Extraits du rapport de fouilles du Parc d’activités de l’Oseraye – Tranche 1 La Grigonnais / Nozay / Puceul.
Auteurs : Prêtre Karine, Le Guévellou Roland, Richard Jean-Marc , Thébaud Sébastien, Villevieille Julien.
Edition Cesson-Sévigné : Inrap GO, 2015
Réalisée dans le cadre de l’extension du parc d’activité de l’Oseraye tranche 1, l’opération de diagnostic archéologique a permis d’explorer une surface de près de 29,5 hectares.
La zone d’étude est localisée en partie nord-ouest de la commune de Puceul, à la limite des communes de La Grigonnais et de Nozay, sur des terres agricoles et de pâturages bordant la 4 voies Nantes-Rennes.
Les 332 sondages archéologiques ont permis la découverte de 5 indices de site, trois indices d’occupations protohistoriques, un indice du premier Moyen Âge et un indice non daté.
L’occupation protohistorique débute par la présence de deux fosses de l’Âge du Bronze ayant livré du mobilier céramique. Cet indice se situe sur un des points hauts du diagnostic.
La seconde zone d’occupation protohistorique concerne un ensemble de trois fosses ayant livré un mobilier céramique relativement abondant et varié comme des fragments de plaques de foyer et de peson en terre cuite. Ces éléments sont assez caractéristiques de contexte d’habitat principalement sur les habitats de La Tène ancienne à La Tène finale.
Le troisième indice concerne une petite série de fosses très arasées qui ont livré quelques tessons pouvant être attribués à la période.
Dans tous les cas, aucun autre vestige n’a été mis au jour à proximité directe de l’ensemble des fosses de rejet.
De manière anecdotique des tessons de facture protohistorique ont été retrouvés dans des couches superficielles lors de l’ouverture de tranchées sans qu’aucune structure ne soit mise en relation. L’ensemble de ces indices sont dispersés dans l’espace exploré.
L’indice de site le plus important concerne la période du haut Moyen Âge représentée par un ensemble de six fosses et d’un parcellaire associé.
L’essentiel des fragments est issu de ces structures en creux qui n’ont pu être testées en raison de la remontée quasi-immédiate de la nappe phréatique.
La céramique récoltée provient exclusivement des comblements supérieurs.
Il s’agit de pâtes très sableuses à granuleuse caractéristiques du haut Moyen Âge qui permettent de proposer une datation centrée sur les VIIe-VIIIe siècle.
Enfin, une série de fosses et de trous de poteaux peut être rattachée à la présence d’un petit bâtiment. La fouille manuelle des structures a permis de récolter des fragments de terres cuites et de scories tout en déplorant l’absence de mobilier datant.
Ces artefacts peuvent correspondre aux lambeaux d’une éventuelle activité artisanale.
Relativement limités dans l’espace, ces différents indices attestent d’installations anthropiques plutôt ténues qui ont l’avantage de mettre en lumière le potentiel archéologique d’un terroir encore largement méconnu.
1.1 Contexte géographique et archéologique
1.1.1 Localisation géographique et géologique
Les terrains concernés par l’opération de diagnostic archéologique sont localisés sur la commune de Puceul (Loire Atlantique), située à une quarantaine de kilomètre de Nantes et à 5 kilomètres au sud de Nozay.
La zone d’étude est localisée en partie nord-ouest de la commune à la limite des communes de la Grigonnais et de Nozay, sur des terres agricoles et de pâturages au bocage relativement dense.
Le projet de l’extension du parc d’activité de l’Oseraye tranche 1 porte sur 29,49 hectares, localisés le long de la 4 voies Nantes-Rennes. (Fig.2 et Fig.3)
Cet ensemble est localisé sur 3 secteurs topographiques qui s’articulent autour d’un plateau, légèrement ondulé s’étendant entre la forêt du Gâvre et la vallée du Don (retombée du Plateau de Vay), du secteur déprimé de la moyenne vallée du Don et de l’extrème sud de la zone des rides appalachiennes du Castelbriantais.
