Chapelle de Massérac

Le Patrimoine du territoire 

La Chapelle et  « l’Abbaye » de Massérac

Copyright Dominique Lérault

L’abbé Pierre Ricordel (1914-1991) s’était intéressé au patrimoine de Massérac dont il fut le curé. Entre autres vestiges, à l’ancienne église dite chapelle et à la demeure la jouxtant au Nord appelée encore « abbaye ». Voici ce qu’il en dit et qui n’a pas évolué depuis…

La Chapelle de St Benoît, à l’angle Nord-Est du cimetière, est le chœur de l’ancienne église de Massérac. Ce chœur, construit comme l’ensemble de la première église au X°-XI° siècle, devait être à l’origine plus petit (moins profond) dans le sens de sa longueur…

Il fut restauré et agrandi en 1601. A l’angle extérieur du chœur, une pierre, « gravée « 1601 » en témoigne.

Cette date n’est donc pas celle de la construction de l’église mais de la restauration du chœur. A la base du mur, côté cimetière, on retrouve l’appareillage de l’église primitive, en petites pierres cubiques avec mortier ancien, comme à la base du mur de la nef côté abbaye.
Notons qu’en 1609 furent restaurés les murs de la nef et probablement la chapelle côté abbaye.

En 1627, fut restaurée et agrandie la chapelle du Rosaire, aujourd’hui disparue, qui faisait pendant, côté cimetière, à la chapelle encore debout et couverte côté abbaye.
Comme déjà dit, l’ancienne église dut être construite au plus tard vers le XI° siècle. A la base du mur de la nef Nord et du mur Sud du chœur, seuls restes de la partie la plus ancienne, on retrouve le petit appareil, apparemment de grès mêlé au quartz, taillé en forme presque régulière cubique et établi, par assises à peu près horizontales, un mortier de sable d’un jaune très prononcé, encore très consistant ?

Cet appareil semble bien cadrer aves l’époque indiquée ; elle est plus soignée que celle des murs modernes, construits au XVIII° siècle, où l’on retrouve le schiste du pays, lié par la terre.
A l’origine, l’église ne devait comporter qu’une nef, sans chapelle latérale, un chœur très réduit avec de petites fenêtres étroites mais évasées vers l’intérieur. Le départ de l’une d’elles se devine à l’angle du mur Nord et de la chapelle latérale ; une autre à gauche du chœur, murée, se devine à l’intérieur de la sacristie. Les dimensions de l’édifice auraient pu être d’une vingtaine de mètres de longueur et cinq à six mètres de largeur.

                                                     XVIIe siècle

Au début du XVII° siècle, l’église menaçant ruine fut reconstruite presque entière, d’une architecture simple et modeste, sans rien de remarquable dans son ensemble ou ses détails :
– la nef dont ne fut conservée que la base du mur Nord.
– les chapelles latérales ne furent sans doute construites qu’à cette époque pour augmenter la capacité de l’édifice. La chapelle Nord – dite de « l’abbaye » – avec sa porte d’entrée pour les moines, chapelle encore debout. La chapelle Sud – dite » du Rosaire » – disparue dont ne reste que la pierre gravée (chapelle du sacré Rosaire, 1627), scellée dans le mur intérieur du chœur.
– on ouvrit des fenêtres plus grandes, telles les deux qui existent actuellement. On édifia un clocher, flèche légère en ardoise accessible par une échelle à partir de la chapelle du Rosaire.

Cette nouvelle église était elle-même assez délabrée en 1870 et avait peine à contenir les habitants de l’époque. Aussi, elle fut démolie en grande partie et l’église actuelle, au centre du bourg, fut mise en service en 1872.

                                                  1872

C’est alors que le chœur de l’ancienne fut aménagé tel qu’il est actuellement. Entrons-y et voyons :

Ce qui a été conservé de l’ancien chœur:
Le retable, avec ses deux colonnes, ses boiseries, ses peintures, probablement du XII° siècle.
Le grand Christ qui domine le retable. Il est de bois de chêne ; auparavant, il était attaché, face à la nef, au mur du cintre dominant l’entrée du chœur.
La grotte aux burettes, dans le mur à droite de l’autel et le placard dans le mur à gauche.

