Randonnée Mazuet Plessé

Randonnée Mazuet à Plessé/Guenrouët (Notre Dame de Grâce)  

Le fil conducteur de cette randonnée, qu’il est proposé de faire à vélo ‐ mais elle est possible, bien sûr, à pied ‐, est un ensemble de cinq œuvres du sculpteur Jean Mazuet situées sur cinq sites, également accessibles en voiture. 

Cette randonnée, préparée par des habitants, la municipalité et l’association mémoire d’un pays forme une boucle d’environ 25 kilomètres, partant du bourg de Plessé (sur le parking du Zed, près de la médiathèque) puis passe à Saint‐Clair, fait une incursion sur Notre‐Dame‐de‐Grâce en Guenrouët, visite Larré et s’achève au bourg de Plessé pour fermer la boucle. 

Elle dure environ trois bonnes heures à vélo, selon les arrêts et la curiosité des randonneurs !

 Notez qu’entre le bourg de Plessé et le village de Saint‐Clair, elle emprunte l’itinéraire « Plessé à vélo » reliant ces deux lieux. 

Mais, en préalable, Qui est Jean Mazuet ? 

Jean Mazuet est né en 1908 à Saint‐Brieuc. Il s’oriente vers le métier de menuisier et se spécialise dans la sculpture sur bois où il démontre des dons exceptionnels.

 Il entre à l’école des Beaux‐Arts de Rennes puis à Paris, où il poursuit des études supérieures avec les plus grands sculpteurs. 

Il reçoit plusieurs distinctions et en 1938, il obtient la médaille d’or des artistes français et la ville de Paris lui passe plusieurs commandes dont un buste de Jules Verne. En 1939, il s’installe à Nantes comme professeur à l’école des Beaux‐Arts ; il en sera le directeur après la guerre. 

Il réalise plusieurs sculptures, dont : à Ancenis ‐l’œuvre la plus connue de l’artiste‐ au fronton de la chapelle Notre‐Dame‐de‐la‐Délivrance. 

Après la guerre, Jean Mazuet réalise à Nantes, place du Pont‐Morand, le monument aux 50 otages puis celui du Pas‐du‐Houx à Saffré en hommage aux héros du maquis. À Saint‐Nazaire, il décore d’un bas‐relief l’entrée du groupe scolaire Pierre et Marie Curie.

Et sur la rando Mazuet que vous allez parcourir ? 

À Plessé, il réalise trois sculptures : à la fontaine de Larré en 1954, à Saint‐Clair et à la maison hospitalière de la Rochefoucauld en 1957 ; il réalise le tympan de l’église de Notre‐Dame‐de‐Grâce en Guenrouët en 1951.

 Enfin, à la gare voyageurs SNCF de Nantes, son œuvre représentant la Loire et ses affluents nantais date de 1968 ; cette dernière œuvre a fait l’objet d’un don à la commune de Plessé et l’association « Mémoires d’un pays » en 2022 ; elle sera placée devant la médiathèque dans le bourg de Plessé. 

En 1975, il se retire à Oudon et décède en 1984. 

Jean Mazuet, un membre du mouvement artistique breton, les « Seiz Breur »

 La démarche de ce mouvement artistique, né dans l’Entre‐deux‐guerres, est basée sur la constatation de la stagnation de l’art breton traditionnel, si riche dans le passé, se figeant dans la répétition de modèles éprouvés, dont les œuvres sont qualifiées de « biniouseries ». 

Dans les églises, les statues de style sulpicien détrônaient les anciennes statues en bois polychromes, les motifs de broderie dessinés à Paris remplaçaient les dessins traditionnels sur les costumes, la musique bretonne ne se renouvelait plus… 

Et jusqu’aux monuments aux morts, standardisés par un choix sur catalogue qui était privilégié par rapport au savoir‐faire d’un tailleur de pierre local. 

Pour les créateurs de « Seiz Breur », l’art breton doit se renouveler et demeurer l’expression de l’âme vivante de la Bretagne.

 Et cela dans tous les arts : l’architecture, la décoration, la littérature, la musique, la peinture et la sculpture, la gravure sur bois, la céramique, le vitrail, la ferronnerie, l’ébénisterie, le textile, la fresque, l’illustration. 

Ses créateurs produisent des bannières brodées, des statuettes en faïence (en collaboration avec les faïenceries quimpéroises), des vêtements et objets liturgiques. 

Ils encouragent l’utilisation de matériaux nouveaux, tel le béton, ou de techniques nouvelles comme le photocollage ou le cinéma.

 Ils mettent alors en œuvre différents modes de diffusion : du livre à la carte postale, en passant par le timbre, le calendrier, le bijou, le meuble, le coussin brodé, la tasse à café, l’affiche et même l’art des vitraux.

 Les motifs les plus représentatifs dans l’art des Seiz Breur sont les dents‐de‐scies, les spirales, les triskels, les hermines, les palettes, les plumes de paon… 

qu’ils font évoluer et modernisent en s’inspirant notamment de l’Art déco. 

Dans ce groupe artistique, on trouve des Nantais, tel le compositeur de musique Paul Ladmirault, les sculpteurs Jean Fréour et, bien sûr, Jean Mazuet. 

Ainsi que les maîtres‐verriers rennais, les frères Rault. 

Jean Mazuet dans le contexte de l’après‐guerre de 1939/1945 

Après le second conflit mondial, est venu le temps de la reconstruction de nombreux monuments tant publics que privés. 

La contrée a, en effet, payé un lourd tribut en pertes humaines et destructions du fait de la Poche de Saint‐Nazaire. 

C’est particulièrement vrai pour les communes de Guenrouët et Plessé, situées toutes les deux de part et d’autre du canal de Nantes à Brest qui représentait la frontière entre la Poche, où s’étaient repliés des éléments de l’armée allemande, côté Guenrouët, et la zone libérée, contrôlée par les Alliés, côté Plessé.

 Les dommages de guerre permettent des chantiers où des artistes comme Jean Mazuet et ses confrères peuvent ainsi mettre en œuvre leur art. 

L’église de Notre‐Dame‐de‐Grâce, sur la commune de Guenrouët, est un excellent exemple de ce dynamisme collectif s’appuyant sur la force d’une équipe.