Les parcelles nord et sud de l’emprise peuvent être localisées sur une zone dite de plateau ou plaine à une altitude moyenne de 74 m NGF. Les parcelles ouest de l’emprise du diagnostic sont en pente douce jusqu’au ruisseau de la Blandinaie formant alors un thalweg en contre bas.
Un niveau d’argile blanche a été observé dans les tranchées n°216, 217, 220, 227, et 233 lié aux fluctuations du lit majeur du Ru.
Dans l’ensemble, ces terrains offrent un cadre plutôt propice à des installations humaines.
D’un point de vue géologique (Fig.4), l’emprise du diagnostic archéologique se situe sur une section où le sous-sol est exclusivement constitué par une série schisteuse dite synclinorium de Saint-Georges-sur-Loire, schistes chloriteux à nodules gréseux, lamprophyres et tuffites.
On note également la présence d’une bande d’assise d’argilite schisteuse jaunes à lie-de-vin contenant des alternances silteuses à quartz, muscovite (Trautmann 1988 : p. 23-25 et Cl.1).
L’altérite de schiste ou directement la roche ont été atteintes sous une faible couverture sédimentaire, d’une cinquantaine de cm en moyenne. Le substrat est recouvert par une couche de limon argileux brun à beige. Cette semelle limono-argileuse est d’une épaisseur variable de 0,10 m à 0.20 m, visible sous une couche végétale d’une trentaine de centimètres d’épaisseur (voir annexe, inventaire des tranchées de diagnostic et Cl.2).
1.1.2 Contexte archéologique et historique
Au regard de la géographie du secteur de la commune de Puceul, l’ensemble des facteurs géomorphologiques locaux semble contribuer à rendre à priori plutôt attractives les conditions d’une installation et d’un développement durable. Soulignons qu’aucune entité archéologique n’a été recensée jusqu’à présent sur la Carte archéologique nationale. […]
Aussi, l’emprise du diagnostic étant située au carrefour de deux autres communes, La Grigonnais et de Nozay, il a été jugé utile de consulter leur carte archéologique.
La commune de la Grigonnais dénombre à ce jour deux entités archéologiques dont une motte castrale dite du Souchay référencée à 3,5 km au sud-ouest de l’emprise du diagnostic.
La commune de Nozay inventorie une densité de vestiges légèrement plus importante. Aucun d’entre eux n’est impacté par le diagnostic ou se situe dans les environs immédiats.
D’autre part, la proximité de la ville de Blain doit être prise en compte. A l’époque antique, le site de Blain est occupé par un vicus généré par un croisement de plusieurs voies reliant Vannes à Angers, Ancenis et Mauves (axe est/ouest), et Nantes à Rennes (axe nord/sud).
(Ces itinéraires sont décrits par Léon Maître, dans «Les Villes disparues de la Loire-Inférieure», présentant une carte schématique des voies romaines sortant de Blain (Maître 1986 : p.332- 334)
.
Le secteur étudié peut être concerné par ce tracé car un axe passerait dans les environs de Puceul. Le tracé hypothétique de la voie romaine passerait au sud de la commune, à venir de Boisdin sur La Grigonnais, en passant par la Ménerais et se dirigant vers l’Est vers Augrain sur Saffré)
1.2.4 Contraintes techniques
Le diagnostic s’est déroulé en hiver du mois de février à la fin mars ce qui a entraîné des difficultés liées aux intempéries. Les terrains étaient gorgés d’eau ce qui a compliqué le déroulement normal d’ouverture des tranchées. Il a été très difficiles voire impossible de tester certaines structures, en raison des remontées d’eau (Cl.3)
2.1 Données générales
Le diagnostic archéologique a occasionné l’ouverture de 332 tranchées. La surface explorée est de 21 450 m² ce qui correspond à 8,29% de la surface prescrite.