Ce qui a été enlevé et remplacé:
L’ancien autel, remplacé par l’autel vitré qui renferme le tombeau.
Une statue de St Benoît, d’autres statues disparues dont celles de St Pierre et le mobilier du chœur. Les statues actuelles de St Benoît et Ste Avénie sont récentes.
Depuis la démolition de l’ancienne église, les curés morts à Massérac ont été inhumés dans le sol de la chapelle de St Benoît.



Ce qui a été transporté de la nef dans le chœur:
Le sarcophage de granit, tombeau de St Benoît. Il semble être l’authentique tombeau de Benoît. En effet, si les moines de Redon vinrent ravir son corps, sans doute en 898 soit environ 50 ans après sa mort, on ne trouve noté nulle part que ceux-ci aient emporté son tombeau.
La pierre commémorative de l’édification de la chapelle du Rosaire, scellée dans le mur à droite de l’autel, ainsi gravée « Chapelle du Rosaire de la Très Sainte Vierge Mère de Dieu, 1627 ».

Celle-ci, scellée en 1627, dans le mur intérieur de la chapelle du Rosaire, en fut retirée lors de la démolition vers 1870 et alors encastrée dans le mur du cimetière, près de la porte d’entrée. Elle y resta jusqu’entre 1906 et 1912 et fut placée où elle est actuellement.


La fenêtre dont on voit les vestiges était située au-dessus de la porte du chœur qui constituait auparavant la porte d’entrée du clocher, à laquelle on accédait par la chapelle du rosaire.

Le clocher se situait au-dessus du plafond, à l’angle du transept devant le pignon de l’entrée actuelle. A la droite de la porte d’entrée, le grand bénitier de granit qui doit dater de l’origine de l’église.

 Il était naguère sous le chapiteau ou « chapitret » qui abritait la porte d’entrée latérale de l’ancienne église, côté cimetière, à peu près où pousse actuellement un if. Il mériterait d’être à l’intérieur pour éviter qu’il ne se désagrège davantage. Il en vaut la peine car il semble être de la même époque que le tombeau.

Ce qui a été transporté dans la nouvelle église:
Le reliquaire classé de St Benoît et Ste Avénie qui contient quatre petits os de Benoît et d’Avénie ; l’abbaye de Redon les restitua aux habitants de Massérac, sur leurs instances en 1615.. Les autres ossements de Benoît en l’abbaye de Redon furent dispersés à la Révolution.
Un coffre-fort de grande dimension, d’origine ancienne, fait de bois de chêne, bardé de grosses lamelles de fer, avec trois serrures distinctes ; il ne pouvait être ouvert par le recteur qu’en présence de deux marguilliers.

Ce qui a été transporté à la chapelle St Yves de Guémené.
Une partie de l’ancien autel, la balustrade, une ou deux statues, quelques bancs et le chemin de croix.
                                                    L’abbaye

Que dire des bâtiments du prieuré où demeurèrent les moines jusqu’au XVI° ou XVII° siècle ? Ils devaient se situer aux alentours de l’église si l’on en juge par les fondations des murs ; ceux-ci ont été découverts lors du creusement des tombes dans le cimetière ou lors des terrassements dans la cour de l’abbaye.
Le bâtiment, situé au Nord de l’église, s’appelle toujours « l’abbaye ». Il a toujours l’aspect d’une habitation bourgeoise ou seigneuriale, plus qu’un monastère dont la construction fut relativement soignée. L’abbaye (ou prieuré) ne fut plus ce qu’elle fut jadis.
Il est vraisemblable que, dans la construction de l’édifice actuel, furent employés des éléments de l’ancien prieuré, comme le laisse supposer de belles pierres d’angle qui semblent être des éléments d’anciennes fenêtres à meneaux.
Disparition de l’ancien prieuré et construction de cette nouvelle demeure correspondent-elles à l’époque où, vers 1531, le prieuré ne régit plus la paroisse ? Et, resté seigneur de Massérac, il construisit alors cette nouvelle résidence. Datée sans doute des XVI° ou XVII° siècle.

Texte de l’Abbé Ricordel, revu par Alain Billard et l’Association Histoire et Patrimoine de Massérac. Ce texte est complété de descriptions d’autres vestiges et de photos sur le site de l’association :

http://histoiredemasserac.fr , onglets histoire puis moyen-âge, puis Xe première église.