13. Bourg de Plessé, dans le jardin devant la médiathèque 

Une œuvre civile de Jean Mazuet, « La Loire et ses affluents nantais, L’Erdre et La Sèvre nantaise »

 La sculpture sera installée ici dans le courant de l’année 2022, conclusion d’une belle histoire pour la commune de Plessé : Le 10 novembre 2021, Francis Blin et Marie‐france Chaussé, président et secrétaire de l’association « Mémoires d’un pays », reçoivent un mail de la direction régionale de la SNCF à Nantes, les informant qu’en raison d’importants travaux à la gare voyageurs de Nantes, elle doit « malheureusement se séparer d’une statue de Jean Mazuet » et donc, « recherche une association ou des membres de la famille de l’artiste, pour l’accueillir ».

 Avec le désir « qu’une telle œuvre soit mise en évidence et dans un lieu sûr ». Cette sculpture était située dans le hall‐voyageurs de la gare, avant d’être remisée dans le hall d’entrée de la direction régionale de la SNCF. 

Le 14 novembre 2021, la bonne surprise passée (comment et pourquoi « Mémoires d’un pays » a‐t‐ elle été contactée ?) et après en avoir informé la mairie de Plessé, nous répondons à la SNCF et montrons notre intérêt pour cette proposition.

 Rapidement, nous convenons d’une date  ‐le 7 décembre 2021‐ pour une rencontre sur place entre la SNCF et, pour Plessé : de la mairie, un élu et le directeur général des services ; de l’association « Mémoires d’un pays », trois personnes dont Guy Wambergue, Plesséen de souche‐sculpteur/élève de Mazuet et ayant participé avec son maître au travail sur cette sculpture dans les années 1960 !

Avant cette rencontre, nous avons recherché les ayants‐droits(les héritiers) de Jean Mazuet. C’est ainsi que nous avons contacté puis correspondu avec sa fille ; laquelle a immédiatement donné son accord pour l’opération. 

Par ailleurs, nous avons aussi joint M. Laurent Delpire, conservateur des antiquités et objets d’art de la Loire‐Atlantique à la Direction Régionales des Affaires Culturelles (DRAC). 

Le 7 décembre 2021, c’est donc notre rencontre fort intéressante et utile, avec la SNCF avec, pour nous, la (re)découverte de cette œuvre de Jean Mazuet ! : haute de 3,50m., pesant environ 6 tonnes, elle a été sculptée dans un bloc unique de pierre‐calcaire de Chauvigny, une commune située à l’Est de Poitiers.

 Elle représente une allégorie de la Loire et ses deux affluents nantais, l’Erdre et la Sèvre nantaise, sous la forme de trois visages disposés sur le pourtour de la sculpture et à des hauteurs différentes. 

Les modalités juridiques (convention du don) et techniques (extraction de la sculpture de son emplacement actuel, son déménagement vers Plessé vers son site d’installation et les travaux de préparation) sont examinées par chacune des parties concernées par le projet (SNCF, mairie de Plessé, association « Mémoires d’un pays »). 

La date‐butoir du déménagement de la sculpture est fixée à la fin de l’année 2022, puisqu’à cette échéance, les travaux de rénovation du bâtiment abritant la sculpture commenceront.

1. À l’ancien hôpital de La Rochefoucauld, la sculpture de Jean Mazuet 

L’ancien hôpital de La Rochefoucauld, « Maison hospitalière de Plessé », a été construit au début du 20ème siècle, par la famille de La Rochefoucauld. 

Ses bâtiments principaux sont disposés sur les trois côtés d’un jardin intérieur ; 

le quatrième étant longé par la chapelle de la maison. 

La statue de Jean Mazuet a été placée en 1957 dans ce jardin intérieur, le long du mur nord. Pour mémoire, notons que dans les mêmes temps, la rénovation et l’embellissement de la chapelle étaient en cours : 

dès 1943, les murs du chœur ont été décorés de trois fresques de Pierre Bouchaud ;

 celles‐ci racontent l’histoire du « Bon Samaritain » et sont évidemment en rapport avec la raison d’être du lieu :soins aux personnes malades, accompagnement jusqu’à la fin de la vie. 

Malheureusement, des infiltrations d’eau dans les murs du bâtiment ont rendu leur lecture presqu’illisible et leur état est inquiétant. 

Par la suite, un ensemble de nouveaux vitraux a été posé. Avec la construction du nouvel Ehpad de Plessé, tout proche, l’ancien hôpital est affecté à des services intercommunaux ; ce qui va entraîner la nécessité de déplacer la sculpture de Mazuet à l’extérieur des bâtiments pour qu’elle soit visible à tout moment.

 Le lieu de son futur emplacement n’est pas encore déterminé.

La sculpture de Jean Mazuet : de l’entrée dans la maison hospitalière par la porte principale, nous apercevions, par les baies vitrées de la porte donnant sur le jardin intérieur, la sculpture de Jean Mazuet, placée en léger retrait de la structure du bâtiment.

 C’est une représentation très simple de la Vierge Marie, debout, tenant dans sa main gauche, une fleur de lys. 

Elle n’a pas le style hiératique de la statue de Saint Clair que nous verrons plus loin sur le circuit. Mais son visage est paisible et, ses bras largement ouverts, son attitude est accueillante ; elle est tout empreinte d’humanité.


Etape n°2, la Vierge de l’ancien hôpital de Plessé, placée maintenant dans l’église de Plessé,

 

Nous n’avons pas de renseignements sur les circonstances de la commande de cette œuvre, mais pensons que le rôle du curé de Plessé de l’époque, l’abbé Fraboul, a été déterminant

2. Châteaux de L’Épinay 

Quelques centaines de mètres sur la rue de la Croix Verte, après avoir longé la propriété du Castel, puis l’ancienne ferme de Couëdan et négocié un long virage…

 Au travers de la végétation, on perçoit  sur la droite, au loin, les toitures de l’actuel château de l’Épinay et, en avant, plusieurs bâtiments anciens qui sont ce qui reste de l’ancienne forteresse. 