143 tranchées se sont révélées positives (43 %) totalisant un ensemble de 242 faits mis au jour (tous vestiges confondus). On dénombre 163 segments de fossés, 58 fosses, 20 trous de calage de poteau et 1 structure de combustion.
En dehors d’un fossé ayant livré de la céramique gallo-romaine, les structures archéologiques se rapportent essentiellement à la période protohistorique, médiévale et moderne/contemporaine.
Il a été retenu 5 indices de sites (Fig.9):
– 3 indices liés à la Protohistoire
– 1 indice du premier haut Moyen Âge
– 1 indice non daté
D’autre part, la cadastration des terrains a été extrêmement morcelée au XIXe et XXe siècle.
Les délimitations étaient régulièrement marquées au sol par le creusement de fossé.
Ce dispositif a été vu au cours du diagnostic.
A ces différents indices archéologiques s’ajoutent des structures non datées et/ou subactuelles.
Tous ces vestiges archéologiques ont été enregistrées et ont fait l’objet d’une description,
Les structures archéologiques appartenant à des ensembles cohérents font l’objet d’une description et d’une analyse plus fine dans les parties ci-dessous.
2.2 Indices Protohistoriques
Les vestiges alloués la Protohistoire se relèvent à la fois ténus et diffus.
Les sondages mécaniques et manuels de ces vestiges ont permis de recueillir 154 restes céramiques, attribués à la Protohistoire sur la base des caractéristiques techniques des pâtes et des éléments typologiques récoltés4 (voir inventaire).
Cette occupation se perçoit uniquement au travers de petites structures en creux, conservées sur quelques centimètres d’épaisseur. Certains tronçons de fossés ont livré quelques tessons céramiques de facture protohistorique mais l’état très fragmentaire du mobilier induit une certaine prudence concernant l’attribution chronologique.
En revanche, certaines fosses ont révélé un mobilier plus « conséquent ».
L’indice le plus ancien concerne deux structures mises au jour dans la tranchée de diagnostic n°143. Les fosses FS1085 et FS1086 apparaissent à -0.45 m sous le niveau de décapage (soit à 73.30 m NGF). La fosse FS1085 est de forme ovalaire, de 1.16 m de longueur pour 0.80 m de large.
La fosse FS1086 est quant à elle plutôt circulaire avec un diamètre de 0,86 m. Testées manuellement, ces fosses ne sont conservées que sur une quinzaine de centimètres (Cl.5).
Leur profil est en forme de cuvette et elles se composent toutes deux d’un unique comblement limono-argileux brun avec inclusions de gros fragments de charbons (non prélevés).
La découverte de ces structures a suscité l’ouverture de fenêtres supplémentaires. Une seule autre fosse a été mise en évidence. Elle présente les mêmes caractéristiques que les précédentes. Les dimensions de la fosse ovalaire FS1087 sont de 0,56 m de large pour 0,92 m de longueur.
Aucun mobilier archéologique affleurant n’a été observé et elle n’a pas fait l’objet de test manuel.
En revanche, les fosses FS1085 et FS1086 ont livré plus de 52% de restes céramiques attribués à la Protohistoire sur la totalité de l’opération.
Quelques éléments typologiques permettent de situer ce petit assemblage dans la Protohistoire ancienne (Fig.11 et Cl.6).
La forme ouverte tronconique n° 1 B (FS1086) est ornée d’un discret décor à l’ongle sur la lèvre.
Ce type d’ornementation se dissocie du décor classique de digitation avec empreinte de l’ongle.
Il figure dans le registre décoratif du Néolithique (Ard 2014, p. 132, fig. 105, site de Puyraveau dans les Deux-Sèvres ; pl. 30, n° 16 : site de Chenommet à Bellevue dans les Charente, pl. 49, n° 1 : site des Prises à Machecoul en loire-Atlantique).
