pourtant les murs étaient presque toujours enduits pour les protéger. Seuls les bâtiments utilitaires étaient laissés en pierre apparente par économie et pour les distinguer du bâtiment noble de l’habitation. Supprimer l’enduit nuit à la conservation de la construction. Il faut donc maintenir un enduit à la chaux quand celui-ci existait.

– Des goûts et des couleurs

Par le passé, les enduits des murs comme les peintures des portes et des volets étaient colorés avec des pigments naturels le plus souvent minéraux trouvés dans la région. Ainsi la couleur des badigeons dépendait de celle des sables mélangés à la chaux. Les couleurs étaient donc rarement vives et toujours en harmonie avec le paysage.

– Rustique…

Au-delà de sa qualité architecturale, artistique ou technique, c’est comme témoin de modes de vie passés que le patrimoine présente un intérêt. Mieux vaut éviter de faire du faux, en particulier pour de petits éléments du patrimoine de pays utilisés à des fins décoratives. Cela n’a pas beaucoup de sens et présente souvent une esthétique contestable. Par contre, un élément contemporain peut souvent mettre en valeur le patrimoine ancien.

Connaître et inventorier le patrimoine de pays ? Pourquoi réaliser un inventaire du patrimoine de pays ?

La réalisation d’un inventaire poursuit plusieurs objectifs :

– La sensibilisation des habitants : la connaissance permet aux habitants de s’identifier et de s’approprier leur patrimoine. L’inventaire favorise également la transmission du patrimoine aux générations futures.

– La protection et la sauvegarde du patrimoine : l’inventaire permet de déterminer les sites et éléments qui représentent un intérêt majeur et qui seraient susceptibles de faire l’objet d’une action de protection.

– La mise en valeur du patrimoine : l’inventaire permet de mettre en évidence des éléments du patrimoine qui pourraient être valorisés sous différentes formes. Cest un outil de mise en lumière.

La recherche scientifique permet d’effectuer des recherches sur les architectures traditionnelles et d’étudier plus en détail les éléments du patrimoine ainsi que leur histoire dans le but de constituer une base documentaire.

À partir du recensement, une classification est définie :

– Patrimoine lié à l’eau : fontaine, pont, puits, aqueduc, lavoir, moulin, abri de source, vannage , installation piscicole

– Patrimoine religieux : statue, calvaire, tombe, tombeau, tumulus, oratoire, chapelle, niche, croix de chemin, cimetière, vitrail, cloche, stèle

– Patrimoine lié aux activités agricoles, artisanales et industrielles : attache-animaux, abreuvoir, meule, pressoir, pigeonnier, enclos, manège, four, moulin, minoterie, filature, scierie

– Patrimoine bâti ou lié à l’habitat : maison, détail architectural, rempart, tour, tourelle, éléments de ferronnerie, portail, porche, détail de façade vitraux

– Patrimoine lié à la vie courante : borne, croix de carrefour, chasse-roue, inscriptions, cadran solaire, kiosque

– Patrimoine commémoratif : croix de justice, tombe, monument aux morts

– Patrimoine mobilier : objets du culte, objets des institutions, objets agricoles…

– Autre : gare, relais de poste

Sur la place du village, le long des rues

Par le passé, l’espace public de la rue avait une place importante dans la vie du village. C’était le lieu de la vie sociale.

Des maisons anciennes possèdent encore en façade des bancs de pierre à côté des perrons. D’anciennes boutiques conservent leur devanture caractéristique. On trouve le long des routes de nombreuses bornes, panneaux, indications anciennes.

Ressources / bases de données :

Base POP (plateforme ouverte du patrimoine) du ministère de la Culture

POP – Plateforme Ouverte du Patrimoine – Ministère de la Culture

Des contacts pour vous aider :

– CAUE – conseil architecture, urbanisme et environnement

Christophe Élise BOUCHER

Chargée de mission architecture et patrimoine

ce.boucher@caue44.com

02 40 35 04 23  –  MOBILE : 06 83 63 48 77

Accueil – CAUE de Loire-Atlantique (caue44.com)

– DRAC Pays de la Loire – conservation régionale des monuments historiques

Mme Solen Peron-Bienvenu – 1 rue Stanislas-Baudry 44035 Nantes cedex 1

02 40 14 23 20 – solen.peron@culture.gouv.fr

– Service patrimoine du Département de Loire-Atlantique

Aurélie BENOÎT
Département de Loire-Atlantique
Chargée du patrimoine – Direction culture – Service action culturelle et patrimoine
Tél. 02 40 99 13 29

Port. 06 71 59 54 64
aurelie.benoit@loire-atlantique.fr

Culture et patrimoine – Loire-Atlantique

– Service patrimoine de la région Pays de la Loire et son centre de documentation

Joël Guilloizeau

Conseil Régional / Direction de la Culture, du Sport et des Associations

Pôle Développement et valorisation / Service Patrimoine

Bibliothèque / Inventaire

Tel : 02-28-20-51-87

joel.guilloizeau@paysdelaloire.fr

Patrimoine de la région Pays de la Loire

– Association Tiez Breiz

georges.lemoine@tiez-breiz.bzh02 99 53 53 03

Tiez Breiz | Association pour la connaissance,la sauvegarde, la mise en valeur de l’architecture & des sites rurauxen Bretagne (tiez-breiz.bzh)

– Pour le patrimoine mobilier et le « petit patrimoine, la conservation des antiquités et objets d’art de Loire-Atlantique

* Laurent Delpire Conservation des Antiquités et Objets d’Art de Loire-Atlantique

laurent.delpire@wanadoo.fr

02 28 56 78 60 / 06 80 30 86 66