Celle‐ci faisait partie, autour de la forteresse principale de Château‐Sé (au bord du canal, à St‐Clair), d’un réseau de forteresses plus petites (avec Carheil, Fresnay, le Saint des Bois, Trémart) édifiées fin 9ème/début 10ème siècle au temps d’Alain Le Grand, dernier roi de Bretagne, pour protéger la contrée des envahisseurs. 

Ce « vieux château » avait une forme pentagonale. 

Composé de neuf tours, il était défendu par une muraille et un fossé de 5 mètres de profondeur alimenté par le ruisseau de Rozay et sur lequel était jeté un pont‐levis.

 Situé tout proche de l’actuel village de Rozay, ce château commandait le passage de cette importante voie de communication empruntant la voie romaine dont nous parlerons à plusieurs reprises sur le circuit de la randonnée. 

L’existence du premier château de l’Épinay s’arrête lorsqu’il fut démantelé dans les années 1580 lors des guerres de religion ; le seigneur de l’époque ayant adhéré à la religion réformée. 

Le monument a ensuite servi de… carrière de pierres pour des constructions aux alentours. Il n’en reste aujourd’hui qu’une partie de l’ancienne douve et un bout de bâtiment, sauvegardé car la qualité de ses pierres était moindre pour être remployées. 

Quant au château actuel, construit à partir de 1880, il est inséré dans un parc boisé recelant quelques arbres remarquables plantés à la même époque que le château. Ses dépendances complètent harmonieusement l’ensemble.

3. ROZAY 

Rozay: un village‐rue dont la traversée par la route Ancenis/Redon est très passagère. Son aménagement pour le sécuriser est en cours. 

SOYEZ TRES PRUDENTS ! Cette route emprunte en fait une ancienne voie romaine qui pouvait relier Blain à Port‐Navalo. 

Mais, bien antérieurement, c’est un tumulus situé derrière l’importante maison, une ancienne gendarmerie, à la sortie du village, sur la droite, qui attestait la présence humaine à Rozay. 

Bien des siècles plus tard, le château‐fort de L’Épinay, tout proche et dont vous venez d’apercevoir le peu qu’il en reste, commandait le passage de cette voie de communication. 

On raconte aussi que le roi Louis XI aurait passé une nuit à Rozay, à moins que ce soit le roi Henri IV… 

Enfin, c’est encore à Rozay qu’aurait pu se développer au cours de l’histoire une bourgade plutôt que sur le site de l’actuel bourg de Plessé. 

Arrêtez‐vous quelques instants pour observer dans un passage sur votre droite, après l’impasse de l’ancienne forge, un puits à double entrée, intégré au mur pignon de la première maison à gauche : côté rue, pour pouvoir puiser de l’eau et abreuver les animaux et, côté intérieur de la maison, pour approvisionner en eau les besoins de la famille qui y vivait. 

En sortant de Rozay, avant le pont qui enjambe le ruisseau, prendre la direction de Beaudouan / Carheil / L’Angle.

 Sitôt passé le carrefour, prenez le temps de regarder sur votre gauche, au fond du pré que vous longez, un puits superbe abrité sous un toit d’ardoises à quatre pentes ; il a été récemment restauré par ses propriétaires. 

Continuez votre route vers Beaudouan. Vous allez rapidement longer sur votre droite un bois entourant une propriété. La route est un peu montante et heureusement, car à vélo, vous allez forcément rouler moins vite et ainsi, admirer un petit bijou de construction au fond d’une grande prairie.

4. Beaudouan 

Voici donc Beaudouan, « une Folie à Plessé », comme on appelle « Folies nantaises », des demeures édifiées aux XVIIIème et XIXème siècles, à Nantes ou à sa périphérie. 

La maison de Beaudouan, construite vers le milieu du XIXème siècle, est ainsi d’une architecture très simple, avec un corps principal de forme carrée, à deux niveaux d’habitation, auquel sont accolées de chaque côté deux prolongements à un seul niveau ; c’est une merveille d’équilibre et de sérénité. 

Pour mémoire, à Nantes, la place Mellinet, de style Charles X et une des plus belles de la ville, est bordée de huit hôtels particuliers édifiés sur le même plan ; de même, à St‐Sébastien‐sur‐Loire, boulevard des Pas Enchantés, une de ces « folies » a appartenu au général Cambronne et sa famille. 

En roulant lentement, la maison défile vraiment sous vos yeux entre les arbres du bord de la route ; elle est là, dans son écrin de verdure, paisiblement… 

Et, à l’arrière, dépassant légèrement de la toiture, on aperçoit celle à quatre pentes, en ardoises, du pigeonnier : en imaginant des tuiles romaines au lieu des ardoises, on reconnaîtrait le style italianisant de la propriété de la Garenne‐Lemot, près de Clisson.

 L’influence italienne à Plessé… 

Cette même influence que l’on retrouve un peu plus loin au‐delà de Beaudouan, dans les bâtiments anciens de la ferme de Sainte‐Angèle que vous apercevrez sur votre gauche.

5. À L’Angle, le puits St‐Pierre 

Un peu d’histoire: le château de Carheil, au temps de son habitation, nécessitait un nombre important de personnes au service de ceux qui y vivaient (cuisiniers, femmes de chambre, jardiniers, personnel d’entretien…). 

Beaucoup habitaient L’Angle ou Le Landron, villages les plus proches.

 Au début du 20ème siècle, la marquise de La Motte connaissait les difficultés des villageois à s’approvisionner en eau pendant l’été, car leurs puits étaient régulièrement à sec. 

Elle décida donc de faire creuser un puits, en bordure du Bois de Carheil, entre les deux villages. 

Et c’est ainsi qu’est né le « puits St‐Pierre », car décoré d’une statue de Saint Pierre. Après la disparition de celle‐ci, en 1939, une statue de Moïse, l’a remplacée dans la niche au‐dessus de l’entrée du puits. 

Pour mémoire, Moïse était un personnage biblique qui conduisit le peuple hébreu hors d’Egypte, pour revenir dans son pays d’origine, la « Terre Promise ». 

Or, lors de la traversée du désert du Sinaï, le peuple manqua d’eau et récrimina contre son chef. Moïse, demandant l’aide de Dieu, reçut l’ordre de frapper le rocher d’où il haranguait son peuple ; ce qu’il fit aussitôt et, miracle !, une source jaillit. 