La forme tronconique ouverte n° 1B est diffusée sur toute la période protohistorique et n’est donc pas susceptible de préciser la chronologie même si la version à bord droit (c’est le cas de la forme 1 B) semble apparaître dans le courant du Bronze final.
Le décor à l’ongle n°1 B est également présent dans le Bronze ancien (par exemple et pour le Sud-Ouest de la France : Merlet 1992, p. 531, fig. 4).
La forme fermée n° 2 est présente dans les assemblages du Néolithique, du Bronze ancien et moyen. Par contre, la forme fermée à bord oblique n° 1 A renvoie à un horizon Bronze final ce qui éloigne cet assemblage de l’horizon Néolithique et Bronze ancien.
Le bord oblique est un attribut typologique fréquent sur les vases de la fin du Bronze.
Le décor à l’ongle, la forme ouverte n° 2A et la forme fermée à bord oblique sont ainsi associés en contexte Bronze final sur le site de Cussy dans le Calvados (Manem, Marcigny, Talon 2013, p. 254, fig. 9). Malgré le caractère lacunaire des données, la proposition de datation pour cet assemblage privilégie le Bronze final.
Le second indice protohistorique a été observé dans la tranchée de diagnostic n°312.
Il est constitué de trois fosses, FS1247, FS1237 et FS1236.
Cette dernière n’a été vue que très partiellement puisqu’elle est coupée de part et d’autre par des fossés modernes (FO1234 et FO1233).
La fosse FS1247 présente le meilleur état de conservation (diam ; 0.88 m ; profondeur max ; de 0.22 m). Son niveau d’apparition est à 68,41m NGF, soit à -0,40 m sous le niveau actuel. Son creusement est de forme ovoïde aux parois irrégulières .
Le comblement de la fosse est limono argileux avec de nombreuses inclusions de charbon et de blocs chauffés, en particulier de quartz.
La fosse FS1237 revêt un même faciès mais son niveau de conservation ne dépasse les 0.10 m de profondeur. Ces 3 fosses ont livré une vingtaine de restes céramiques, 350 gr de fragments de plaques de foyer et les fragments d’un peson en terre cuite ; éléments caractéristiques de contexte d’habitat (Fig.13).
Les fragments de plaques de foyers se retrouvent sur les habitats laténiens (de La Tène ancienne à La Tène finale) et constituent un marqueur chronologique fiable.
Les formes fermées n° 20A et 20 B sont en association dans le contexte du site du Pinier à Beaupréau (49) pour la phase La Tène ancienne (Levillayer, Prigent 2010, type 12, fig. 7, p. 9 et type 3 B, fig. 6, p. 8). La forme 20 A est également recensée dans le contexte La Tène ancienne du site de La Reculière à Ecouflant (49) (Nillesse 2001, fig. 74, phase 1).
La représentation graphique de la forme 20 D dont le diamètre n’a pu être restitué, montre nettement l’inflexion de la panse sous l’épaulement ; ce fragment de vase appartient à un vase de type écuelle caractéristique de la période laténienne. La datation pour cet ensemble s’oriente vers La Tène ancienne.
D’autres structures liées à la période de la Protohistoire (largo sensus) ont été mises au jour dans les tranchées de diagnostic n°288 et 292 ce qui a entraîné l’ouverture de fenêtres et de tranchées supplémentaires.
Les structures sont très arasées et ne donnent pas l’impression d’une véritable organisation dans l’état actuel des recherches. Il a été décidé de regrouper ces structures en un seul et même indice au vu de la faible densité de ces vestiges.
Le premier ensemble, tranchée 292, se compose de trois trous de poteau PO1210, PO1213 et PO1209 et d’une fosse oblongue FS1212 qui apparaissent à 69,37 m NGF (soit à -0.55 m sous le niveau actuel) – (Cl.10).
Les trous de poteau sont d’une même constitution à savoir une forme circulaire, d’un diamètre de 0.55 m, comblée par un unique sédiment limono-argileux brun/gris avec inclusions de quartz.
