Arbre Poumon de nos vies ligériennes

débat autour de l’arbre dans notre environnement, animé par le CESER et organisé aux pépinières du Val d’Erdre, lundi 26 juin à partir de 18h.

Le CESER , Conseil Economique Social et Environnemental Régional, a démarché la Communauté de Communes Erdre et Gesvres pour présenter son rapport ‘l’arbre, poumon de nos vies ligériennes’ et animer un débat citoyen sur cette thématique (1/2h présentation, 1h30 de débat).

Le CESER a porté, et continue jusqu’en juillet, cette animation sur au moins une vingtaine de territoires de la région. Le débat est filmé pour permettre une compilation et un livrable à l’issue de cette campagne.

Dans la Conclusion du Rapport du Conseil économique, social et environnemental de la Région Pays de la Loire, les rédacteurs (Xavier de la BRETESCHE au nom de la Commission « Aménagement des territoires – Cadre de vie », assisté d’Éric BUQUEN, chargé d’études) souhaitent «  insister sur trois principes :

La nécessité que l’arbre soit au cœur de nos vies dans un contexte européen et mondial, celui du réchauffement climatique qui nous montre tous les jours que la terre n’est pas inépuisable.

Le nécessaire accompagnement des entreprises qui sont à la recherche de foncier disponible pour réaliser des plantations, notamment des haies.

La volonté que l’Etat mette en place des taxes carbone fléchées pour faciliter le développement de la filière bois local et durable.

Notre région doit être un modèle de volontarisme dans l’action sur ces sujets afin que demain elle rayonne par son expertise issue de ses décisions et de son expérience. Elle n’est pas seule à devoir agir, la société civile (à travers ses associations, ses habitants mais aussi les milieux économiques) doit prendre toute sa place en acceptant de revoir tout ou partie du modèle existant.

Il est ainsi évident que ce défi ne se fera pas sans les agriculteurs et sans assurer leur renouvellement, pour retrouver une région bocagère, conserver l’élevage et développer fortement l’agroforesterie.

Enfin, nous affirmons ici que si cette étude a vocation à s’adresser aux composantes CESER, prenant en compte l’ensemble de ses sensibilités et représentant de ce point de vue une forme d’expertise des corps intermédiaires, elle a vocation également à interpeller et proposer des alternatives à l’exécutif régional en particulier et de façon plus globale à l’ensemble des collectivités, voire à l’État au titre de sa fonction régalienne.

Elle a également enfin, et nous souhaitons insister sur cette nouvelle dimension, vocation à être enrichie par le citoyen et de ce point de vue être portée comme une contribution au débat public avec un triple enjeu :

Comment une instance telle que la nôtre peut créer les conditions du débat public avec la population ?

Comment à partir d’une expertise construite, celle-ci peut se confronter à la réalité locale ?

Comment collectivement nous sommes en mesure de convaincre que l’arbre est au cœur de nos vies ?

Nous devons être à la fois ambitieux et pragmatiques sur ce sujet, c’est la raison pour laquelle nous allons créer les conditions du débat avec la population là où c’est possible, ceci afin de produire des contributions qui pourraient être une forme d’amendement à notre travail demain. »

Quelques extraits du rapport illustrés de Photos extérieures.

Bienfaits de la Haie pour les milieux et les espèces

La gestion qualitative de l’eau

La haie composée d’arbres a une capacité d’absorption très importante des nitrates et des phosphores. Elle constitue une barrière mécanique à l’itinérance des pesticides par le ruissellement.

Cliché : Association Haie Fay Bocage (Fay-de-Bretagne)

Une haie riche en humus abrite de nombreux micro-organismes décomposeurs qui améliorent la qualité du sol et rendent de nombreux services écosystémiques (notamment celui de décomposer tout ou partie des produits chimiques tels que les pesticides). […]

L’effet tampon de la haie se démontre autant sur la qualité que sur la quantité. La limitation du phénomène d’érosion permet de clarifier l’eau qui ruisselle. Celle-ci moins chargée en produits d’érosion ne vient pas collapser le fond des cours d’eau, cela permet une vigueur environnementale améliorée à tous les échelons de nos préoccupations !

La percolation permet l’alimentation de la nappe par une eau filtrée et épurée de nombreux produits.

Ceci cependant devra dans le temps être associé à une remis en état des cours d’eau, qui ont aujourd’hui une forme et une profondeur qui accélère le ruissellement, et finalement font baisser le niveau normal de la nappe phréatique. Cette spécificité, suppression des méandres et creusement des cours d’eau, a un impact négatif sur la capacité des haies à se développer convenablement, la nappe étant trop profonde pour être facilement mise à la disposition de la croissance ligneuse des arbres et arbustes de la haie bocagère.

La rectification des cours d’eau (remembrement) a conduit à une modification majeure de l’équilibre hydromorphologique de ceux-ci. Le redressement des cours d’eau a eu pour premier impact un changement dans le régime d’érosion.

Cliché : Didier Teffo PEPITES44

L’érosion latérale qui était le propre des cours d’eau méandriformes s’est trouvé modifiée au profit d’une érosion longitudinale (donc une érosion du fond du lit).

De cette érosion naît un déséquilibre sédimentaire, et surtout, un enfoncement du lit et donc un enfoncement de la nappe d’accompagnement. Cette disparition de l’eau en surface, en lien avec l’enfoncement du lit du cours d’eau génère, sur le long terme, un assèchement du bassin versant et un impact sur la ripisylve, l’ensemble des formations boisées (arbres, arbustes, buissons) qui se trouvent aux abords d’un cours d’eau voire sur l’ensemble de la végétation du bassin versant.