Pour en revenir à la statue, Moïse est bien reconnaissable au fait qu’il porte fermement sur son bras gauche les Tables de la Loi : les « Dix Commandements » ; pendant que de sa main droite, il tient le bâton dont il vient de se servir pour frapper le rocher, d’où jaillit la source. 

Le puits aujourd’hui, après sa toute récente rénovation : le puits a été longtemps en piteux état abandonné, car devenu inutile depuis que le service de distribution publique d’eau potable dessert les deux villages. 

Mais au printemps 2020, à l’initiative de l’association « Mémoires d’un pays », l’ASL du domaine de Carheil, propriétaire du monument, avec le concours de la municipalité de Plessé, a décidé la restauration de ce monument emblématique de la commune pour que le puits retrouve son rôle de témoin d’une vie, certes révolue, mais chargée d’une histoire rappelant le trait d’union entre Carheil, L’Angle et Le Landron.

Les choses vont alors très vite : ‐ Les travaux de la toiture (charpente et couverture) sont confiés, après devis, à des artisans de Plessé ; 

pour la couverture en ardoises, nous souhaitions une rénovation à l’identique de la 1 construction d’origine avec des ardoises clouées, mais entraînant un surcoût par rapport à des ardoises fixées par des crochets. 

Nous lançons alors un appel au don auprès des habitants des deux villages de L’Angle et du Landron (80 maisons) qui a permis, avec la collecte reçue, de choisir des ardoises clouées. 

‐  La reprise de murs est l’affaire du groupe « 3P » de l’association « Mémoires d’un pays », bien conseillé par un artisan de Plessé.

 ‐ Nous avons aussi reconstitué le talus bordant la route puis planté des végétaux apportés de nos jardins, grâce au concours de deux agriculteurs venus avec leur tracteur nous aider à débroussailler puis apporter terre végétale et copeaux de bois pour le paillage ; dans le même temps, nous avons abattu un énorme peuplier situé derrière le puits et qui le menaçait. 

‐ Un habitant du village s’est proposé pour fabriquer la grille de protection du puits. 

‐ Le mécanisme permettant, à nouveau, de puiser de l’eau a été remis en état par l’un d’entre nous. 

‐ La statue de Moïse a été nettoyée et repeinte par l’une d’entre nous ; de même que la petite grille de protection qui a été décapée, consolidée, traitée et repeinte du même coloris que la grande grille du puits.

‐ Sans oublier, fournis par les services techniques de la mairie, le seuil de pierre d’ardoise à l’entrée du puits et un morceau de grille de l’église de Plessé pour les besoins de la grille de protection. 

‐  Et… Le 30 avril 2021, les travaux sont terminés ! 

Ils ont été possibles grâce à une belle équipe passionnée et compétente d’une trentaine de personnes. Les noms de chacune et chacun sont inscrits sur un manuscrit que nous avons enroulé et placé dans une bouteille de verre, fermée avec un cachet de cire puis scellé, quelque part dans le mur du monument. 

Dans 120 ans ou plus, nos successeurs… 

Enfin, en septembre 2021, les alentours du puits St‐Pierre ont été aménagés avec un dallage de pierre bleue de Nozay et agrémentés d’un banc, en schiste lui aussi, invitant à s’asseoir et causer.

6. Fontaine de Saint‐Clair 

Blottie sous la végétation, à l’écart du chemin de halage longeant le canal et au pied du roc qui portait autrefois le château‐Sé et la chapelle Saint‐Clair, la fontaine de Saint‐Clair mérite d’être mieux connue car elle a une place prépondérante dans ce lieu. 

Même si nous disposons de bien peu de renseignements sur son histoire, ce qui suit s’appuie sur quelques convictions, à défaut de certitudes ! : 

Mais d’abord, quelques rappels : Saint Clair, premier évêque de Nantes vers l’an 280 quitta la ville en raison des persécutions et sur son chemin d’exil, s’arrêta en particulier ici, au bord de l’Isac. 

Sa renommée puis la dévotion à sa personne étaient fondées par le sens propre de son nom : « Clair », c’est celui qui fait voir clair !

 Et donc, c’est pour cela qu’on l’invoquait spécialement pour obtenir la guérison des maladies des yeux. 

Lors de cette invocation, un rite particulier l’accompagnait, celui de se laver les yeux avec l’eau de la fontaine. 

Et c’est ainsi que cette tradition s’est perpétuée au long des siècles et jusqu’à récemment encore.

 Sur la localisation d’une fontaine antérieure à l’actuel petit monument, celle‐ci a bien existé, mais où était‐elle implantée ? 

En tout cas, a priori pas dans l’enceinte du château‐Sé haut perché sur son socle rocheux, mais, très vraisemblablement, ici, à proximité de l’Isac. 

La fontaine actuelle est située entre le chemin de halage et, au‐dessus d’elle, la route bordée de maisons du village de St‐Clair le reliant à celui de l’Angle. 

Elle a été bâtie en 1862 par un dénommé Joseph Guiho de Calan et, fait important, à l’époque où le cours naturel de l’Isac subissait de profonds aménagements pour en faire le canal d’aujourd’hui, reliant Nantes à Brest. 

Le monument lui‐même est solide, composé  ‐ murs et toiture‐ de pierres locales et liées par un mortier de sable et chaux.

Remarquer justement l’originalité de la toiture qui assure une bonne étanchéité et la solidité de l’ensemble de la structure.

 Au‐dessus de l’accès au puits lui‐même, la seule fantaisie du monument est cette niche en plein cintre montée en pierre de tuffeau où se trouve gravée une phrase, pas très lisible, mais nous y reconnaissons le nom de Saint Clair et la date de 1862 correspondant à son année de construction. 

Dans la niche, une statue de la Vierge Marie dans la version des apparitions de la Vierge à Paris en 1830, et dont la dévotion est toujours bien vivante dans la chapelle parisienne de la Médaille Miraculeuse.