La fosse FS1212, de 1,70 m x 1,10 m, a un comblement limono-argileux brun/gris violacé.
Ces structures sont creusées dans le substrat de schiste violacé. Le trou de poteau PO1210 a été sondé manuellement sur une profondeur maximale de 0.10 m (Cl.11).
Son profil en forme de cuvette reste très difficilement interprétable au vu de l’état de conservation.
Cependant, la fouille a permis de récolter deux tessons de facture protohistoriques (à pâte grise à brune, dégraissants fins à moyens, aux surfaces régularisée).
Par extrapolation, les autres structures sont également reliées à la Protohistoire.
Situé à moins de 2 m plus à l’ouest, le tronçon de fossé FO1211 a été mis en évidence sur une longueur de plus 80 m (équivalents FO1220, FO1203, FO1199).
Il est orienté nord/sud. Son niveau d’apparition est à 68,91 m NGF (soit à -0,60 m sous le niveau actuel).
Testé mécaniquement, ce fossé a pu être observé en coupe (Cl.12). Creusé dans le schiste et la grave, il présente un profil en V et est conservé sur près de 0,40 m de profondeur.
Il se compose d’un unique comblement limono argileux gris clair avec des inclusions de charbons et des nodules de quartz. Ce fossé a également livré des tessons de terre cuite de facture protohistorique.
L’ouverture de la tranchée n°288 a permis également la mise en évidence du second ensemble constitué de 4 structures circulaires (Cl.13). Ces fosses sont d’un petit diamètre de 0.35 m ou 0.50 m au comblement limono argileux gris/brun avec des inclusions éparses de charbons.
La fosse FS1204 a livré en surface des tessons à pâte brune, surface régularisée/lissée attribuable à la période de la Protohistoire.
Il en va de même pour la fosse FS1208 qui a été testée manuellement. Conservée sur seulement 0.06 m de profondeur, la fouille de la fosse a permis de récolter des tessons de céramique à pâte fine brune et des tessons à pâte brune à noire aux dégraissants plus grossiers.
Enfin, le tronçon de fossé F1151 (équivalent FO1145) a livré des fragments de plaques de foyer.
Ce fossé a été vu sur une longueur de 12 m, pour une largeur de 0,50 m. Il est orienté ouest-nord-ouest/est-sud-est. Son niveau d’apparition est à -0.30 m sous le niveau actuel. Il présente un profil en U très légèrement évasé sur les côtés. Le seul comblement qui a pu être étudié est un limon brun homogène avec quelques poches d’altérites (Cl.14).
Au regard des vestiges, du mobilier recueilli et de leur répartition dans l’emprise du diagnostic, l’empreinte de la Protohistoire est modeste.
Ce ressenti est conforté par la découverte ponctuelle, hors structure, de mobilier lors du décapage des tranchées (TRD207, TRD220) ou piégé dans des anomalies naturelles (FS1101, FS1017, FS1224). Les éléments datants des occupations reconnues attestent tout d’abord d’une présence au cours du Bronze final puis ensuite vers la Tène ancienne.
2.3 Un tronçon de fossé antique5
L’époque gallo-romaine n’est représentée de manière fiable que par un seul tronçon de fossé reconnu sur la totalité de l’emprise du diagnostic. Il s’agit du fossé FO1068 (équivalent FO1072) rencontré en limite d’emprise, le long de la 2×2 voies Rennes-Nantes (Fig.9).
Il est orienté nord-nord-ouest/sud-sud-est et apparaît à 77,17 m NGF (le substrat est à -0,40 m sous le niveau actuel). Il a été vu sur une longueur de 10 m, pour une largeur de 1,50m (Cl.15). Il présente un profil en V avec un fond concave. Trois comblements remplissaient ce fossé sur une profondeur totale de 0,71 m.
Le premier comblement est composé d’un limon argileux jaune-orangé compact avec de rares inclusions de graviers de quartz.
