Les Croix de Pierre bleue : « Un Patrimoine collectif »

Les Croix en Pierre bleue : un Patrimoine de Pays qui risque de disparaître.

On appelle “patrimoine de pays“ l’ensemble des petits éléments construits qui occupent l’espace rural. Façonnés par les générations précédentes, ils témoignent des relations particulières d’une communauté humaine avec son territoire, au cours de l’Histoire.

Certains passages sont inspirés de Patrimoine de Pays en Moselle :

https://www.caue57.com/upload/publication/4796PatrimoinedePay.pdf

Cette dénomination de “patrimoine de pays“ est récente (formulée en 1998), elle prend le relai des expressions de “petit patrimoine“, “patrimoine rural non protégé“, “patrimoine de proximité“.

Le patrimoine de pays est constitué d’un nombre important d’éléments à caractère religieux, d’éléments utilitaires de la vie quotidienne d’autrefois, notamment liés à l’eau, et dans une proportion moindre, des éléments de la vie agricole et du travail artisanal.

Les éléments d’origine religieuse : Chapelles, oratoires, calvaires et croix de chemin, forment une part importante du patrimoine de pays. L’aspect artistique et décoratif s’y exprime fortement, fruit d’une époque où la foi religieuse suscitait presque à elle seule toutes les commandes artistiques.

Les croix de pierre bleue appartiennent à cette catégorie de patrimoine de pays où la foi chrétienne a permis de sublimer le schiste local dans des réalisations, certes naïves, mais très artistiques.

Les éléments de la vie quotidienne : Ce sont des éléments édifiés pour répondre à des besoins premiers, s’alimenter en eau, laver le linge, soigner le bétail, franchir un fossé ou un ruisseau, moudre et presser les fruits, cuire le pain, etc.

Les éléments liés à l’eau : Fontaines, abreuvoirs, lavoirs, margelles de puits avec leur équipement de puisage, pompes, sont quelquefois implantés sur les communs, à la disposition de tous.

Les vestiges de l’agriculture d’autrefois : L’agriculture traditionnelle a laissé quelques outils monumentaux. Les pressoirs à fruits sont en général la propriété de particuliers. Les éléments les plus spectaculaires sont les monumentales meules en pierre, actionnées par les chevaux.

Les vestiges de l’artisanat : Moulins, fours à chaux, vestiges d’extraction de ressources du sous-sol ou de tuileries locales, forges, témoignent du travail artisanal d’avant l’ère industrielle, de cet art de maîtriser l’énergie de l’eau et de transformer les ressources du terroir proche.

Les dépendances de la maison : Remises de jardin, fours à pain, glacières, pigeonniers… Certaines de ces constructions témoignent des nécessités alimentaires fondamentales, d’autres issues du XIXe siècle servaient à l’agrément estival.

Les monuments commémoratifs : Après 1918, chaque commune édifie son Monument aux Morts, près de l’église ou de la Mairie. Apparaissent aussi à partir de la fin du XIXe siècle, des statues, des stèles de commémoration de personnes célèbres, méritantes, ou d’évènements particuliers.

Le patrimoine en devenir, héritage du XXe siècle : Dès le début du XXe siècle, le monde rural traditionnel a vu s’installer progressivement quelques édicules d’un genre nouveau : Transformateurs électriques, châteaux d‘eau marquant le paysage, éléments liés à l’industrie et aux mines, hérités parfois du XIXe siècle.

Le patrimoine de pays, considéré dans son ensemble, est un bien collectif, auquel prennent part différents partenaires.

En premier lieu les propriétaires, publics et privés, qui en sont les détenteurs et les premiers responsables.

En second lieu les différentes collectivités territoriales, Conseil Général, Conseil Régional, Communautés de Communes, communes, qui ont chacune à leur niveau une mission à remplir dans le domaine de la culture, du tourisme et du cadre de vie.

Enfin les artisans, les associations, les organismes de conseil et de formation.

Les propriétaires privés : Une part importante du patrimoine de pays est détenue par des propriétaires privés. Ce sont notamment les murs de jardin et une très grande part des calvaires, oratoires et chapelles édifiés sur un champ, en bord de chemin.

La Majorité des croix de chemin (comprenant de ce fait les croix en pierre bleue) a été édifiée par des particuliers et se trouve implantée sur des terrains privés même si ces croix sont en bordure de route et donc visibles par l’ensemble des habitants de la commune.

Ces propriétaires privés devraient être sensibles à ne pas détruire ou laisser à l’abandon ce qui est en leurs mains. Ils devraient être conscients de leur responsabilité vis-à-vis de la collectivité, en protégeant et en faisant restaurer si besoin leur bien propre, en s’entourant de tous les avis compétents.

Même en propriété privée, le patrimoine de pays est d’intérêt culturel général. C’est pourquoi les collectivités publiques, elles-mêmes devraient soutenir de façon importante les projets de restauration initiés par les propriétaires privés.

Les communes : Les communes sont propriétaires du patrimoine implanté sur le domaine public : croix de chemin, lavoirs, fontaines, pavages, anciens cimetières, arbres,…

Elles sont responsables en ce qui concerne la sécurité et doivent éviter, comme pour tout équipement ordinaire, les risques d’accident.

Une commune est compétente pour se préoccuper de l’ensemble du patrimoine de pays de son territoire, en propriété publique ou en propriété privée. Elle peut donc décider d’ engager des actions d’incitation et de sensibilisation pour le mettre en valeur et prendre des dispositions réglementaires pour le protéger.

Une municipalité doit avoir le souci de la préservation du patrimoine de pays se trouvant aux mains de particuliers, peu valorisé ou laissé à l’abandon, car ces éléments, bien que privés, font néanmoins partie de l’histoire locale.

Les associations et les bénévoles : Le patrimoine de pays n’est pas directement nécessaire au fonctionnement de la société, sa bonne conservation ne relève jamais des tâches les plus urgentes et tout le monde – loin s’en faut – n’y est pas sensible.

Pour sortir de l’ombre et de l’oubli, le patrimoine de pays a besoin de la passion de quelques-uns, de l’engouement de certains, parfois regroupés en association.

PEPITES44 est ainsi une association chargée de la valorisation de ce patrimoine, si spécifique à la région de Nozay et au Pays du Schiste dans son ensemble.

Elle s’attache à faire partager sa passion pour ces compositions artistiques, réalisées dans la pierre bleue locale, par des simples tailleurs de pierre, certes, mais à l’ indéniable talent de sculpteur.

Elle est soutenue par les collectivités locales qui apportent leur soutien et l’appui de leurs services techniques pour la remise en valeur de ces trésors.

Nous appelons l’ensemble des collectivités du Pays du schiste qui possèdent ces richesses trop souvent négligées à prendre conscience de l’importance de leur décision dans l’avenir de ce patrimoine qui risque de disparaître si l’on n’y prend garde.