 Telle qu’elle est, pas trop loin de maisons d’habitation dont les plus anciennes peuvent être de la même époque, on peut imaginer que les habitants venaient y puiser l’eau parce qu’elle était renommée pour ses vertus de soigner les yeux ; mais aussi tout simplement pour les besoins élémentaires de la vie quotidienne ; c’était en effet un siècle avant que soit réalisé le réseau public de distribution d’eau potable et chaque maison ne disposait pas d’un puits particulier.

7. A St‐Clair, l’oratoire St‐Clair et la sculpture de Jean Mazuet 

Saint‐Clair, le lieu 

Remontons le temps: le canal de Nantes à Brest n’existe pas encore ; pas plus que la grande route qui descend de Plessé et, passant le pont, rentre à Guenrouët…

 Mais, une paisible rivière, l’Isac, sensible au mouvement des marées remontant par la Vilaine dans laquelle elle se jette près de Fégréac, contourne un énorme rocher sur lequel est bâtie la forteresse de Sé : nous sommes aux premiers siècles de notre ère ; les Romains occupent l’Armorique et les voies romaines se développent ; en particulier celle qui relie Blain à Port‐Navalo, traversant le territoire de Plessé, à Larré puis Rozay et, ici au bord de l’Isac.

 La forteresse domine la contrée et, bien sûr, contrôle le passage traversant la rivière… 

C’est au début du 4ème siècle que, Clair, le premier évêque de Nantes, fuyant les envahisseurs et leurs pillages dans la cité de Nantes pour se réfugier en Bretagne, fait étape ici, au château de Sé.

 Il poursuivra son chemin et mourra à Réguiny, une commune près de Pontivy, dans le Morbihan. Mais il laissera chez nous le souvenir de son passage puisque c’est ainsi que le lieu prendra plus tard le nom de « Saint‐ Clair ». 

Vers le 9ème/10ème siècle, une chapelle est construite près du château de Sé, où on y vénère évidemment la mémoire de Saint Clair. 

Au 19ème siècle, l’aménagement du canal de Nantes à Brest bouleverse le paysage : l’Isac est canalisée ; 

un pont est lancé entre les deux rives et le rocher est coupé en deux ! pour y faire passer l’actuelle route Plessé/Guenrouët. La chapelle tient encore, surplombant la route ; mais ce qui pouvait rester du château de Sé est démoli. 

Au 20ème siècle, la guerre de 1939/1945 fait rage et, en particulier les 10 mois de la Poche de St‐Nazaire, en 1944/1945, dont la frontière est ici le canal : le pont est dynamité, la chapelle également…


Etape n°8, statue de Saint Clair à St-Clair,

8. Carheil et son château 

Ou plutôt, le site du château de Carheil, 

car, du château lui‐même, il ne reste… rien ! 

Sinon son histoire, glorieuse ou mouvementée puis dramatique, alors que le lieu est occupé depuis les premiers siècles de notre ère ! : 

‐ Avant le IXème siècle, le site de Carheil était vraisemblablement utilisé comme forteresse (en langue celte, Car ou Kar signifie demeure fortifiée…), vu sa position naturelle dominant l’Isac, tout comme Château‐Sé (sur le site de St‐Clair) que nous avons expliqué précédemment. 

Ces deux sites, comme d’autres dans la contrée (Fresnay, L’Epinay, Trémart) subirent les invasions dévastatrices des Normands dans le début des années 900. 

En 936, la reconquête des territoires de la région par Alain Barbe‐Torte ramena une période de paix et de reconstruction. 

Cet élan fut anéanti pendant la Guerre de Cent ans dans les années 1337 et suivantes. 

Dans ce temps‐là, à Carheil, nous trouvons trace pour la première fois de la famille « de Carheil » qui occupera les lieux pendant cinq générations. 

‐ Au début du XVIIème siècle, par le mariage de Marie de Carheil à la chapelle de Carheil avec Jérôme du Cambout de Coislin en 1619, le château aura alors pour propriétaire la famille « de Cambout de Coislin », pendant six générations. 

La construction d’un nouveau château, immense, inspirée de celui de Versailles, durera une bonne dizaine d’années ! Une chapelle sera aussi édifiée, dont il reste encore aujourd’hui le porche principal, ainsi que les communs situés en contrebas et de part et d’autre de la façade Nord.

‐  En 1842, Carheil est vendu au prince de Joinville, fils de Louis‐Philippe 1er, roi des Français. Le château est alors considérablement modifié dans sa décoration intérieure et extérieure (en particulier la superbe terrasse qui domine l’Isac). 

Une nouvelle chapelle est construite en 1845, bénéficiant pour son aménagement et sa décoration du privilège d’être un monument royal et donc du concours d’artistes parisiens proches de la cour du roi et de la manufacture royale de Sèvres. 

Cet épisode fut de courte durée puisque la révolution de 1848 mit fin au règne de Louis‐Philippe dont la famille s’exila et Carheil fut vendu. 

‐ 1848, le baron Charles‐Maurice Gourlez de la Motte acquiert le château, qui restera dans cette famille jusqu’en 1923. 

C’est une séquence heureuse pour Carheil. 

Aux alentours, plusieurs moulins sont bâtis ; 

treize « métairies » (aujourd’hui, on parle de « fermes ») sont créées pour mettre en valeur bois et terres dont neuf portent, chacune, le prénom d’un enfant de la famille (Ste Pauline, St Maurice, Ste Anne, etc…). 

La marquise de la Motte a laissé le souvenir d’une grande humanité, dans une réelle proximité avec les habitants : elle est, par exemple, à l’initiative de la construction vers 1900, du puits St‐Pierre à L’Angle où les habitants manquaient d’eau l’été.

 La rando vient de vous la faire découvrir ‐  En 1923, le château est acquis par le comte Jacques Armand et à son tour, celui‐ci apporte sa contribution à la modernisation du domaine : construction d’un château d’eau, d’une éolienne ; l’espace devant la façade Nord du château est réaménagé avec la participation, en particulier, du paysagiste nantais renommé, Michel Bonnet.

‐ En 1942, le château change à nouveau de propriétaire : M. Lefièvre et ses héritiers, la famille Lefèvre‐ Utile (LU), garderont le domaine jusqu’en 1973.