Le second est constitué d’un limon argilo-sableux allant du brun clair au gris avec des inclusions de graviers de quartz et de schiste pulvérulent.
Le troisième est formé d’un limon argileux brun clair incluant des graviers de quartz et de très nombreux charbons. Celui-ci a livré 5 fragments de coupe Drag. 37 en sigillée de Gaule Centrale du IIe s. de notre ère. La dynamique de ces comblements indique un colmatage relativement lent.
Notons également que quelques fragments céramiques pourraient potentiellement être attribués à la période antique, dans la tranchée 247 (HS), la tranchée 181 (FO1106) et 311 (FO1230), mais l’aspect granuleux de la pâte pourrait également orienter vers une datation Antiquité tardive ou premier Moyen Âge.
2.4 Indice d’occupation du haut Moyen Âge6
Une zone comprenant les tranchées n°251, 261 et le sud de la tranchée 257 indique une occupation du haut Moyen Âge (Fig.9).
Une série de fosses a été mise au jour en particulier dans la tranchée 251.
Diversement conservées ces 6 structures ont livré du mobilier du premier Moyen Âge (Fig.16).
Les conditions climatiques ne nous ont pas permis de tester la puissance de ces structures puisque la tranchée a été rapidement inondée.
En accord avec le SRA, il a été convenu de ne faire qu’un ramassage de surface du mobilier archéologique afin de dater le dernier comblement des structures identifiées.
Les fosses FS1169 et FS1171 ont toutes deux permis de récolter du mobilier ; de grandes dimensions, la première est de forme ovalaire de : 2,15 m x 1,10 m tandis que la fosse circulaire FS1171 présente un diamètre de 1.65 m.
Le comblement sommital observé pour ces deux structures présente les mêmes caractéristiques, à savoir une argile limoneuse grise avec des inclusions ferromanganiques.
Le ramassage de surface a permis de récolter :
-Provenant de la fosse FS1171, 17 fragments : céramique à pâte très sableuse micacée, pas d’élément de forme, mais un décor à la molette de deux lignes de casiers (Fig.17).
– Provenant de la fosse FS1169, 9 fragments, 1 NMI : pot à lèvre évasé à inflexion col panse marquée à pâte granuleuse (CE03.TR251.FS1169). Cette forme reste trop simple pour être tout à fait discriminante mais se rencontre dans des contextes des VIIe et VIIIe siècle en Pays de la Loire (Moréra 2013).
Ces quelques fragments incitent à proposer une datation du site haut Moyen Âge centrée sur les VIIeVIIIe s, mais cette proposition est fondée sur un élément principal, la molette à décor ondée.
Les fosses sont encadrées par deux tronçons de fossés repérés à l’est et à l’ouest de la tranchée et dont il est difficile de s’accorder sur leur contemporanéité.
Il semble acquis que le fossé FO1078 soit synchrone avec l’occupation puisque son comblement supérieur a livré deux fonds de céramique, à pâte très sableuse, attribué au haut Moyen Âge.
Testé mécaniquement, ce fossé a pu être observé en coupe, sur une profondeur totale de 0,36 m (Cl.18). Il présente un profil en cuvette très évasé et se compose de deux comblements.
Le comblement basal est une argile grise homogène. Le comblement sommital est une argile limoneuse avec des inclusions de charbons et de cailloux décimétriques.
La partie occidentale de la tranchée 261 a révélé un embranchement de fossé où seul le fossé FO1084 semble contemporain de l’occupation (Cl.19). Il présente un profil en U évasé et se compose d’un seul comblement d’argile grise très proche du comblement observé du fossé FO1178. Observé sur une profondeur totale de 0,42 m, ce fossé est coupé par les fossés FO1186 et FO1187 (Cl.20). Le sondage mécanique n’a pas permis de récolter du mobilier datant. Cette tranchée de diagnostic n’a pas révélée d’autres structures.