Il existe donc un risque non négligeable que la végétation du bassin versant ne puisse correctement s’implanter si la restauration du maillage bocager n’est pas concomitante à une restauration des cours d’eau avec reméandrage et/ou remontée du lit mineur du cours d’eau.

Sur la biodiversité

Pour commencer, quelques données scientifiques sur la biodiversité qui nous aideront à mieux comprendre l’importance des arbres, en ville et à la campagne.

Selon l’observatoire de la biodiversité en 2018, 22 % des espèces animales sont menacées de disparition en métropole. Certaines études sur les oiseaux en particulier montrent des déclins notoires et alarmants.

Ces effondrements de populations et d’espèces sont liés, non seulement aux pratiques agricoles qui réduisent drastiquement le bocage dans certains territoires, mais également dans une large mesure aux activités humaines plus globalement. Ainsi, l’accroissement des infrastructures (routières, ferroviaires ou encore de communication), l’étalement urbain et la consommation de foncier, participent à la disparition des habitats et donc des espèces.

Cliché : Didier Teffo PEPITES44

La haie est un abri en tant que tel, à tous les étages de sa végétation. Elle constitue une ressource à la fois alimentaire (dont les arbres morts constituent aussi un élément) et une grande diversité de gîtes pour d’innombrables invertébrés : insectes, papillons etc. et de vertébrés : oiseaux, batraciens, reptiles mammifères.

Depuis que l’Homme s’est sédentarisé, et via ses pratiques d’élevage, les différentes formes d’entretien des haies (trogne/têtard) ont longtemps contribué à la diversité et la fonctionnalité des biotopes.

Dans les Deux-Sèvres, l’analyse des relations entre les peuplements d’amphibiens, la qualité des sites de reproduction, les caractéristiques du paysage et la stabilité des structures paysagères (Boissinot, 2009) ont permis de montrer qu’un linéaire de haies important associé à de nombreuses mares et des petits boisements influence positivement la richesse spécifique et l’occurrence de plusieurs amphibiens dans cette région.

Cliché : Association Bretagne Vivante (section de Châteaubriant)

Il en est de même avec la stabilité paysagère (entre 1959 et 2002) qui influence la richesse ainsi que l’occurrence du triton marbré, de la salamandre tachetée et de la rainette verte.

Une autre étude conduite dans ce département met en évidence qu’une densité élevée de haies, de l’ordre de 300 m linéaires/ha est associée à une richesse spécifique moyenne en reptiles supérieure à 3 espèces soit une valeur 2,5 fois plus élevée qu’avec une faible densité en haies de l’ordre de 60 mètres linéaire (Boissinot, 2013).

Rappelons que pour que l’arbre participe à connecter la biodiversité, il faut qu’il soit relié à d’autres. On considère que sa végétation située à plus de 200 m de ses congénères ne peut accueillir de nombreuses espèces animales qui ont besoin de fluidité dans leurs déplacements.

Les arbres isolés ne permettent pas le brassage des populations animales car ils sont déconnectés du réseau. Il faut un maillage serré et cohérent pour favoriser le brassage génétique des espèces (ce qui est valable également pour les déplacements dans les airs). On observe ainsi que dans les carrefours entre plusieurs zones boisées (lisières et ripisylves), la fréquentation augmente.

Grâce à sa taille, l’arbre capte en hauteur et en profondeur les sources d’énergie et de matières premières pour les transformer, se nourrir et rend ainsi disponible les nutriments nécessaires aux autres espèces animales et végétales qui ne pourraient pas survivre sans ces apports. Cette production de biomasse rend « comestible » la lumière du soleil pour les autres espèces sous forme de fruits de fleurs, d’écorces, de bois, de feuilles…

Ainsi, les arbres sont au fondement de chaînes alimentaires complexes qui favorisent la diversité du vivant.

La diversité des haies champêtres permet une diversité des cycles biologiques et donc d’étaler les ressources en nourriture dans le temps et d’offrir des conditions de vie à une plus grande diversité animale. La succession des périodes de bourgeonnement, de floraison, de fructification allonge la durée d’alimentation.

En plus de nourrir la faune, de façon périodique, saisonnière ou permanente que ce soit pour le repos, la reproduction ou l’alimentation, il accueille la vie à tous les étages pour des espèces visibles et invisibles. L’avifaune est logée dans les houppiers, les branches et les rameaux accueillent des nids.

Cliché : Jean-Paul Mérot (LPO 44)

Les insectes, les mammifères, les oiseaux viennent occuper les cavités et les décollements d’écorce. Les racines permettent la construction de terriers. Les feuilles accueillent des champignons et des insectes. Les cavités sont également sources de terreau pour les plantes. Les rides de l’écorce accueillent des champignons et des mousses.

Par ailleurs, beaucoup de plantes grimpantes poussent sur les arbres et sont des refuges diurnes et nocturnes, ou station d’hibernation. Les arbres protègent tous les animaux domestiques ou sauvages des ardeurs du soleil en cas de fortes chaleurs estivales.

Sur le terrain, il est remonté aussi des baisses du nombre d’espèces d’oiseaux en lien avec la baisse du nombre d’espèces d’insectes, il n’y a pas que les animaux auxquels on pense habituellement. Tout est lié dans la biodiversité, c’est ce qui est passionnant, et qui fait qu’on dispose de différents leviers pour agir mais qu’on doit prioriser.