‐ Deux années noires marquent l’histoire récente du château de Carheil :

 en 1945, fin de la deuxième guerre mondiale, avec la Poche de St‐Nazaire où s’étaient retranchés des éléments de l’armée allemande : le château se trouve dans la zone‐tampon entre, d’un côté, le territoire toujours occupé par les Allemands (côté Guenrouët) et, de l’autre, celui libéré en 1944 (côté Plessé). 

Dans cette zone, es habitations et les fermes ont été évacuées pendant tout le temps de la Poche en raison des combats qui font rage. 

Et le château est tour à tour occupé, libéré, pillé, squatté. 

Un incendie y est allumé le 10 janvier 1945 et embrase tout le monument. Il ne reste plus alors que les murs principaux calcinés, dont la structure de la petite fenêtre de la façade Sud ménagée dans la toiture qui a longtemps dominé les ruines. 

Et, en 1974, dans le cadre d’un projet mégalomane de complexe hôtelier de luxe (qui ne verra jamais le jour), la ruine du château est complètement rasée. 

‐ Donc, en 1973, l’ensemble du domaine (la ruine du château, ses dépendances, la chapelle et le bois qui les entoure) est acquis par un promoteur immobilier. 

Les nouveaux habitants du domaine constructible, se constituent en une ASL (Association syndicale Libre). Celle‐ci gère le domaine, veille à l’entretien des espaces communs et, avec l’ACCP (Association des Amis de la Chapelle de Carheil de Plessé) ouvre régulièrement la chapelle aux visiteurs. 

Alors, Passants, rêvez !.. 

Heureusement, la chapelle du château, intacte et préservée de l’incendie, est toujours là. 

Construite en 1845‐1846, elle méritait amplement sa toute récente et superbe restauration. 

Elle est ouverte aux Journées du Patrimoine et aussi à la demande pour des visites de groupes, permettant ainsi d’admirer ses oeuvres d’art, en particulier, les vitraux dessinés par le peintre Ingres. 

La chapelle a été classée Monument historique en 1981 Restent aussi les jardins « à l’Italienne » qui relient la terrasse  ‐où se trouvait le château‐ au canal, aménagés sur le terrain qui a une forte déclivité ; les allées, les plantations, deux pièces d’eau, la décoration d’une fontaine… rappellent le style italien des jardins de Boboli à Florence en Toscane.

9. Riavaux 

Voici Riavaux ! Dont l’histoire nous raconte que la Vierge Marie est apparue ici vers le 10ème ou 11ème siècle : elle a souri aux voyants dans ce lieu‐dit initialement appelé Vau ; ce qui a ensuite donné le nouveau nom de « Riavaux », puisque la dame a « ri à Vau » ! CQFD… 

Quoi qu’il en soit, c’est là, depuis la nuit des temps, un lieu de pèlerinage.

 Même le duc de Bretagne Jean V, le grand‐père d’Anne de Bretagne, est venu le 20 septembre 1420, remercier le ciel d’avoir eu la vie sauve lors d’un combat dans la région. 

Le couplet d’un cantique ancien chante ainsi le fait ducal : « Avec Jean V, à l’âme fière, La Bretagne est venue ici. Bretons, à la foi séculaire, Comme nos aïeux, nous voici ! » 

La fontaine est le lieu des apparitions où les habitants du voisinage sont venus longtemps s’approvisionner en eau. 

Une autre tradition, qui se transmet encore chez les jeunes générations ? : tenter de jeter un petit caillou dans le trou du mur du puits qui sert à évacuer le trop‐plein d’eau, sans trop se pencher au‐dessus du vide. 

Il faut réussir dès le premier coup et dans ce cas, c’est son mariage assuré dans l’année. 

La fontaine a été rénovée en 1983 par des habitants de « Grâce », accompagnés par leur curé, l’abbé Henri Maillard, en 1976 

Quant à l’oratoire, il a été construit en 1921, à l’initiative du curé de l’époque, M. Renaud. Ses murs intérieurs conservent plusieurs ex‐votos posés en reconnaissance à « Notre Dame de Riavaux ». 

Les deux bancs permettent aux personnes, pendant l’été, une halte bienvenue pour reprendre souffle, avant de remonter la côte de Riavaux… 

Le lieu est bien entretenu par des personnes des alentours.

10. À Notre Dame de Grâce, le tympan de l’église sculpté par Jean Mazuet 


Etape n°11, fronton de l’église de Notre Dame de Grâce, commune de Guenrouët,

Le monument 

L’église actuelle de Notre Dame de Grâce a été construite à l’emplacement d’un monument néo‐ gothique du 19ème siècle qui fut bombardé par les Américains pendant la Poche de St‐Nazaire. 

La construction s’est échelonnée autour de l’année 1950 puis son inauguration en juin 1952. 

Bien qu’elle ait été classée « Patrimoine du 20ème siècle » en 2015, elle est très injustement méconnue et quasiment ignorée des guides et revues touristiques de la région !   

Car, outre le sculpteur Jean Mazuet, auteur du tympan qui décore sa façade principale, ce sont quatre de ses confrères‐artistes qui ont œuvré à l’intérieur du monument. 

Et le résultat est là, avec une belle unité d’ensemble. 

Citons d’abord Pierre Bouchaud qui a aussi côtoyé Mazuet à Plessé (les fresques de la chapelle de l’hôpital et le dessin de la fontaine de Larré, c’est lui) ; 

ici, il a peint l’immense fresque du mur‐pignon au fond du chœur, ainsi que, gravé dans le ciment frais, les quatorze stations du chemin de croix avec des extraits d’un texte de Paul Claudel et, sur les murs latéraux du chœur, des scènes de la vie de la Vierge.

 Gabriel Loire, maître‐verrier, est l’auteur des vitraux réalisés en dalles de verre serties dans le béton ; il est aussi l’auteur du baptistère ; 

G. Loire a aussi œuvré à Guenrouët : l’église St‐Hermeland et la chapelle St‐Sébastien dansle hameau de Bolhet. 

Ensuite, Jean Fréour a sculpté les trois ensembles statue + bas‐reliefs pour trois petits autels latéraux dans la nef ; il n’a pas pu effectuer le quatrième ensemble.

 Enfin, Robert Peschoux a sculpté pour l’autel principal, la pierre centrale qui porte la table et représentant deux paons s’abreuvant dans un calice.