La tranchée n°245, située à plus de 60 m à l’ouest de l’indice d’occupation du premier Moyen Âge, a révélé la présence d’une fosse-foyer FY1162 (Fig.18). Son niveau d’apparition au décapage est à -0.85 m sous le niveau actuel.
Elle est de forme circulaire avec un diamètre d’environ 0,60 m. Cette fosse est très arasée et ne présente qu’un unique comblement de limon argileux gris avec de nombreuses inclusions de charbons, qui se développe sur une profondeur totale de 0,10 m (Cl.21).
Le fond de la structure et le pourtour conservé sont entièrement rubéfiés (Cl.22). Aucun élément datant ni artisanal n’a été observé lors de la fouille de la structure. Il est néanmoins assez tentant de rattacher chronologiquement cette fosse-foyer à l’indice d’occupation du premier Moyen Âge.
Cette occupation dont le plan et les fonctions restent encore à définir constitue l’indice le plus important découvert au cours du diagnostic. Soulignons, que le mobilier céramique des périodes historiques recueilli au cours de cette opération représente seulement 170 fragments pour 4 individus comptabilisés sur le nombre de bord. Il est globalement fragmenté et relativement érodé. Le premier Moyen Âge est donc la période la mieux représentée au travers de ces quelques fosses de rejet. L’essentiel des fragments présente des pâtes très sableuses à granuleuse caractéristiques de cette période. Contemporain de cet indice, des fragments de céramique ont été mise en évidence dans un niveau d’argile blanche repéré dans les tranchées n°216, 217, 220, 227, et 233 lié aux fluctuations du lit majeur du Ru (Cl.23).
La tranchée de diagnostic n°217 a livré 99 fragments, 2 NMI hors structure : 7 fragments de céramique modelée, 6 fragment à pâte brune et engobe blanc avec molette à décor ondé croisé, un fragment avec molette de croisillon, 2 pots à lèvre ronde, fragments à pâte sableuse à granuleuse (CE02.TR217. HS). La céramique modelée peut-être protohistorique ou alto-médiévale.
Le décor ondé à la molette est le principal élément datant. Il évoque des décors datés autour des VIIe-VIIIe s. à Jublains (Husi 2013, p. 186-87) ou en Maine et Loire/Loire Atlantique (Moréra 2013).
Les tranchées 257, 235, 216, 247, 181 et 189 livrent des fragments de céramique de facture alto-médiévale, sans plus de précision. Enfin, un pot en grès et un vase à glaçure brune issu de FO1230 sont datés de la période contemporaine. Ils sont accompagnés de fragments à pâte orangée granuleuse qui peuvent datés de la période antique ou du premier Moyen Âge.
2.5 Indice d’occupation non daté
La tranchée 90 a livré une série de fosses et de trous de poteaux qui apparaissent aux alentours de 74 m NGF (soit -0.50 m sous le niveau actuel). L’organisation spatiale reste difficile à cerner mais on peut supposer la présence d’un petit bâtiment sur poteau (Fig.9 et 19). Les trous de poteau ont une morphologie relativement similaire, avec un diamètre d’une cinquantaine de centimètre et un comblement limono argileux gris homogène (Cl.24 et Cl.25).
Le trou de poteau PO1056 présente le meilleur état de conservation. De forme circulaire, il a un diamètre de 0,60 m pour une profondeur maximale conservée de 0,26 m (Cl.26).
Son profil est en U avec un fond relativement aplati. Son comblement est un limon argileux brun clair avec des inclusions de petits cailloutis, des nodules d’argile sèche, des éléments ferromanganiques et du charbon. On note également la présente d’une poche de schiste blanc altéré.
Une scorie et un élément de terre cuite ont été trouvés dans ce trou de poteau.
A proximité immédiate, le trou de poteau PO1053 présente un profil en U avec un fond plat et un comblement limono argileux gris clair avec des nodules d’argile.
La fouille manuelle de la structure a permis d’observer également des traces de rubéfactions et de charbons (Cl.27). Malheureusement, aucun mobilier archéologique n’a été découvert.