Citons, pour la maîtrise d’ouvrage de l’église, pour être complet et leur complicité, le maire de Guenrouët (dont dépend la section de commune de N.D. de Grâce), M. André Caux et le curé de N.D., M. l’abbé Raymond Blanconnier. 

Et pour la maîtrise d’œuvre, l’architecte Georges Ganuchaud. 

La sculpture de Mazuet 

Au tympan de la façade, donc, voici une représentation de la dormition de la Vierge Marie et son couronnement au ciel.

 Jean Mazuet a sculpté ce chef d’œuvre daté de 1951, sur une proposition de… Pierre Bouchaud. 

Dans un grand triangle, deux scènes sont bien lisibles et dans le style « Mazuet » qui, pour vous maintenant, est plus facilement reconnaissable : 

‐ au registre inférieur, c’est la dormition de la Vierge : Marie repose sur son lit de mort ; deux anges tiennent son linceul ; elle est entourée de dix apôtres avec le premier d’entre eux, Pierre, reconnaissable à la clé qu’il tient dans la main gauche alors qu’il bénit Marie de sa main droite.

 ‐ Le couronnement de Marie au ciel, est au registre supérieur : le Christ est placé derrière sa mère pour déposer la couronne sur la tête de celle‐ci. 

Les deux personnages sont placés dans une mandorle ; ce mot, qui veut dire ‘amande’ en Italien, désigne le cadre en forme d’amande (ici modernisée) et qui entoure, souvent dans l’art roman, la représentation du Christ pour exprimer sa majesté et son autorité.

 Ici, Mazuet, sans grand doute, conseillé par Bouchaud, ajoute au Christ, sa mère, pour l’associer à sa gloire.

Le cortège des anges musiciens et la banderole déroulée sur laquelle des paroles de l’hymne latin « Ave Regina caelorum » « Salut, Reine du ciel », accompagnent et relient les deux scènes. 

Manque seulement d’entendre la musique ! Remarquez le souci du détail de chacun des anges jouant d’un instrument de musique ou chantant en tenant sa partition.

11. Ferme de Sainte‐Pauline 

D’abord, regardez ! 

Oui, prenez le temps de regarder la maison d’habitation de la ferme de Sainte‐ Pauline : dans son environnement de chênes séculaires, entourée de ses bâtiments et constructions qui révèlent le type d’exploitation de la famille d’agriculteurs qui y habite, on sent bien aussi le désir d’entretenir un cadre de vie agrémenté…

 Avec ses murs composés de pierres d’une belle unité de couleur (un beige caramel au ton chaud), ses ouvertures ‐portes et fenêtres‐ aux linteaux cintrés, la maison est là, sereine, comme hors du temps, vivante et accueillante ! 

Dans l’histoire de Plessé, Sainte‐Pauline est l’une des treize « métairies de Carheil », construites fin 19ème/début 20ème siècle, sur la commune de Plessé, bien sûr, mais débordant aussi sur Notre‐ Dame‐de‐Grâce en Guenrouët, jusqu’aux moulins de Haut‐Breil. 

La famille de la Motte en avait nommé neuf du prénom des enfants ; cela donnant, sur Plessé : Sainte‐Adeline, Saint‐Alfred, Saint‐Charles, Saint‐ Gaston, Saint‐Joseph et Sainte ‐ Pauline ; sur Notre Dame de Grâce : Sainte‐Anne, Saint‐Maurice et Saint‐Raoul. 

Leurs maisons d’habitation respectives montrent encore pour la plupart, que leur construction associait la fonctionnalité de l’époque et le souci esthétique propre à chacune.

 La ferme de Ste‐Pauline en est un bel exemple.

 A titre de comparaison, les maisons de St‐Raoul et de Ste‐ Adeline, toutes proches, ont, elles aussi, un beau cachet, tout différent.

12. À Larré, la quatrième sculpture de Jean Mazuet 

Larré, le lieu : avec le menhir de la « Pierre folle » près de Saint‐Clair et le tumulus de Rozay, c’est peut‐être aussi à Larré qu’ont vécu les premiers habitants de la région de Plessé aux temps de la Préhistoire. 

En tout cas, c’est là que l’on a localisé un tumulus, ainsi qu’un menhir renversé, appelé la « Pierre de Bandonnet », une pierre de quartzite de 2,33m de haut, 1,66m de large et 1m d’épaisseur. 

Plus près de nous, c’est une voie romaine qui passait tout près, qui est aujourd’hui la route Blain/Redon; la même dont nous avons parlé pour Rozay. 

Dans les mêmes temps, une villa, c’est à dire un grand domaine englobant un village, des terres, des bois et des dépendances, englobait vraisemblablement Larré : c’est l’origine du nom de la Ville Dinais, qui dénomine encore aujourd’hui cette petite contrée, y compris la zone artisanale, route de Savenay !

 Au 17ème siècle, il y avait encore à Larré, sur la butte au‐dessus de l’actuelle fontaine, une chapelle dans un enclos qui incluait aussi un cimetière : la croix que nous voyons aujourd’hui est à peu près à l’emplacement de cette chapelle où tous les ans, se déroulait une foire sous l’autorité du seigneur de Carheil. 

Pour des raisons que nous ignorons, Larré s’est ensuite bien réduit : les deux moulins ont disparu ; il ne reste aujourd’hui que des maisons dispersées ; mais la fontaine est toujours là, reconstruite en 1954.

La fontaine et sa sculpture de J. Mazuet : 

La fontaine a été bâtie pour l’année mariale 1954, à l’initiative du curé de Plessé, l’abbé Fraboul, comme l’oratoire de Saint‐Clair. 

Et, sans grand doute, à l’endroit d’un précédent monument qui faisait partie d’un même ensemble avec la chapelle et son cimetière. 

Nous n’avons pas encore de renseignements sur cette précédente fontaine… 

La forme retenue pour la construction de cette fontaine « bretonne » a pour origine le dessin qu’avait présenté Pierre Bouchaud, un prêtre du diocèse de Nantes, enseignant les arts plastiques à l’Externat des Enfants Nantais.

 Issu d’une famille d’artistes, Pierre Bouchaud s’est, en particulier, formé à l’art de la fresque à Florence en Italie… 

Quant aux matériaux utilisés, nous savons que les pierres apparentes, en granit, proviennent de la chapelle de St‐Clair qui avait été dynamitée par l’armée allemande pendant l’hiver 1944/1945 ! 

Ce qui prouve que les monuments de St‐Clair et Larré ont un vrai lien entre eux et pas qu’historique ! 

Et en 2020, lors de la rénovation de la fontaine, l’association « Mémoires d’un pays » a d’ailleurs procédé exactement de la même manière, en installant avec le service technique de la mairie de Plessé un seuil, en granit lui aussi, provenant de la cure de Plessé, l’actuelle médiathèque !

 Ici, à Larré, Mazuet a représenté une des apparitions de la Vierge à Lourdes en 1858 : celle où elle demande à Bernadette Soubirous de gratter le sol, ce qui déclenchera le jaillissement d’une source.

Comme à Saint‐Clair, le style de Mazuet se reconnaît bien, en particulier dans la représentation de la Vierge : son visage paraît triste, mais doux et elle esquisse un sourire. 

Quant à Bernadette, bien que toute affairée à la demande de la Vierge, elle tourne la tête vers Marie, laquelle l’invite à boire l’eau de la nouvelle source. 

Mais ça n’est pas que la tête de Bernadette qui est tournée, c’est tout son être qui en est véritablement retourné ! Pendant bien des années, la paroisse de Plessé venait en procession depuis le bourg vénérer la Vierge Marie, en particulier le jour du 15 août, voire aussi le 8 septembre.

13. Dans l’église Saint‐Pierre et Saint‐Paul de Plessé, 

La statue de Saint Clair se trouve dans la chapelle à droite du chœur de l’église : datant du XVème siècle, elle était à l’origine à l’intérieur de la chapelle du village de Saint‐Clair, un monument préroman qui a été dynamité par l’armée allemande en 1945. 

Et dont aujourd’hui, il ne reste plus aucune trace. 

La statue est ainsi le seul vestige de cette chapelle. Après la guerre, la paroisse de Plessé a fait construire l’oratoire actuel, toujours dédié à Saint‐Clair, avec la sculpture de Jean Mazuet.

13. Dans l’église St‐Pierre et St‐Paul de Plessé, 

Le monument aux morts 1914‐1918 situé à l’intérieur cette église de Plessé, dans la chapelle dite « de La Rochefoucauld‐Bayer », est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté préfectoral du 3 septembre 2015, après la proposition favorable de la Conservation départementale des Antiquités et Objets d’Art de Loire‐Atlantique du 16 mars 2015. 

Cette inscription porte sur l’ensemble de la décoration de la chapelle : sculpture, lambris où sont gravés 124 noms de morts à la guerre et grille d’entrée, composée de plâtre moulé ou marbre de Carrare non poli, bois sculpté, fer forgé. 

L’ensemble date du début des années 1920. 

Le sculpteur Jules Déchin, originaire de Lille, est l’auteur de la pièce monumentale, le monument aux morts, daté de 1925. 

Celui‐ci représente la résurrection de Lazare par Jésus, ainsi que le raconte Saint Jean dans son Evangile au chapitre 11, versets 1 à 43. 

La scène sculptée nous montre l’instant où Jésus vient de crier « d’une voix forte : « Lazare, sors ! ». Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d’un linge. 

Jésus dit aux gens : « Déliez‐le et laissez‐le aller ! ». Ainsi, nous voyons Jésus qui, de sa main droite ouverte et dressée vers le ciel, a appelé Lazare ; son geste, tout aussi éloquent que sa parole, appelle fermement Lazare à se relever. 

Celui‐ci, alors que sa main droite, crispée, est encore accrochée à la terre, a la main gauche, ouverte, irrésistiblement tendue, elle aussi, vers le ciel ; et il sourit !

 Le troisième personnage de la scène est Marthe, la sœur de Lazare, encore écrasée par le poids de sa douleur et s’appuyant sur un quatrième personnage, ange ou enfant ? qui semble implorer Jésus. 

Le message de ce monument est bien sûr d’exprimer l’espérance chrétienne dans la résurrection et la vie qui n’a pas de fin.

Ce monument fut commandé par la famille du comte François de La Rochefoucauld, maire de Plessé de 1900 à 1919 ; 

ainsi que le rappelle le panneau sur le mur droit de la chapelle au‐dessus de la grille de fer forgé. 

L’abbé Mathurin Gauffriau, curé de la paroisse de 1893 à 1930, avait donné son accord. 

Pour mieux comprendre cette sculpture, il est important de la replacer dans le contexte de l’époque, soit immédiatement après l’immense traumatisme collectif de la guerre 1914/1918 :

 Sur la seule commune de Plessé, c’est toute une génération de jeunes hommes qui a été décimée : les monuments aux morts du Coudray, du Dresny et de Plessé nous rappellent le nombre total de 246 « Morts pour la France » ! 

Notons aussi que cette période de l’histoire faisait suite à un autre traumatisme que fut la loi de séparation des Eglises et de l’Etat puis ses conséquences dans son application : saisie des biens du clergé, expulsions, etc… 

Dans les années 1920, la France est alors un véritable chantier collectif de reconstruction nationale et pas que matérielle ! 

Car aussi de pacification des consciences. 

Pour cette entreprise, toute la population dans sa diversité est associée. 

A Plessé, la municipalité et la paroisse s’inscrivent bien dans ce mouvement et un monument aux morts dans l’église en est un vrai symbole ! 

Pour les habitants de Plessé, où les clivages idéologiques existent aussi, le mot d’ordre est l’unité et chacun est invité à retrousser ses manches. 

La jeunesse est particulièrement ciblée. Les associations, œuvres et mouvements vont se développer : la « Société d’éducation populaire de Plessé » en est un bon exemple avec des activités comme le théâtre et la fanfare, alors que les écoles catholiques connaîtront un grand développement. 

La confrérie « Notre Dame du Perpétuel Secours » en est également une autre illustration : c’est une œuvre de solidarité entre ses membres et qui apporte autour d’elle de l’entraide et du soutien aux personnes malades ou fragilisées.