Ces deux structures fournissent des indices très tenus d’une éventuelle activité artisanale dont on ne peut en dire davantage. Malgré plusieurs autres sondages manuels, aucune structure n’a livré de mobilier datant.
2.6 Cadastration napoléonienne, contemporaine et structures non datées
De nombreux tronçons de fossés ont été mis au jour lors de l’opération (Fig.9 et 20).
Après report des tranchées positives sur les fonds cadastraux mis à notre disposition, il s’avère qu’une très grande majorité d’entre eux existent à l’époque moderne. La consultation du cadastre ancien révèle un parcellaire extrêmement morcelé en 1815, en particulier dans la partie nord de l’emprise.
Celui-ci est resté relativement figé dans le temps puisque les divisions parcellaires de l’atlas cadastral de 1982 reflètent sensiblement la cadastration napoléonienne (Fig.21).
Rappelons que chaque tronçon de fossé a fait l’objet d’un enregistrement consultable à la fin de ce rapport. Il en va de même pour les quelques fosses non datées.
3. Synthèse
Le diagnostic du parc d’activité de l’Oseraye sur la commune de Puceul se révèle positif avec trois indices d’occupations protohistoriques, un indice du premier Moyen Âge et un indice non daté.
L’occupation protohistorique débute par la présence de deux fosses de l’Âge du Bronze ayant livré du mobilier céramique. Cette occupation se situe sur un des points hauts du diagnostic.
La seconde zone d’occupation protohistorique concerne un ensemble de trois fosses ayant livré un mobilier céramique relativement abondant et varié comme des fragments de plaques de foyer et de peson en terre cuite.
Ces éléments sont assez caractéristiques de contexte d’habitat principalement sur les habitats de La Tène ancienne à La Tène finale. Le troisième indice concerne une petite série de fosses très arasées qui ont livré quelques tessons pouvant être attribués à la période.
Dans les tous cas, aucun autre vestige n’a été mis au jour à proximité directe de ces fosses de rejet. De manière anecdotique des tessons de facture protohistorique ont été retrouvés dans des couches superficielles lors de l’ouverture de tranchées sans qu’aucune structure ne soit mise en relation.
La présence humaine à l’époque antique est très ténue voire superficielle puisqu’un seul tronçon de fossé est attribué à cette période.
L’indice de site le plus important concerne la période du haut Moyen Âge représentée par une série de six fosses et d’un parcellaire associé. L’essentiel des fragments sont issus des ces structures en creux qui n’ont pu être testées en raison de la remontée quasi-immédiate de la nappe phréatique.
La céramique récoltée provient exclusivement des comblements supérieurs. Il s’agit de pâtes très sableuses à granuleuse caractéristiques du haut Moyen Âge qui permettent de proposer une datation centrée sur les VIIe-VIIIe siècle.
D’autre part une fosse-foyer isolée a été mise au jour en contrebas des tranchées ayant révélé l’indice médiéval. Cette structure de chauffe présente une importante rubéfaction homogène sur l’ensemble de son creusement. La fouille manuelle de la structure n’a pas permis de recueillir de mobilier datant.
Il est néanmoins assez tentant de rattacher chronologiquement cette fosse-foyer à l’indice d’occupation du premier Moyen Âge.
Relativement limités dans l’espace, ces différents indices attestent d’installations anthropiques plutôt ténues ou diffuses dans l’espace. Leur découverte permet de mettre en lumière le potentiel archéologique d’un terroir encore largement méconnu et d’inciter à la vigilance concernant les futurs projets d’aménagement.
Extraits de :
Prêtre Karine, Le Guévellou Roland, Richard Jean-Marc, Thébaud Sébastien, Villevieille Julien.
La Grigonnais, Nozay, Puceul (Loire-Atlantique),
Parc d’Activités de l’Oseraye,
Tranche 1 : rapport de diagnostic
Edition Cesson-Sévigné : Inrap GO, 2015